Entretien avec Alioune Petit Mbaye apres sa rencontre avec le president Macky Sall

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En exil depuis quatre ans en France pour des montants financiers qu’il doit à la Société nationale des Télécommunications (Sonatel) et la Caisse nationale de crédit agricole (Cnca), Petit Mbaye a été reçu hier par le Président Macky Sall. Dans le seul but de se faire rétablir dans ses droits et retourner au pays.
Vous avez rencontré le Président Macky Sall pour lui faire part de vos revendications. Quelles sont justement ces revendications ?

J’ai saisi l’opportunité qui m’a été offerte de rencontrer le Président Macky Sall pour le féliciter d’abord de sa victoire et de celle du peuple sénégalais, mais aussi pour lui dire que je suis un jeune qui a fait certaines choses au Sénégal, j’ai travaillé dans mon pays et qu’à un moment donné, j’ai vraiment senti une oppression du régime qui était en place et qui m’a poussé à m’exiler en France.

Mais vous avez quand même un dossier qui était pendant devant la justice, concernant ce qui vous opposé à la Sonatel. Avez-vous demandé au Président d’intervenir ?

Non ! Je n’ai pas demandé au Président Macky Sall d’intervenir. Je lui ai juste dit que je veux que justice se fasse. Parce due le dossier qui m’opposait â la Sonatel (Société nationale des télécommunications) et à la Caisse nationale crédit agricole (Cnca), c’est que l’on m’avait accusé de détournement de deniers publics. Mais ce que j’ai dit au Président, c’est que pour détourner une chose, il faut en avoir la garde. Je n’ai jamais eu à travailler dans une Administration. Maintenant, s’ils me disent que la banque agricole est un bien de l’Etat et que ce sont des deniers publics, là je pense qu’il y a amalgame. C’est pourquoi, il y’ avait Me Alioune Badara Cissé qui était mon avocat qui était présent; je l’ai interpellé pour que justice soit faite. Aujourd’hui, les gens sauront que je ne dois que 17 millions de FCFA à la Cnca. Cette sommé ne mérite pas que je reste en France toute cette durée.

Est-ce que vous êtes prêt à payer cet argent pour pouvoir rentrer au Sénégal ?

Mais cet argent, je le dois à la banque, avec un contrat spécifié, j’avais commencé à payer cet argent et c’est là qu’il y a eu un acharnement contre moi, pour que les gens parlent de détournements de deniers publics. Mais 17 millions de FCFA ce n’est rien, pour quelqu’un qui a payé à des lutteurs des centaines de millions. Je ne pense pas que 17 millions de FCFA peuvent poser un problème.

Vous êtes en exil en France depuis plusieurs années. Est-ce que le pays vous manque ?

Bien sûr. Je ne connais que le Sénégal. J’ai travaillé dans ce pays depuis mes 25 ans, jusqu’à ce que je me présente à une élection présidentielle (il a été candidat à l’élection présidentielle en 2007, Ndlr) : à l’âge de 39 ans. Donc, si je dis que le Sénégal ne me manque pas, je raconte des contre vérités; d’autant que j’ai mes enfants, mes épouses et ma famille au Sénégal. Cela me fait très mal de rester loin de ce pays tout ce temps, même si de temps en temps on peut se voir quand ils viennent en Europe.

Mais comment faites-vous pour survivre en Europe ?

Je travaille. J’ai un métier, je suis expert-comptable de formation. Mais depuis très jeune, j’ai choisi d’être un libéral, de faire travailler des gens au lieu de travailler pour des personnes. Aujourd’hui, j’ai un salaire.

Comment vous débrouillez-vous justement pour vous en sortir ?

Je suis un fonctionnaire de la hiérarchie A. Je peux me prendre en charge. Mais je veux, avec mes deux bras, travailler pour le Sénégal. J’avais déjà posé les jalons. Tout le monde a vu ce que j’ai fait dans le domaine de la lutte, dans l’émergence d’artistes comme Ndongo Lô et bien d’autres. Je pense que j’ai toujours ma place au Sénégal pour travailler au service du développement de mon pays.

Mais n’avez-vous pas l’impression d’avoir perdu beaucoup de temps et d’espace, car il y a déjà des gens dans l’espace au Sénégal ?

C’est vrai que la nature a horreur du vide. Mais je pense que moi, j’étais un peu en avance sur ma génération. Quand je quittais le Sénégal; j’avais 39 ans et là j’en ai 44, donc je pense que si je reviens, je pourrais prendre la machine en marche.

Vous avez tantôt dit que, lors de la campagne électorale, le Président Wade a essayé de vous approcher. Comment cela s’est passé ?

Effectivement, il m’a approché lui-même, mais aussi par personnes interposées, par des amis que nous avons en commun; pour me demander un retour éventuel, moyennant même une amnistie. Mais, j’ai fait la part des choses et je me suis dit que, des gens qui vous ont combattu et qui vous ont laissé en exil pendant 4 ans et attendre le début du processus électoral pour vouloir signer un pacte avec vous, c’était signé un acte avec le diable. C’est pourquoi, j’ai refusé.

Mais qu’est-ce qu’il voulait exactement ?

Que je le soutienne. Que je soutienne son fils pour l’élection présidentielle, que je fasse une déclaration préliminaire et qu’à mon arrivée à l’aéroport de Dakar, qu’il me recevrait au Palais pour me responsabiliser dans l’attelage qui devait l’accompagner pour cette élection.

Mais vous voulez rentrer au Sénégal, vous en avez parlé au chef de l’Etat, est-ce que vous ne craignez pas justement que les banques vous poursuivent encore ?

Non. C’est une seule banque à qui je dois 17 millions de FCFA et à qui j’avais déjà commencé à payer 4 à 5 millions FCFA. Donc, ce n’est pas ça le problème, mais c’est l’acharnement contre moi qui m’inquiétait. Je sais travailler et j’ai des biens. Si je vends un de mes biens, je peux honorer cette dette. Le problème, c’est que l’Etat ne m’a jamais pardonné le fait de m’être présenté contre Me Wade 2007 et d’avoir été plus agressif que l’ensemble de l’opposition réunie. Vous pouvez revoir les cassettes de la campagne de 2007.

Et là, vous, pensez vraiment que votre appel sera entendu par le Président Macky Sall ?

Vous-mêmes vous l’avez vu, il a bien accueilli ce que j’ai dit. Un de ses collaborateurs, en l’occurrence Me Alioune Badara Cissé, était le premier à combattre l’injustice contre ma personne. Il était tout le temps là. Même quand j’étais devant le magistrat et devant le juge d’instruction, il était là en me disant que c’était juste de l’acharnement et rien d’autre. Donc, aujourd’hui qu’ils sont au pouvoir, je pense qu’ils vont rétablir cette justice.

SOURCE : L’OBS RECUEILLIS PAR ALASSANE SAMBA DIOP (ENVOYE SPECIAL A PARIS)

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