Débile par Godlove Kamwa

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Au moment où la dernière âme de la morale d’Etat portée par un héros universel disparaissait Jeudi dernier, discours et verbiages de tous les exégètes flagorneurs se reproduisaient en France au nom d’un sommet sur la paix et la sécurité. La disparition de Mandela n’a pas heurté un tantinet ceux qui regardent hypocrite, l’Afrique saigner et s’humilier. Même pas le tchadien déclaré coresponsable de la catastrophe centrafricaine. Comme des moines préparés à ne jamais être leurs propres maîtres, ils se sont pliés aux formalités d’usage. Personne n’a manqué la honte de saluer la mémoire de Nelson Mandela, qui leur aurait certainement posé la question de savoir ce qu’ils faisaient à l’Elysée.
De l’OUA à l’UA, des innovations auraient pu rattraper le rêve de 1963, mais encore a-t-il fallu hélas compter avec les égos nationaux, le complexe occidental, l’astuce courtisane de l’Asie et la léthargie maladive des dirigeants. La déconstruction critique du conseil de paix et de sécurité suffit à consolider la sujétion du continent et la cristallisation de son unité proclamée. C’est connu. Les prélèvements sur le budget de l’Union Africaine et les contributions volontaires ne suffiront jamais à couvrir les besoins en matière d’opérations de paix dit-on supérieurs aux capacités des Etats déclarés pauvres dans leur belle majorité. Le budget 2010 de l’UA d’environ 200 millions de dollars a été financé à 75% par 5 pays africains : La Libye de Kadhafi, l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte. Les opérations de maintien de la paix qui représentaient 77% du budget total ont été financées par ces joueurs du casino géopolitique qu’on appelle partenaires au développement et notamment l’Union Européenne. Cette dernière frôle en 2013 la barre de 98% dans les financements des mêmes opérations au moment où les contributions des Etats membres en font moins de 50%. Ils sont allés à Paris se mentir : L’Afrique doit prendre elle-même sa sécurité en main. Pourtant l’opérationnalité de la force pré positionnée, le pilier militaire de l’architecture de paix, a été reportée à 2015 faute de moyens. Le Mali et la Centrafrique ont fini de montrer leurs limites. Des limites intelligibles quand on compare une contribution aux forces de la CEDEAO avec les trésors du sous-sol ou avec l’achat d’un véhicule présidentiel à un milliard de FCFA à Lomé, bien entendu aux frais du contribuable. Pour la petite histoire, une récente réparation de la fameuse Maybach a été estimée 200 millions de FCFA. Vrai ou faux, les limousines blindées de Stella Oduah la ministre nigériane de l’aviation pour près de 2millions de dollars ou encore les vacances du prince camerounais avec une cinquantaine de personnels à la Baule contrastent avec le manque de logistique des armées nationales. Le soleil se lèvera bien tard chez nous s’il apparaît un jour. L’Afrique tend la main alors que la banque africaine de développement fait Etat de plus d’un million de dollars lui appartenant dans les institutions étrangères, sans compter le double qui sort chaque année par des voies illicites. Bonne gouvernance n’étant plus qu’une expression de passe chez les bailleurs.
L’indépendance des décisions politiques reste dès lors biaisée quand elles ne sont pas prises en dehors du continent. Le malaise coup de gueule de IBK au sujet de Kidal ne pèse pas un fétu. Paris garde 2 fers d’amitié au feu, l’un pour le pouvoir malien et l’autre pour la rébellion avec qui elle a des relations de longues dates. Ouagadougou n’était donc qu’une farce et Bamako ne vient que de s’en rendre compte. Pourquoi le contribuable africain dut saigner 1,3 millions de dollars pour la célébration du cinquantenaire de l’UA alors que rien ne garantit la valeur des résolutions à Addis Abeba. Tout vient de Paris. Exemple: Les chefs d’états-majors des pays de l’Afrique australe et des Grands Lacs ont recommandé en vain le remplacement de l’éternelle mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (monusco) par une force africaine. Faisons grâce de l’épouvantable bilan de cette monusco. C’est que L’UA bénéficie de la coopération d’organisations multilatérales et des puissances internationales dont la contribution à la résolution des conflits est plus fonction de leurs intérêts que de l’agenda sécuritaire de l’union. Les forces françaises à Bangui ne sont qu’un sédatif puisqu’une fois qu’une patrouille tourne le dos, la violence reprend de plus belle. Non seulement, les hommes de Yves Le Drian ne pourront pas s’éterniser sur le terrain mais encore faut-il payer la facture. Donc, la solution est ailleurs et en attendant, la contrepartie sera tout à fait compréhensible. Convoiter l’uranium de Kidal ou le diamant de Djotodia devient une suite évidente. L’alarmante intervention de l’OTAN en Libye parle d’elle-même. L’écrivain Naim Ameur conclut qu’en réalité, les enjeux dépassent le cadre humanitaire : C’est de l’or noir qu’il s’agit. Dans la suite logique des choses, à l’occasion du cinquantenaire de l’Union, le seul dirigeant européen présent dans la tour que la Chine a construite à Addis-Abeba pour nos valeureux Chefs d’Etat était François Hollande.

Peut-on savoir pourquoi les Etats Unis établissent en 2008 le commandement pour l’Afrique Africom ou des partenariats militaires seulement avec des pays individuellement sans soutenir la moindre initiative de l’Union Africaine. Quel intérêt le monde a-t-il à voir l’Afrique Unie si ce n’est de flatter les égos des politicards qui la dirigent pour mieux la spolier ? La géopolitique échappe au syndicat des Chefs d’Etats africains si bien qu’ils applaudissent la prorogation de la mission des nations unies en Côte d’ivoire après tout ce qu’on sait. Comme le ridicule ne tue pas, le centrafricain Nicolas Tiangaye envie ce tableau empoisonné. N’auraient-ils pas tous eu l’indépendance trop tôt? A la différence du conseil de sécurité de l’ONU sur lequel l’instrument africain est calqué, le conseil de paix de l’Union Africaine n’admet pas de veto mais juste s’en faut. Les rivalités entre l’Afrique du Sud et le Nigéria qui se disputent le leadership continental ne sont pas sans corollaire tout comme la concurrence linguistique entre anglophones et francophones qui a imposé un interminable délai de 6 mois pour porter Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la commission. Comme quoi, le panafricanisme de Jean Ziegler refuse toute idée d’assimilation, d’intégration à l’univers du dominateur. Ne comprennent-ils pas vraiment ou font-il semblant ? Sinon à quoi sert-il d’avoir 4000 km de frontière qu’on ne peut protéger dans ce Sahel infesté? Simplement parce qu’il est écrit que nul ne doit remettre en cause les frontières coloniales ? Et ce avec plus de facilités aux occidentaux qu’aux africains dans les aéroports entre ces frontières ? L’inverse n’existe pas. A quoi sert-il d’avoir un parlement africain de députés désignés plutôt que d’élus continentaux qui défendent les peuples? Une grosse bureaucratie qui réserve la primeur de sa communication aux medias occidentaux avec les effets qu’on ne présente plus. Et puis, depuis qu’on sait que ce continent se pénètre mieux par ce qu’on appelle société civile et dont on n’interroge jamais le fonctionnement, l’avenir est compromis. Que faisaient donc tous ces fils bantou à Paris ? Tous conscients que L’oiseau qui chante longtemps ne fait pas son nid ?

Godlove Kamwa
lagazette.sn

2 Commentaires

  1. Pour les constats, rien à dire. Pour les causes, il faut faire attention. Un exemple. Lorsque les rebelles ont pris le Nord du Mali, le pouvoir d’alors, même putschiste, a commandé des armes pour repousser les rebelles. Ces armes ont été bloquées aux Ports de Dakar et Abidjan. Pour les voisins africains, le Mali n’avait pas le droit de se défendre. Ou, alors, le pouvoir du moment n’a pas le droit de se défendre. Quand la CEDEAO a commencé à mobiliser des troupes et rechercher des financements, la France s’est précipitée pour envoyer ses troupes. Le faire valoir de l’ONU est venu après. Et rien n’a été bloqué par les voisins du Mali pour empêcher à la France d’aller au Mali. Conclusion le Mali n’a pas le droit de se défendre, c’est la France qui doit la défendre. Le Mali ne manquait pas de moyens de se défendre si ses armes n’avaient été bloquées, mais des complices de la France ont aidé à priver le Mali de moyens pour justifier dans les médiamensonges l’intervention de la France. L’Afrique ne manque de rien. Mais des complices de l’Occident à la tête de nos états sont prêts à cacher ou détruire les moyens de l’Afrique pour rendre (faussement) l’Occident indispensable.

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