Emprisonnée depuis 15 ans pour trafic de drogue en Egypte : Amy Sèye attend une bouée de sauvetage de l’Etat

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La diplomatie sénégalaise est mise à rude épreuve en Egypte, dans l’affaire d’une compatriote accusée de trafic international de drogue en 1997 et condamnée à 25 ans de prison ferme. Pour avoir déjà purgé 15 ans de sa peine, Amy Sèye espère aujourd’hui humer l’air de la liberté, avec le concours des nouvelles autorités sénégalaises. Celles-ci, par le biais du ministre des Affaires étrangères, qui était en visite de travail au Caire, du 8 au 10 mai dernier, ont été sensibilisées sur cette affaire complexe afin d’y trouver une solution.
C’est l’histoire d’une Sénégalaise installée en Egypte au début des années 90, qui a vu ses rêves d’une vie meilleure à l’étranger, devenir un cau­chemar, sans fin, au Caire. Vi­vant dans la capitale du pays des Pharaons avec son mari français, Amy Sèye n’a jamais imaginé que sa vie allait basculer, sans l’appui de son conjoint disparu depuis, avec leur unique enfant.
Seule dans sa geôle de Sidji Nissai (prison des femmes), la dame âgée de plus de cinquante ans aujourd’hui, attend une grâce de l’Etat égyptien, pour avoir déjà purgé 15 années de sa peine. Reconnue coupable de trafic international de drogue et condamnée en mai 1997, à 25 ans de prison, Amy Sèye est en droit d’espérer un élargissement, conformément à la législation égyptienne. Seulement, il faut l’implication du gouvernement sénégalais, pour que son dossier puisse avancer de façon rapide.
Certes, les deux pays n’ont pas une Convention de transfèrement de prisonniers, mais le Sénégal peut obtenir de l’Egypte, une grâce de Amy Sèye, qui estime avoir déjà payé une faute, qu’elle jure pourtant n’avoir pas commise. En effet, rapportent des diplomates sénégalais au Caire, jusqu’à aujourd’hui, elle continue de contester avec véhémence, sa culpabilité dans cette affaire. Pour elle, c’est un coup monté, puisqu’elle n’a jamais su que les colis qu’elle allait récupérer à l’aéroport au nom d’une tierce personne, contenaient de la drogue, qui venait d’Amérique latine. C’est le jour où elle est tombée, qu’elle dit s’être rendu compte du risque qu’elle a toujours encouru, en toute inconscience. Mais, c’était sans compter avec un pays très conservateur, qui ne badine pas avec le trafic international de drogue.

LE MARI RENTRE EN FRANCE AVEC SON ENFANT
Au début de l’arrestation de A. Sèye, son mari du nom de Grosjean ainsi que la communauté sénégalaise vivant en Egypte, se sont mobilisés, pour obtenir sa libération, sans jamais y parvenir. Malgré la pléthore d’avocats chevronnés, constitués pour sa défense, A. Sèye a pris le maximum. Depuis, rapporte-t-on, le mari ruiné par cette affaire complexe, s’est résolu à retourner chez lui, en France, avec l’enfant qu’il a eu de cette union avec la Sénégalaise. Depuis, plus de ses nouvelles…
Les associations sénégalaises locales, qui venaient en aide à la dame, ont aussi fini par se lasser d’un combat perdu d’avance, dans la mesure où la dame Sèye a été prise en flagrant délit de transport de colis contenant des kilogrammes de la poudre prohibée. Ainsi, depuis plus de 12 ans maintenant, la dame Sèye croupit en prison sans l’aide de personne, à part celle de sa fille ainée qui vit présentement au Caire (lire ailleurs) et les représentants diplomatiques du Sénégal en Egypte, qui se cotisent souvent, pour lui assurer ses besoins. Elle n’a jamais rien reçu de l’Etat sénégalais.
Oubliée par les régimes de Diouf et Wade, elle espère enfin pouvoir humer l’air de la liberté, avec le concours des nouvelles autorités sénégalaises. L’actuel ministre des Affaires étrangères du Sénégal, qui était en visite de travail au pays des Pharaons, du 8 au 10 mai dernier, s’est d’ailleurs engagé à évoquer l’affaire avec son homologue égyptien.
En attendant, A. Sèye continue d’égrener son chapelet, du fond de sa cellule de la prison des femmes au Caire, psalmodiant des prières et guettant un coup de grâce. Bénéfi­ciant de visites une fois tous les trois mois, de la part des diplomates sénégalais en Egypte, la dame se porte bien, nous confie-t-on. Seu­lement, font remarquer nos interlocuteurs, elle perd son wolof au profit de l’arabe qu’elle a fini d’assimiler en prison.
A la famille de la détenue : Les assurances de Me Alioune Badara Cissé
La visite de Me Alioune Badara Cissé au Caire, du 8 au 10 mai dernier, a été perçue comme une bouée de sauvetage, par la famille de Amy Sèye, condamnée à 25 ans de prison, pour trafic international de drogue. Après 15 années de détention, A. Sèye attendait ce moment mais surtout sa fille, qui a saisi l’occasion pour sensibiliser le ministre des Affaires étrangères, sur le dossier de sa mère. K. Sow a été en effet reçue par Me Cissé, sur sa demande, pour lancer son cri de détresse à l’endroit des nouvelles autorités du Sénégal.
Après plusieurs vaines tentatives durant le magistère du président Wade, K. Sow a réussi aujourd’hui, à faire passer son message, sans aucun intermédiaire. «Le ministre des Affaires étrangères m’a assuré du soutien de notre pays et m’a promis d’évoquer le sujet avec son homologue égyptien, dès son retour au Sénégal», se réjouit-elle. Mieux, «Me Cissé m’a également promis de trouver les moyens de m’aider financièrement, pour que je puisse soutenir ma mère. Mes maigres moyens et les cotisations des représentants diplomatiques du Sénégal en Egypte ne suffisent pas toujours à régler ses problèmes en prison», confie-t-elle, souriante.
Venue en Egypte en 2008, après avoir eu vent de l’emprisonnement de sa maman pour trafic de drogue, la vie de K. Sow se résume aujourd’hui au baby sitting dans une famille égyptienne, afin de pouvoir prendre soin de sa mère. Une mère oubliée, dit-elle, par toute sa famille restée au Sénégal.
Déjà, raconte-t-elle, bien des années sont passées avant qu’elle n’apprenne l’arrestation de sa maman. Sa famille a préféré lui cacher la vérité, qu’elle dit avoir découverte chez un autre parent, qui avait fait le déplacement en Egypte. Avant de gémir : «Depuis, j’ai fait des pieds et des mains, pour trouver un billet. Je l’ai finalement obtenu ainsi que le visa, par l’entremise de bonnes volontés. Mais j’avoue que je souffre dans ce pays, pour aider ma mère à sortir de prison.»

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