Dénoncer fermement les dérives inacceptables de l’État d’urgence au Sénégal. (Par Seybani Sougou)

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Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux faisant état de violences policières à l’encontre de citoyens sénégalais dans le cadre de l’Etat d’urgence pour lutter contre la propagation du COVID-19 sont indignes du Sénégal et dignes d’une République bananière. Les images extrêmement choquantes de forces de l’ordre s’adonnant à des actes barbares portant atteinte à la dignité humaine sont inacceptables, insoutenables et injustifiables.

L’état d’urgence est une mesure exceptionnelle prise en cas de péril imminent. Au Sénégal, ce régime d’exception est défini au niveau de l’article 2 la loi 1969/29 du 29 avril 1969 qui dispose que « L’Etat d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire de la République du Sénégal soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas de menées subversifs compromettant la sécurité intérieure, soit en cas d’évènements présentant par leur nature et leur gravité, un caractère de calamité publique ». L’état d’urgence déclaré au Sénégal le 23 mars 2020, par Macky SALL, entre dans le champ de « la calamité publique ». Dans le cas d’espèce, il s’agit clairement d’un Etat d’urgence sanitaire lié à la lutte contre la propagation du virus de COVID-19.

Si l’état d’urgence confère des pouvoirs exorbitants aux autorités administratives, aucune disposition de la loi 1969/29 du 29 avril 1969, n’autorise les forces de l’ordre à exercer une violence gratuite, aveugle et démesurée contre les citoyens, y compris ceux qui ont violé la loi en ne respectant pas le couvre-feu imposé de 20h00 à 6h00 du matin (la loi a prévu des sanctions appropriées).

Tous les démocrates, toutes les organisations de la société civile et tous les citoyens doivent dénoncer fermement le comportement ignoble de certains policiers qui déshonorent leur fonction, portent atteinte à l’image de la police et se comportent comme de vulgaires voyous.

Ceux qui se sont adonnés à ces actes de violence inqualifiables, totalement disproportionnées n’ont pas leur place au sein de la police nationale, doivent être identifiés et démis, sans délai de leurs fonctions. En France, les deux premiers jours qui ont suivi la mise en œuvre du confinement ont donné lieu à une démarche pédagogique. Les policiers ont tenu à expliquer aux citoyens le sens et la portée de cette décision de restriction des déplacements, avant d’établir des contraventions. Les citoyens sénégalais qui n’ont pas respecté le couvre-feu imposé n’ont commis aucun crime, aucune action violente qui justifie les actes barbares et illégaux à leur encontre.

Les partis politiques d’opposition qui ont apporté leur soutien à Macky Sall dans le cadre de la lutte contre la pandémie du CORONAVIRUS doivent clairement prendre position, dénoncer les dérives inacceptables du régime, et clarifier le champ de l’Etat d’urgence du 23 mars 2020.

L’état d’urgence n’est ni un blanc-seing, ni un permis de répression (les policiers auteurs de ces actes sont des délinquants).

L’état d’urgence (sanitaire) ne doit pas être dévoyé : lutter contre la propagation du virus de COVID-19 n’a rien à voir avec la répression des populations.

Que ce soit clair : aucun citoyen sénégalais n’acceptera un tel glissement.

Seybani SOUGOU – E-mail : [email protected]

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