Elections locales: Entre forfaiture democratique et democratie de la forfaiture par Abdou Ndukur Kacc Ndao

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ELECTIONS LOCALES : ENTRE FORFAITURE DEMOCRATIQUE ET DEMOCRATIE DE LA FORFAITURE

Abdou Ndukur Kacc Ndao

Finalement, les élections locales se dérouleront à date échue. Exigence démocratique incontournable, manifestation de bonne volonté de respect d’un calendrier électoral, ou simple calcul politicien ?
Sans changer le jeu et les enjeux, le maitre du jeu a manœuvré pour en modifier les règles. Entraineur d’une sélection, il donne l’impression d’adapter les règles, la tactique et la période des compétitions pour s’assurer la couronne en jeu.
Les spectateurs eux ont perdu leur « séréritude » dans cette complexité de classement tactique.
Voila la nouvelle épistémologie d’un sport qui déconstruit les approches tactiques dominantes en réinstallant de nouvelles règles de jeu dont seul l’arbitre-entraineur a les secrets.
L’originalité de cette sociologie du sport est qu’elle fonctionne comme les sciences de la complexité : appliquer les principes d’un jeu à un autre, aller au-delà des approches disciplinaires, déconstruire la circularité, la linéarité et l’homogénéité des règles. L’hétérogénéité devient un principe sacré constitutif de cette nouvelle science du sport.

Dans ces circonstances, tous les autres acteurs du jeu sont désappointés. Imaginez ainsi le désarroi d’un footballeur sur un terrain de basket qui découvre que ce qu’il sait faire de mieux avec son pied est sanctionné comme une faute ou et se demandant si un but marqué au rugby vaut celui marqué en football.

Ce tableau aux allures d’une peinture impressionniste ou surréaliste nous ferait rire s’il s’agissait réellement d’une session cinématographique à la Moussa Sène Absa ou à la Seyba Traoré.

Hélas, il s’agit de notre réalité politique. De notre vécu au quotidien, à travers, les représentations locales. Ces dernières sont le fondement de notre développement national tant les enjeux les plus stratégiques sont à cette échelle. Malheureusement, ce local n’est en fait que l’expression d’une vision manipulatrice du niveau national sur le niveau local : faiblesse structurelle de moyens transférés, autorités locales sous tutelle, fiscalité locale déséquilibrée, élus locaux parachutés et « clandestinisés », accaparement des terres par une minorité sociologique et politique corrompue…Ainsi, ce local tant vanté par nos démocrates n’est juste qu’une stratégie d’aliénation mentale des populations et une grande forfaiture démocratique.

Une démocratie locale se fait avec les locaux. Mieux avec ce que le local compte de meilleur en compétences techniques et en visions stratégiques. Or depuis que cette « localologie » est en cours dans notre dispositif institutionnel, les modes d’élections ont exclu des citoyens tout aussi crédibles et compétents que les minorités politiques qui se sont arrogées l’exclusivité de la représentativité locale. Or ces citoyens sont objectivement les majorités sociologique et politique qu’il faut valoriser concomitamment aux minorités politiques.

Notre système de représentation locale est totalement anti-démocratique. Or, le développement des terroirs suppose la contribution de tous ses fils. Cette exclusion institutionnelle des compétences et des visionnaires nuit et continuera de nuire un développement local porté par des « nommés » plus que des « élus » au regard des modes de scrutins. D’une démocratie de forfaiture avec l’ancien mode, nous passons à une forfaiture de la démocratie avec le nouveau mode de désignation notamment des villes de Dakar, Pikine, Rufisque, etc.

Manifestement, l’entraineur-arbitre n’a pas encore compris que pour fonder une équipe viable, il faut une école de formation, un staff technique, un entraineur, une vision tactique, une psychologie mobilisatrice, des supporters.

Nous continuons à penser que le développement local doit être porté par des « instruits » francophones qui ont fini sous des rapports évidents de démontrer la faiblesse de leur leadership local. Les collectivités locales sont accaparées progressivement par les Professeurs d’université, des médecins, des ingénieurs, etc. qui ont pris le pouvoir sur une vieille garde qui savait à peine lire.

Quelle plus valu en avons nous tiré ? Pas grand-chose, sinon une reproduction du modèle clanique, parasitaire, patrimonial de gestion locale. Alors quoi faire ?
Le développement local est d’abord une question qui interpelle les acteurs locaux. Ces derniers savent et peuvent faire des choix judicieux raisonnés et non imposés par des modes de scrutins aux allures d’une monarchie institutionnalisée.

Le local devrait être reprofilé pour en faire des espaces d’utilité publique et de définition de conférences sociales planifiées dans le temps : défis programmatiques, réédition des comptes, déclaration de projet de développement des collectivités.

Le local est une synergie sociologique et non technique. Lorsque nous aurons fini de le comprendre et de fédérer les citoyens des partis et ceux hors des partis, nous pourrons entrevoir un avenir radieux de nos collectivités locales qui ne sont que des forfaitures démocratiques que nous aimons bien magnifier.

Je crois qu’il faut virer l’entraineur-arbitre qui a suffisamment fait preuve d’incompétence et de capacité de duplication tactique inadaptée

Abdou Ndukur Kacc Ndao

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