Jamais de mémoire de Sénégalais, Abdoulaye Wade n’a reçu un camouflet à la dimension de celui du 23 juin. Mais au-delà du désaccord exprimé par le peuple, il y a toute une lecture qui a sans doute été faite par le Président pour qu’il décide d’annoncer qu’il va s’adresser à la Nation. Pour sans doute délivrer un message d’apaisement.
Le Président Wade n’a pas encore totalement digéré les événements du 23 juin dernier. Une digestion loin d’être facile d’autant plus que son pouvoir a été rudement secoué. Il a compris que le peuple sénégalais a parlé ce jour-là et il a parlé contre lui. Une attitude qu’il n’a jamais reçue de cette manière, en pleine figure.
C’est ainsi que deux semaines donc après ces événements que bien des observateurs qualifient d’historiques, le Président Wade promet de parler à son peuple. Sur la date et les contours de cette adresse, rien n’a filtré et aucune explication n’a été donnée aux premières personnes qui en ont eu la primeur, hier. A l’image du projet de loi sur le ticket présidentiel, le Président Wade a tout simplement annoncé lors de la traditionnelle réunion hebdomadaire du Conseil des ministres qu’il avait pris la décision de s’adresser à son peuple. Une annonce brève, sans commentaire et qui n’a pas manqué de faire jaser bien des membres du gouvernement. Surtout sur le contenu éventuellement du message de Me Abdoulaye Wade.
Tout ce que nos différents interlocuteurs ont pu préciser, c’est que «le Président Wade avait l’air décidé et sûr de son fait». La seule crainte, précise l’un d’entre eux qui partage cette décision présidentielle, est que «certains membres de son entourage réussissent à l’en dissuader avant qu’il ne passe à l’acte». Et les discussions en Comité directeur du Pds qui devait se tenir à la suite du Conseil des ministres peuvent fortement influer sur la décision de l’adresse à la Nation.
Quoi qu’il en soit, un président de la République dans cette situation ne se doit pas de garder le silence. Pour la bonne et simple raison qu’un projet de loi qu’il a personnellement porté a été vomi au forceps par le peuple. Alors une séance d’explications s’impose à cette Nation qui a montré à la face du monde qu’elle reste seul juge et maître de son destin.
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