Défi de la participation et du vote du « OUI » au référendum – Macky, à l’épreuve de Senghor et Wade!

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94,3 % de votants au référendum de 1963 pour une victoire à la « soviétique » du OUI à hauteur de 99,45 %, 95,2 % d’électeurs aux urnes pour 99.96% de OUI au référendum de 1970, 65,74 % de votants pour 94.0% de suffrages favorables au référendum de 2001. Le taux de participation des électeurs sénégalais, au scrutin du 20 mars prochain, risque de devenir un véritable défi pour le chef de l’Etat Macky Sall. Tout comme l’approbation populaire du projet de révision constitutionnelle. Pour cause, sans consensus, à l’épreuve d’un front manifeste du NON, et en froid avec des populations qui donnent l’impression d’avoir d’autres urgences, le corpus de réformes proposées en référendum ne semble pas parti pour connaître le même traitement que lors des scrutins référendaires sous Léopold Sédar Senghor et même Me Abdoulaye Wade. A moins que…

Formulée autour de 15 mesures, la réforme constitutionnelle décidée par le président de la République ne fait pas l’unanimité au sein de la société sénégalaise. En effet, la non prise en charge de la réduction du mandat en cours du président de la République, dans ce projet de réforme constitutionnelle, conformément à un avis du Conseil constitutionnel, a été mal perçue par une bonne partie de la classe politique et de la société civile qui appelle d’ailleurs à voter «Non», lors de ce référendum. Les tenants du refus accusent notamment le chef de l’État de s’être réfugié derrière l’avis du Conseil constitutionnel qui «ne lie pas» pour ne pas respecter l’engagement formulé lors de la campagne électorale de 2012 et réaffirmé par la suite à plusieurs reprises de non seulement réduire la durée du mandat présidentiel de 7 à 5 ans mais d’appliquer cette réduction au mandat en cours.

Les détracteurs du chef de l’État reprochent également à celui-ci d’avoir adopté une démarche solitaire dans le choix des 15 mesures de réformes constitutionnelle. Argument que réfute le camp présidentiel qui évoque pour sa part des concertations effectuées par la Commission de réforme des institutions (Cnri). Une commission dont le document final qui a été déposé sur le bureau du Président Sall, sert de socle au corps de réformes proposées au vote des Sénégalais, le 20 mars prochain. C’est donc dans ce climat que ces derniers seront d’ailleurs appelés à se prononcer pour ou contre la proposition des 15 mesures. Toutefois, il faut dire que dans l’histoire politique du Sénégal, indépendant, c’est la quatrième fois que le citoyen sénégalais est appelé à voter lors d’un référendum sur une réforme constitutionnelle après celles de 1963, 1970 et 2001. Tout comme les précédents référendums, l’enjeu de la consultation populaire du 20 mars prochain, au-delà de la question de la victoire du «Oui» ou du «Non», sera certainement celui du taux de participation.

REFERENDUM DE 1963 : DEPARTAGER SENGHOR ET MAMADOU DIA

Le référendum de 1963 fut la première consultation populaire organisée par le Sénégal indépendant. Il est intervenu suite à la crise de décembre 1962 qui avait opposé feu Mamadou Dia à feu Léopold Sedar Senghor, respectivement président du Conseil, chef du gouvernement, et le président de la République d’alors. Organisé le 3 mars 1963 par le Président Léopold Sédar Senghor, ce référendum visait l’approbation d’une nouvelle Constitution devant remplacer celle du 26 août 1960 qui était en vigueur jusqu’après l’éclatement de la crise entre les deux hommes. L’enjeu principal de ce nouveau texte fondamental résidait dans la suppression du poste de Premier ministre et l’établissement d’un régime présidentiel. Ce référendum se solda par une large victoire du OUI avec 1 155 077 voix, soit 99,45 % contre 6 349 voix soit, 00,55 % voix pour le NON. Le scrutin fut marqué par un taux élevé de participation. En effet, sur les 1 232 479 électeurs inscrits sur le fichier électoral, 1 162 060 suffragants soit 94,3 %, d’entre eux ont pu voter. A l’issue des dépouillements, le nombre d’abstention fut de 5,7 %, soit 70 419 Sénégalais qui n’ont pas voté.

REFERENDUM 1970 : LA PORTE DE LA PRIMATURE A ABDOU DIOUF

Le référendum de 1970 intervint sept ans après celui de 1963. Organisée par le même président Léopold Sédar Senghor, cette consultation visait l’approbation d’une nouvelle Constitution pour restaurer le poste de Premier ministre. Tenu le 22 février 1970, ce deuxième référendum de l’histoire politique du Sénégal indépendant s’est soldé tout comme le premier par la victoire du OUI. Dans leur grande majorité, les Sénégalais s’étaient non seulement massivement mobilisés mais avaient largement approuvé la proposition de restauration du poste de Premier ministre. En effet, sur les 1 329 701 électeurs inscrits, 1 266 381 d’entre eux s’étaient rendus aux urnes, soit 95,2 % contre 63 320 électeurs qui n’avaient pas effectué le déplacement soit 4,8 % du stock électoral. Après dépouillement, le OUI remportait la mise avec 1 261 580 voix, soit 99.96% contre 542 votants contre soit 0.04% de l’électorat.

2001 : LE PRESIDENT WADE «VALIDE» SA CONSTITUTION

Contrairement aux précédents scrutins, l’enjeu du référendum de 2001 portait plus sur un package de réformes que sur point visant à régler une question de l’heure. Organisé, au lendemain de la première alternance politique au Sénégal, par le Président libéral Abdoulaye Wade suite à son élection à la magistrature suprême, afin d’obtenir l’approbation d’une nouvelle Constitution, le référendum de 2001 portait sur un ensemble de mesures promises par le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds), lors de la campagne électorale. Ces mesures sont entre autres la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5 ans, l‘élargissement des prérogatives du président de la République qui peut désormais dissoudre l’Assemblée nationale, la réduction du nombre de députés de 140 à 120, voire la suppression du Sénat.

Pour ce faire, le Président Wade avait instauré, à l’époque, de larges concertations avec la classe politique mais aussi la société civile afin de construire un consensus autour de sa proposition de réforme. Cette démarche s’est révélée plutôt concluante puisqu’au soir du 7 janvier 2001, le OUI l’a largement remporté avec 1 552 401 voix pour, soit 94.0% des suffrages, contre 99 032 voix favorables au NON, soit 6.0%. Le taux de participation s’est révélé également concluant. En effet, sur un nombre d’inscrits de 2 552 589 d’inscrits, 1 678 097 soit 65,74 % ont pu effectuer le déplacement pour aller voter contre 874 492 abstentions, soit 34.26% de l’électorat.
A défaut d’égaler les chiffres astronomiques du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor, Macky Sall va-t-il égaler son prédécesseur Me Abdoulaye Wade qui était parvenu à drainer plus de 65% de l’électorat ? Et cela, après avoir réalisé un certain consensus avec les acteurs politiques (sauf le Ps) et les membres de la société civile. Un consensus qui fait actuellement défaut au locataire du palais présidentiel qui a réussi…la prouesse de réunir autour d’un large front du refus même ses alliés de fraîche date (politiques comme membres de la société civile).

Sud Quotidien

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