Démocratie choisie – Par Malick Ndaw

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Le 29 octobre 2012, Mbaye Ndiaye, alors ministre de l’Intérieur était limogé. Quelques jours auparavant, les disciples de Cheikh Béthio Thioune appelés « Thiantacounes » avaient mis la capitale sénégalaise sens dessus dessous par une journée de saccage de véhicules privés et publics pour exiger la libération de leur guide.

Pour n’avoir pas su prévenir ces événements et pris des mesures de sécurité à la hauteur des dégâts incommensurables, l’Etat sénégalais à travers le ministre de l’Intérieur, avait été taxé d’ « irresponsable » et, à juste titre. Les « casseurs » avaient pourtant bel et bien annoncé la couleur avant de commettre leurs méfaits. Or gouverner c’est prévoir, n’est-ce pas Mbaye Ndiaye…

Même les partisans du président Sall en l’occurrence les jeunes de son parti avaient alors regretté le « manque de réactivité » du gouvernement face à cette situation qui avait secoué le centre-ville et terrifié les Sénégalais. Toute explication ou justification de la part de l’Etat était alors jugée superflue par l’opinion car ce qu’attend le peuple de la puissance publique c’est d’avoir la capacité d’anticipation. En gros être proactif plutôt que de jouer le sapeur pompier. L’autorité publique avait alors juré qu’on ne l’y reprendrait plus, comprenez… qu’on ne le surprendrait plus. Car gouverner c’est prévoir et prévoir c’est parer à toute éventualité.

Moins de deux ans après ces évènements, le même Etat se retrouve dans des circonstances jugées à « hauts risques » quand bien-même chacun y va de sa liberté et de sa « démocratie choisie ». Réels ou surfaits, l’Etat décide alors de prendre ses responsabilités. Non pas en choisissant d’encadrer (comme l’ont suggéré bon nombre d’observateurs) un « méga show » savamment orchestré par un adversaire grabataire, terrassé à la loyale et qui ne s’en est toujours pas remis, mais plutôt en empêchant cet adversaire errant et rompu à la stratégie de la provocation de s’adonner à son sport favori dont les éventuels conséquences ne pourraient probablement pas être contenues sans que la population qui a d’autres préoccupations ne soit gravement secouée. On aurait vite fait alors de traiter l’Etat, encore une fois, d’ « irresponsable ».

Or les « droitsdel’hommistes », « principiens » et autres objecteurs de conscience ont vite fait de monter au créneau pour fustiger, sans discernement, un pseudo « baillonnement des libertés ».

« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant. » Rousseau ( Contrat Social, I, 6) pose ainsi le problème qui continue à servir d’aiguillon à la pensée politique moderne. Comment préserver et renforcer la liberté individuelle au sein de la communauté, dont la nécessité n’est plus à prouver ? Individu et communauté, ou la difficile synthèse entre des éléments jugés parfois inconciliables. C’est la problématique de l’anarchie et de la démocratie.

Il semble dès lors que si la constitution garantit la liberté d’expression et de manifestation, c’est moins la lettre qui est sujette à moult interprétations… anarchistes que l’esprit qui nous guide.

Surtout lorsque, contrairement à ce qu’il prétend, l’adversaire évoqué plus haut ne semble être mû dans son ultime baroud que par le seul réflexe filial pour ne pas dire animal qui distingue instinctivement l’appartenance à une communauté qui obéit et à laquelle s’applique les mêmes règles et, le sentiment d’appartenance propre. Or ce n’est pas tant qu’un sentiment est subjectif, c’est qu’il met à l’épreuve de sa propre subjectivité, de son être-pour-soi, l’être vivant, charnel voire pulsionnel, qui le ressent.

Face à une telle situation de fragilité, le sens des responsabilités s’impose « sans faiblesse coupable ni cruauté inutile » pour reprendre Abdoulaye Willane. N’en déplaise aux chantres de la « démocratie choisie ».

Par Malick Ndaw
Sudonline.sn

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