SUD QUOTIDIEN – 15 parlementaires pour la diaspora… Tout à fait légitime, disent les uns. Pour les autres, ce ne serait ni plus ni moins que dépenses inutiles, au mépris de certaines priorités, et «politique politicienne», de la part d’un chef de l’Etat qui chercherait à la fois à «se faire réélire en 2019», et à «amadouer la diaspora». Sans oublier que, selon la Représentante du Parti démocratique sénégalais (Pds) aux Etats-Unis, Ndèye Fall, la question serait plus ou moins en train de «diviser la diaspora».
15 députés pour la diaspora…Voilà qui ne fait évidemment pas que des heureux. Certains se disent même absolument contre l’idée, avec l’air de dire que 150 députés, c’était déjà un peu trop, et que les 15 élus de la diaspora ne feront pas autre chose que créer des dépenses inutiles. Exemple avec quelqu’un comme Souaibou Amar, membre du Parti démocratique sénégalais aux Etats-Unis : «Je ne suis vraiment pas d’accord avec tout cela, et je ne pense même pas que ce soit une bonne chose, parce que, avec ce que coûteront ces députés, les salaires et les 4×4, c’est du gâchis, sans parler de tous ces élus qui dorment à l’Hémicycle….» Notre interlocuteur pense, à ce sujet, qu’il aurait peut-être fallu ramener «le nombre total de députés à 120 élus», ceux de la diaspora inclus, parce que cet argent aurait pu servir à autre chose : entre «les hôpitaux, ces zones où il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, pas de dispensaire, pas de fournitures scolaires pour les élèves… »
15 députés supplémentaires, un projet budgétivore, de l’argent jeté par la fenêtre ? Certainement pas répond Abdou Diallo, le Coordonnateur fédéral de l’Alliance pour la République (Apr) : «Ceux qui parlent de cette façon-là ne réfléchissent peut-être pas : nous sommes des Sénégalais comme les autres. Et quand on y pense, la « petite » diaspora dont on parle, avec toutes les ressources qu’elle apporte au Sénégal, mérite d’avoir ses propres députés, ce qui devrait nous encourager à investir dans l’immobilier, à travailler pour le pays. Il arrive par exemple qu’un immigré veuille construire une maison et qu’il envoie de l’argent à un proche, pour les travaux, et que ce proche-là utilise cette somme à d’autres fins. Et il serait heureux justement, que pour des cas comme celui-là, il y ait quelqu’un pour nous représenter à l’Assemblée nationale. »
De 150 députés, notre Assemblée nationale va donc passer à 165 élus, et pour Souaibou Amar, ce n’est pas autre chose que «de la politique politicienne de la part de Macky Sall, qui cherche surtout à se faire réélire en 2019».
Idem pour sa sœur de parti, Ndèye Fall. Même si, précise-t-elle, les chiffres ne la dérangent pas plus que cela, mais encore aurait-il fallu y mettre les formes : «La diaspora mériterait plus de 15 députés, mais je ne suis pas d’accord avec la façon dont se passent les choses. Je pense surtout que MackySall fait de la politique, et que la question ne l’intéresse pas vraiment. En fait, il cherche surtout à amadouer la diaspora. L’autre problème, c’est que cette question est plus ou moins en train de diviser la population sénégalaise ici aux Etats-Unis, parce que tout le monde a aujourd’hui l’ambition de représenter la diaspora à l’Assemblée nationale. Qu’on fasse d’ailleurs très attention, nous autres de la diaspora, parce que nous ne savons pas selon quelles modalités et sous quelles conditions on nommera ces députés qui nous représenteront ».
