Des imams fustigent le spectacle qui gagne les morgues sénégalaises

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Des professionnels sénégalais du lavage mortuaire musulman, dont des imams, ont fustigé la présence de curieux dans les morgues pour, dit-on, « jeter un dernier regard sur les dépouilles mortelles de leur proche », a appris l’APS de bonne source, mardi à Dakar.

Les protestataires sont des participants à la session d’évaluation de la première formation en lavage mortuaire selon le rite musulman qui s’est tenue samedi dernier au Centre d’études, de recherches et de formation sur l’Islam (CERFI).

Sous la présidence du professeur Ravane Mbaye, président du CERFI, les imams et les personnes – hommes et femmes – qui ont reçu la formation qui s’est tenue du 14 au 19 juin 2010, ont établi un constat pour déplorer la présence de curieux dans les morgues.

D’après les participants, ce sont « des personnes, hommes ou femmes, qui selon l’Islam n’ont rien à faire dans les salles de lavage et qui perturbent leur travail au point, parfois, de provoquer des querelles avec les laveurs ».

Le professeur Mbaye et les imams ont été formels en soulignant que « c’est une pratique totalement prohibée par l’Islam ».

La session de formation a été également l’occasion d’avancer des propositions pour aider la communauté islamique sénégalaise à faire face à l’insuffisance de laveurs et de laveuses de dépouilles mortelles.

Le président du comité d’appui du CERFI, l’administrateur civil Moustapha Diao, a proposé la création d’un répertoire de laveurs mortuaires accessible notamment par téléphone dont les services pourraient être requis par les familles incapables de procéder par elles-mêmes au toilettage de leurs parents décédés.

Les participants ont cité des morgues de mosquées presque totalement démunies en matériel nécessaire pour procéder à un lavage correct et à la préparation du corps avant son inhumation.

Ce matériel indispensable a été détaillé par le juge Adiouma Sèye, membre du comité d’appui, qui a cité 24 articles que toute morgue digne de ce nom doit posséder.

Il s’agit de deux tables, de l’eau courante, du savon, du camphre, des feuilles de jujube (sidème), de paires de gants, de bassines en plastique, de flacons de parfum sans alcool, de percale ou malicane, de pagnes tissés, de climatisation, d’armoire de rangement, etc.

Pour faire face à ces manques, il a été fait mention de la nécessité de solliciter les pouvoirs publiques, notamment les mairies, et les bienfaiteurs pour équiper toutes les morgues au moins d’une armoire et des consommables, « à charge pour les mosquées de s’organiser pour acquérir des fonds pour pérenniser les stocks ».

D’ailleurs, le professeur Ravane Mbaye, par ailleurs imam principal de la mosquée de la rue Blanchot à Dakar, a cité des exemples de mosquées bien organisées dans ce secteur et qui pourraient servir de modèles.

Dans les débats, un imam a proposé de fixer un prix forfaitaire que les familles doivent payer pour obtenir de la mosquée tous les services et matériels nécessaires au lavage d’un corps déposé dans les morgues des mosquées de quartier.

Concernant l’éducation du grand public pour dédramatiser le lavage mortuaire « qui est un devoir qui incombe, avant toute autre personne, aux proches de la personne décédée », a-t-on rappelé, l’idée a été émise d’utiliser toutes les ressources des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

L’objectif de cette option est de rendre l’information accessible, en plus d’éditer des brochures sur le lavage comme le fait le Centre d’études, de recherches et de formation sur l’Islam qui vient de publier un livre de poche didactique sur la question.

L’imam Mbaye et ses collègues guides des fidèles musulmans ont convenu d’élaborer un sermon consensuel sur la question du lavage mortuaire et sur les interdits de plus en plus bafoués concernant l’inhumation, entre autres, les heures admises pour inhumer un mort, les témoignages juste avant la prière sur le mort, etc.

Au-delà de la simple évaluation de la formation tenue en 2010 avec 107 stagiaires sous la direction des professeurs Mamadou Ndiaye, El Hadji Malick Sow et de l’imam Moussa Guèye, la session a permis de répondre à des questions générales sur la prise en charge d’ une dépouille mortelle, notamment concernant les personnes décédées à l’étranger et dont les corps sont ramenés au pays sous un enveloppage spécial.

Tous les participants ont magnifié le travail du CERFI dans le domaine de la formation et ont espéré sa poursuite. Le président du centre a ainsi indiqué que la prochaine session de formation sera consacrée aux heures de prières.

Des sessions suivront comme celles sur le droit musulman ou d’autres questions pratiques sur lesquelles les musulmans doivent avoir une connaissance la plus complète possible.

Aps

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