Emmanuel Macron veut prendre la main sur le dossier libyen

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Le président français réunit mardi après-midi à Paris les deux camps rivaux libyens, le Premier ministre al-Sarraj soutenu par la communauté internationale et son opposant, le général Haftar, dans le but de leur faire signer une déclaration commune.

À défaut de déboucher sur un règlement de la situation en Libye, l’image devrait au moins bénéficier à toutes les parties. En recevant, mardi 25 juillet, à La Celle Saint-Cloud, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) libyen reconnu par les Nations unies, Fayez al-Sarraj, et son opposant, le général Khalifa Haftar, ainsi que le nouveau représentant spécial de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, Emmanuel Macron offre à chacun des participants des motifs de satisfaction, tout en faisant avancer un dossier diplomatique épineux.

Officiellement, il s’agira pour le président de la République de « faciliter une entente politique entre le président du Conseil libyen et le commandant de l’Armée nationale libyenne », annonce le communiqué de presse de l’Élysée. Emmanuel Macron a annoncé dès sa prise de fonction vouloir faire de la Libye l’une de ses priorités à l’international. Pour la France, retrouver un État fort dans ce pays permettrait notamment de stabiliser la région, de lutter contre le terrorisme et contre l’immigration illégale.

Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar se sont parlé début mai à Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis, une première en plus d’un an et demi, et ont promis de travailler à l’apaisement des tensions en Libye et à la lutte contre le terrorisme. Mais aucune déclaration commune n’avait alors été publiée.

L’objectif d’Emmanuel Macron est donc d’y parvenir. La cellule diplomatique de l’Élysée, qui juge que « le moment est opportun pour faire avancer les choses », est à pied d’œuvre depuis dimanche soir pour arracher un compromis entre les deux camps. « Ce serait la première fois que les deux parties acceptent, sur un document simple mais constructif, de se mettre d’accord sur cette période de transition politique », souligne-t-on à l’Élysée.

Paris espère notamment inscrire dans la déclaration le rejet de toute solution militaire à la crise libyenne, ce qui pourrait passer par une mention « de la cessation des hostilités au moins pour tout ce qui ne relève pas de la lutte contre le terrorisme ».

Un rendez-vous diplomatique bénéfique pour Macron, al-Sarraj et Haftar

Mais si réunir al-Sarraj et Haftar est symboliquement fort et si obtenir de leur part une déclaration commune serait une avancée certaine, l’Élysée a bien conscience que « les lignes politiques ne sont pas totalement convergentes » et souligne que « l’idée n’est pas de trouver mardi une solution à la crise libyenne ».

Même si Fayez al-Sarraj a récemment proposé la tenue d’élections parlementaires et présidentielle en mars 2018, les questions de gouvernance devraient ainsi être renvoyées à plus tard.

En attendant, c’est l’affichage politique qui jouera un rôle majeur au château de La Celle Saint-Cloud. « Pour Emmanuel Macron, il s’agit de profiter de son aura sur la scène internationale et de la faire perdurer pour parvenir à convaincre les deux représentants libyens de signer une déclaration commune », explique à France 24 Mattia Toaldo, chercheur spécialiste de la Libye à l’European Council on Foreign Relations.

« Le général Haftar, lui, cherchera à gagner en crédibilité et en légitimité à l’étranger, poursuit le chercheur. Obtenir cinq minutes au côté de Macron lui sera particulièrement bénéfique. Quant à al-Sarraj, son poids politique est tellement faible en Libye qu’il ne peut qu’être gagnant en participant à une telle rencontre. »

Paris assure s’inscrire « dans une dynamique collective »

L’équilibre des forces sur le terrain a en effet basculé du côté de Khalifa Haftar. Ce dernier, qui a par ailleurs l’avantage d’être considéré comme le principal rempart contre la menace jihadiste, a sécurisé plusieurs bases dans le sud du pays, a conquis la base stratégique d’Al Joufra dans le centre et pourrait se diriger vers Syrte dans les prochaines semaines.

La France, qui alerte depuis près de trois ans sur la situation en Libye où le vide sécuritaire et politique qui a suivi la chute de Mouammar Kadhafi a profité aux jihadistes, a reconnu l’an dernier la présence de ses forces spéciales dans le pays après la mort de trois de ses agents.

Pas question pour autant de faire cavalier seul, assure-t-on à l’Elysée, où l’on insiste sur le fait que l’initiative de mardi « s’inscrit dans une dynamique collective » et qu’il s’agit « d’associer tout le monde à travers les Nations unies » avant « d’autres initiatives qui seront prises dans les semaines et mois qui viennent ».

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