El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene, Un océan de secrets à la lignée de ces aïeux Hachémites

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Descendant du signataire du pacte des Qurayshites, Hâchim Ibn Abdul Manâf, El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene est né vers 1925 à Thiès. D’un père, le premier Imam de l’une des premières mosquées de la ville de Dianxène (Thiès), celui qui abandonna tous les honneurs princiers pour continuer la mission noble de ces aïeux, le vénéré Tafsir El Hadji Ahmadou Barro Ndieguene; d’une mère pieuse, celle qui eut l’honneur et la tristesse d’être informée de l’imminence de la disparition de son mari alors que son fils était âgé à peine de quelques années, la sainte Sokhna Oumou Sall apparentée à la famille du grand érudit et mouqhaddam de Louga serigne Abbass Sall. Il avait comme épouses Sokhna Fatou Dieng du Kayor, Sokhna Khoudia Ba du Djolof, Sokhna Paulele Sow de Diakhao, Sokhna Awa Diaw de Madina Fall et Sokhna Khoudia Gaye de Keurykao. À la mort de ses parents, le très jeune Abdoul Wahab était, comme la totalité de ses frères et sœurs, sous la main de l’un des plus grands érudits de son temps, El Hadji Modou Ndieguene ou Mame Aladji ‘’Borôme Piliyâne bi’’.
Très jeune, Mame Wahab, comme on l’appelait affectueusement, reçut, comme tous les hommes de Dieu, une éducation de haute facture sur tous les plans. Il était un ami intime de son grand frère, le véridique et grand homme de Dieu, Mame Assane Ndieguene. D’abord, Mame Assane lui conseilla par expérience d’aller auprès de son grand marabout reconnu pour ses enseignements religieux de haute qualité dans le Saloum à Ndiâyênne Bagana où habitait également sa demi-sœur Sokhna Khady Ndieguene. Puis, toujours à la recherche du savoir pour parfaire son éducation, il séjourna à Diourbel puis à Louga auprès de son oncle et finira sa formation religieuse dans le Djolof où il vécut presque quinze ans. Son petit frère, le savant et imposant El Hadji Abdoul Aziz Ndieguene, doyen actuel des chefs religieux les plus connus du Sénégal, nous raconte qu’il était connu de toutes les autorités et chefs coutumiers du Djolof de par son implication sur le plan religieux, social et économique.
À son retour, ses frères et les dignitaires de la ville voyaient en lui quelqu’un de modeste, travaillant, savant, respectueux de ses aînés, patient, calme et surtout capable de garder les secrets les plus enfouis. Il fut nommé imam de la mosquée de Keur Mame El Hadji. D’un autre côté, il était exclusivement au service du grand khalife Mame Aladji qui lui confia du fait de ses qualités exceptionnelles et multidimensionnelles, la lourde tâche de s’occuper du bain mortuaire pour les deux cimetières du quartier de Keur Mame El Hadji. Nombreux ont été, avant de retourner vers le Seigneur, les fidèles qui ont eu à bénéficier de ses attentionnés, respectueux, discrets, bénits et salvateurs services. En retour, sa rétribution auprès du très généreux (swt) n’en sera que plus grande car dans le hadith d’Al-Hâkim et autres, le messager (psl) d’Allah (swt) a dit: Celui qui accomplit le bain mortuaire d’un musulman et n’en dévoile rien, Allah (swt) le pardonnera quarante fois. Bien que fils d’un grand marabout, il ne cherchait ni assemblée, ni disciples. Cet acte hautement symbolique et humaniste ne suffisait pas à sa nature d’homme pieux, stoïque, effacé et simple. Ce qui le poussa à s’employer au travail car sa philosophie après l’acquisition du savoir et l’adoration s’est le travail licite pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille dans une grande modestie, une totale quiétude et un respect sans limites.
Pour celle ou celui qui chercherait un modèle de vie significatif dans notre société fortement en perte de repères et de valeurs, pour une jeunesse en proie à la facilité et la futilité, voici quelques points non exhaustifs (savoir, adoration sans faille pour le seigneur (swt), travail, patience, modestie et respect) qui ont principalement marqué la vie et l’œuvre d’El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene d’après les témoignages et propos de reconnaissances recueillis auprès des membres de sa famille, de parents et de distingués fidèles.
Islam et jeunesse: d’abord la recherche du savoir,
Comment pouvons-nous adorer Allah sans le connaitre? Comment voulons-nous construire notre jeunesse et notre avenir sans un grain de savoir? Cette futilité et cette facilité grandissante dans ce bas monde factice n’est que le fruit de l’ignorance qui gangrène et affaiblie nos sociétés. Avant toute chose, le souverain (swt) a ordonné sous la contrainte à son serviteur bien aimé (psl) de quérir la connaissance montrant ainsi l’importance du savoir qui est indissociable d’avec l’adoration. D’un autre côté, les gens qui connaissent et de l’autre ceux qui ignorent ne sont pas d’un équitable traitement devant le souverain (swt). Tout en évitant la corruption, l’homme doit aller à la recherche de connaissances religieuses reliées à ces trois degrés: islam, iman et ihsan. Pour son équilibre et son salut, il doit également explorer les différentes composantes du savoir telles que: les nouvelles technologies, les mathématiques, la physique, la philosophie, l’astronomie, l’économie, la médecine, la gestion et la planification etc. [S28V77].
Cette obligation d’aller à la recherche du savoir est clairement spécifiée dans la sunna par ce hadith célèbre rapporté par Boukhari et Mouslim: Celui à qui Allah veut du bien, il lui fait comprendre la religion à travers la science. Alors de quelle science parle-t-on? C’est évidemment celle apprise pour la crainte d’Allah et pas pour autre chose. Dans son mémorable livre Massâlikoul Djinân, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké nous précise que, « la seule science utile est celle que la personne a apprise et enseignée exclusivement pour l’amour de Dieu très-haut (swt). Mais non celle apprise pour les disputes et controverses, ni pour la gloire, le prestige ou autres vanités. Non plus celle apprise pour des objectifs purement mondains, tels l’amour de l’autorité et l’accession à de hautes charges. Ni celle apprise, ayant pour but d’attirer les cœurs vers soi dans l’amour de ce bas-monde ». El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene, un ascète aguerri, avait parfaitement compris cet enseignement, comme en atteste son effacement propre aux grands soufis. Durant sa vie, il n’a cessé de parfaire son éducation religieuse, de guider beaucoup d’égarés vers la lumière et de transmettre le wird Tijâne à bon nombre de personnes tout en tournant le dos aux tentations destructrices de ce bas monde (la vanité, le prestige, la corruption, etc.) et surtout à tout ce qui éloigne de la crainte du maître (swt).
La connaissance et l’adoration sont indissociables. Doté d’une quiétude inégalée à son époque, Mame Wahab, pour montrer l’exemple en tant qu’homme de Dieu, faisait preuve d’assiduité et de ponctualité sans faille à la mosquée. « Quel que soit ton rang, saches que la prière en commun dépasse celle faite individuellement », tel que mentionné dans le Sahîh Al Boukhârî n°477. Vous l’aurez compris, la prière était son bouclier contre la turpitude et le blâmable. Quant à la prière de Sobh, sache qu’il se levait toujours avant 4 heures du matin pour magnifier le très haut (swt).
Il était un habitué des dou’as qui ont le don d’appauvrir matériellement les croyants pour, en contrepartie, les purifier et leur conférer la crainte ultime, dont les soufis aspirent. Mame Wahab respirait le dou’à du Shayfiyou et cela se traduisait dans tous ses actes au quotidien. Le crédo de Mame Wahab après l’acquisition de la science est le travail et la patience pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
Islam et jeunesse: travail et patience
Illustre homme de Dieu, fils d’un grand marabout, aussi travailleur et vivant de son effort de travail pour assurer une vie descente, El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene a parfois été un incompris. Nombreux ont été ses détracteurs, privilégiant pour leur part la facilité. Mais cela c’est oublier que le travail licite en lui-même est un acte d’adoration à part entière devant celui qui (swt) accorde toujours la subsistance. Une chose est sûre, tout ce que l’homme pourrait faire de lui-même, le puissant (swt) ne le ferait conséquemment pas à sa place. C’est dire par exemple, qu’un serviteur fort et sain ne saurait être attentiste car cela mènerait inévitablement à l’oisiveté.
Son domaine de travail de prédilection était la maçonnerie qu’elle pratiqua à travers la région de Louga, le Djolof et à Thiès. Selon lui, il n’y a pas de sous métier pour gagner sa vie quel que soit son rang. Observons et inspirons-nous des nombreuses grâces (terre, mer, le soleil, le ciel etc.) que le très généreux (swt) nous a fait don, il y a forcément un travail licite que nous pouvons faire pour notre équilibre et celui de notre société. Mame Wahab avait inculqué très tôt ce culte du travail à ses enfants et surtout des qualités comme la persévérance et l’endurance qui ont marqué la vie de son fils ainé El Hadji Abdoul Aziz Ndieguene Ibn Wahab. Hasard ou chance, le lucide et véridique Mame Abdou Aziz Sy Dabakh Malick était un ami des patrons de ce dernier. Mame Abdou lui disait souvent à chacune de ses nombreuses visites secrètes à la boulangerie l’islam de Thiès : « toi Abdoul Aziz tu es mon fils et mon homonyme, redouble d’efforts car il n’y a pas meilleur que de gagner sa vie à la sueur de son front ».
Parmi les vertus du saint homme, la patience a une part significative. Dans l’ouvrage la voie du musulman d’Aboubaker Djaber El Djazâïri, il est dit que « La patience est la contrainte de l’âme à accepter ce qui lui répugne et à supporter avec stoïcisme, le mal qui l’atteint ». Nous sommes éprouvés à travers notre âme durant toute notre vie à titre de tentations par le bien et par le mal afin de connaitre qui sont les meilleurs parmi nous en œuvre [S2V155, S29V2-3]. L’une des plus redoutables armes contre ces épreuves qui visent à augmenter notre foi en Dieu (swt) ainsi que notre rétribution le jour du jugement dernier est la patience dont le tout puissant (swt) nous fait part dans de nombreux versets du Coran [S2V45-V153-V156 etc.]. Le Hadith rapporté par Al Boukhârî résume à lui seul l’importance de la patience « Et aucun homme n’a reçu de meilleur et de plus large don que la patience ». Tout le monde s’accorde à dire que parmi les dons de Mame Wahab, la patience y a une grande part. Plus c’est difficile, plus il s’en remettait à son seigneur (swt). De ce fait, il nous est recommandé d’être lucide, engageant et persévérant dans tout ce que nous faisons et en comptant d’abord et avant tout sur nous-mêmes. Croire en nous-mêmes et nous assurer que Dieu (swt) seul est refuge.
Islam et jeunesse: modestie, quiétude et respect
Mame Wahab était connu par sa modestie et son respect exemplaire pour ses pairs et son prochain. Bien que fils du grand érudit Tafsir Ahmadou Barro Ndieguene, il participait sur le plan physique et matériel jusqu’à un âge avancé aux travaux d’extension de la grande mosquée de Keur Mame El Hadji. Le saint homme léguera sa place d’imam de la mosquée de la cité par modestie. Il accepta le rôle de lavage mortuaire avec dignité et fierté mais surtout par respect pour ses grands frères. La modestie est une barrière contre l’outrecuidance qui fait partie des maux actuels de notre société. Le tout puissant (swt) a dit à la meilleure des créatures (psl) d’être modeste vis-à-vis des croyants qui l’ont suivi [S26V215]. L’extraordinaire histoire très instructive entre le grand prophète Mûssâ (hs) et le verdoyant grand savant Al Khadir racontée dans la sourate Al Kahf, nous en apprend d’avantage sur la modestie, le respect, la notion de recherche du savoir et de bien d’autres aspects encore.
Malgré le statut social dont il bénéficiait, dans une assemblée, rare fois on l’entendait élever la voix ou jouer les premiers rôles. Fortement imbibé des caractéristiques citées précédemment, le saint homme avait atteint la quiétude de l’âme ainsi que la paix intérieure. Le maître de l’autorité absolue (swt) a dit dans la sourate 3, verset 26: « Dis: Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui tu veux, et tu arraches l’autorité à qui tu veux; et tu donnes la puissance à qui tu veux, et tu humilies qui tu veux. Le bien est en ta main et tu es omnipotent ». Mame Wahab avait parfaitement compris les sens de ce verset d’où sa sérénité et sa tranquillité légendaire.
Pour notre équilibre, purifions notre cœur avec le savoir utile et acquis avec modestie, patience et respect. Le travail doit être notre crédo, sachons qu’il n’est pas possible de construire et d’entretenir des écoles, des routes, des hôpitaux dans un quartier, un pays ou un continent sans la connaissance ésotérique et exotérique mais surtout sans des actes concrets et inspirants posés par des hommes de Dieu comme: El Hadji Abdoul Wahab Ndieguene.
Puisse le donateur gracieux (swt) (Al Wahhab) nous accorder le savoir utile, la force de travailler, la modestie et le respect. Puisse celui qui (swt) est supérieur à ses créatures nous épargner de la corruption, de la futilité, de l’orgueil et de la vanité.

Votre insignifiant disciple,
Dr Assane Ndieguene,
Chercheur en physique et en microélectronique
Sherbrooke-Canada,

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