DOSSIER TABAC : COMPOSITION CHIMIQUE DES CIGARETTES Un cocktail meurtrier

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Au total 4000 substances toxiques ont été recensées au Sénégal dont au moins les 50 ont été identifiées dans la composition de chaque cigarette. Conséquence, la plupart des cas de maladies liées à la consommation du tabac ne guérissent pas. A en croire des sources médicales, 100 % des malades pour cause de tabac internés rien que dans le seul Centre hospitalier de Fann ne survivent pas. Suffisant alors pour les spécialistes sénégalais de saisir l’occasion de la célébration de la dernière Journée mondiale de lutte contre le tabac pour lancer un avertissement contre ce grand tueur.

La réalité sur les substances qui composent le tabac est-t-elle souvent cachée au public ? Le taux de malades pour cause de cigarettes a atteint des proportions telles qu’elles laissent bien le croire. En effet, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, les spécialistes du service de pneumologie de l’hôpital de Fann qui animaient un débat devant les membres de l’Association des journalistes sénégalais qui couvrent les activités de lutte contre le tabac (AJSLT) ont été clairs. Selon eux, lors de sa combustion, la cigarette produit une fumée qui contient environ 4000 substances toxiques dont au moins les 50 sont cancérigènes.

A l’adresse des fumeurs dont la vigilance est mise en défaut, ils ont souligné que jusque-là, seuls les goudrons et la nicotine sont considérés comme des composantes nocives de la cigarette. Or, au-delà de ces substances qualifiées de mortelles par les spécialistes, d’autres produits génèrent les mêmes risques. C’est le cas de l’ammoniac qui favorise la fixation de la nicotine et de la dépendance. La gravité de la consommation d’une telle substance, également utilisée dans les industries de froid, a été évoquée au cours des échanges entre la presse et les professionnels en maladies infectieuses.

Concernant d’ailleurs l’ammoniac, le souvenir de l’accident survenu il y a quelques années à la Sonacos et ses nombreuses victimes, a été évoqué à l’occasion. La liste des produits cancérigènes, selon les spécialistes, est longue.

Le polonium 210 qui est un élément radioactif s’ajoute également au cocktail de produits dangereux pour la santé que renferme chaque cigarette. Il faudra, dit-on, à cette substance tenace quelques 3650 ans pour la voir disparaître des restes du corps d’un fumeur.

De même d’ailleurs que l’Arsenic qui est un poison violent, le cadmium à haute teneur toxique utilisé dans les accumulateurs et les batteries ainsi que le benzopyrène et le chlorure de vinyle qui sont utilisés en additifs des matières plastiques ; intègrent tous la liste macabre des produits qui composent le grand tueur qu’est le tabagisme.

L’acétaldéhyde irritant les voies respiratoires, de même que l’acide cyanhydrique jadis employé dans les chambres à gaz sont également du décompte. La longue liste des produits inspirée de la composition des pesticides a été égrenée devant les journalistes pour davantage les édifier sur les méfaits du tabac et les origines du mal qu’il engendre pour la santé publique.

DISCUSSIONS ET MISE EN OEUVRE DU PROJET DE LOI CONTRE LE TABAC :

LES INDUSTRIELS INDESIRABLES

Le projet de loi sur le tabac qui va être soumis bientôt à l’Assemblée Nationale pour adoption afin d’être en phase avec la Convention cadre de l’Oms va-t-il passer comme lettre à la poste ? C’est la question que ne cessent de se poser les organisations et associations qui luttent contre le tabac au Sénégal depuis la rencontre de deux jours qui a été organisée à Dakar sur la question par le ministère de la Santé et de la Prévention. Une rencontre à laquelle avaient pris part officiellement des industries concernées au premier chef par la question. Or selon des Ong, l’article 5 alinéa 3 de la Convention cadre de l’Oms interdit formellement aux gouvernements de verser dans une démarche paradoxale qui consiste à associer les industries à la mise en œuvre des stratégies de lutte contre le tabac. Mais pour le point focal du ministère de la Santé la disposition juridique évoquée comporte une nuance.

Combattre le tabac sur toutes ses formes. C’est le sens du slogan qui a été lancé partout dans le monde pour réduire les ravages sanitaires et économiques liés à l’utilisation du tabac. En effet, à la lecture de certains indicateurs la situation était auparavant plus qu’alarmante dans les pays occidentaux. Aujourd’hui les tendances sont inversées. En Afrique subsaharienne, les populations sont victimes de plus en plus de la déprotection législative contre le tabac. Ainsi pour mieux s’impliquer et contrecarrer les ravages du tabac, l’Oms a mis en place depuis 2003 une Convention cadre que le Sénégal a ratifiée une année plus tard, c’est-à-dire en 2004. Celle-ci impose aux pays membres de l’Organisation mondiale de la santé l’obligation de se conformer au texte en interdisant formellement la publicité ainsi que toutes les activités de promotion et de parrainage en faveur des fabricants et la vente de tabac aux mineurs. Il s’agit également d’imposer aux pays membres des politiques en matière de santé publique en dehors de toutes considérations liées aux intérêts des industries du tabac. Mais au Sénégal l’application de ce texte dans la totalité de ses obligations pose encore problème.

Pendant ce temps, dans certains pays des lois ont été votées mais aussitôt changées suite à la forte pression des industries du tabac. C’est le cas du Sénégal avec la loi 81-58 dont l’adoption a été saluée par la communauté internationale comme une première sous nos cieux mais qui, malheureusement, a été vite modifiée et altérée par la loi 85-23 pour devenir moins contraignante et beaucoup plus avantageuse pour les industries du tabac. Même si, par ailleurs, la volonté politique existe et qui s’est traduite par la nomination au ministère de la Santé et de la Prévention d’un point focal qui coordonne la politique de lutte anti tabac.

Une volonté qui s’est surtout reflétée à travers la rencontre de deux jours organisée à Dakar en présence de plusieurs acteurs dont des parlementaires et ONG qui luttent contre le tabac ainsi que des décideurs politiques venus partager sur les projets de lois portant sur la question. Seulement avant même que le Draft ne fasse le tour des ministères concernés quelques associations et mouvements en lutte contre le tabac se mobilisent pour tirer la sonnette d’alarme et dénoncer ainsi la présence des industries parmi le groupe chargé de concevoir des stratégies de lutte contre le produit au Sénégal. Un ensemble d’acteurs qui ont appelé surtout à la vigilance des autorités vis-à-vis des lobbies internationaux.

Car, selon Djibril Wellé, coordonnateur du mouvement anti tabac, les producteurs du tabac ne lésineraient pas sur les moyens pour détourner la conscience de l’opinion qui lui est antipathique. M. Wellé dit d’ailleurs attendre la dernière mouture du texte proposé pour voir si aucune modification insidieuse n’y a été apportée avant de le valider. Il se dit toutefois conscient que cette nouvelle loi en gestation hante le sommeil des industries. C’est pourquoi ces dernieres ne souhaitent pas la voir passer comme lettre à la poste à l’Assemblée nationale et au Sénat. Face à un problème de conflits d’intérêts, d’aucuns se demandent pourquoi inviter des représentants des industries du tabac à cet atelier de partage sur ce projet sur les lois visant à interdire l’utilisation du produit? « Mêmes si les représentants des industries n’ont pas pris la parole lors de cette rencontre, le fait de les regrouper avec les parlementaires est une manière de favoriser le blocage des textes de lois », ont dénoncé en cascade les associations de lutte contre le tabac qui préconisent une surveillance plus rigoureuse pour que les parlementaires ne soient pas influencés. L’alerte a été donnée depuis que le parlement Burkinabé a été confronté au blocage du vote de sa loi anti tabac.

Le point focal de la lutte anti tabac au ministère de la Santé et de la Prévention a soutenu pour sa part que l’invitation adressée aux industries du tabac obéit à un souci de transparence et de démocratie avec tous ceux à qui la nouvelle loi est destinée. Mieux, renseigne M. Ndao, il y a une nuance à observer sur les dispositions de l’article 5 alinéa 3 de la Convention qui demande plutôt de veiller et non d’interdire à ce que les industries ne s’impliquent pas dans l’élaboration des politiques de lutte contre le tabac. Selon lui, le Burkina n’est pas le Sénégal dont le processus est très clair. Ainsi, il rappelle qu’en 2008, un universitaire a produit le Draft du projet qui a fait l’objet de partage pendant cinq rencontres et aujourd’hui on est arrivé à un stade où tous les ministères concernés sont en train d’apporter leur contribution sur la question.

ADOPTION DE LA LOI CONTRE L’USAGE DU TABAC

Le projet sur les pistes détournées du Parlement

A quand la prochaine session de l’Assemblée nationale consacrée au vote de la nouvelle loi sur le tabac? Voilà la grande et unique question qui est ressortie des rencontres tenues les 16 et 17 mai dernier à Dakar consacrée à la problématique nationale et mondiale du tabagisme. Une question qui attend une réponse urgente face à l’impérieuse nécessité de mieux protéger les générations présentes et futures contre le tabac qui nuit gravement la santé des populations.

En attendant, la décision de l’Assemblée nationale pour contrer sa forte consommation, le tabac poursuit allégrement son chemin ravageur dont le décompte macabre tourne autour de 5 à 6 millions de personnes par an dans le monde. Le nombre de cas de décès enregistrés ainsi par jour est comparable aux pertes en vies humaines d’un avion gros porteur de 450 places qui s’écrase, a dit un spécialiste pour donner plus directement une idée de l‘ampleur des ravages liés au tabac. C’est le monde entier qui doit réagir face au drame humain lié à la consommation du tabac. Et ce qui est regrettable c’est qu’au Sénégal 20, 1 % des garçons et 10, 2 % des filles âgées de 13 à 15 ans fument régulièrement la cigarette. C’est une preuve que le tabagisme constitue un véritable problème de santé publique.

sudonline.sn

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