ENTRETIEN AVEC MOUSTAPHA NIASSE «Reporter le scrutin si… »

Moustapha Niasse n’imagine pas, en cas de retrait de la candidature de Me Wade, une élection sans un représentant du parti démocratique sénégalais ou de la coalition de la mouvance présidentielle. Dans ce cas, il est, selon lui, envisageable de reporter la date du scrutin du dimanche 26 février. «Si le Président Abdoulaye Wade retirait sa candidature aujourd’hui, avec courage et le sens des responsabilités, il faudrait envisager, en ce moment, un report de la date du scrutin pour permettre à Abdoulaye Wade, à son parti, à sa coalition de désigner un candidat qui serait éligible selon la Constitution», dit-il dans cet entretien qu’il nous a accordé en marge du point de presse tenu hier, lundi 20 févier, à Ziguinchor. Mais, il précise que c’est son point de vue et qui n’engage pas la Coalition Bennoo Siggil Senegaal, encore moins le Mouvement du 23 juin (M23).

Quelle lecture faites-vous du scrutin du 26 février, à une semaine du vote ?

S’il arrivait qu’Abdoulaye Wade participe à ce scrutin, il a déjà ficelé, dans un logiciel, que tout le monde connaît, des résultats préfabriqués. Il l’a fait en 2007. Wade a pris le pouvoir, malgré tout, il l’a gardé, en se déclarant vainqueur au premier tour. Donc, c’est un mandat illégitime qu’il a arraché aux Sénégalais contre le droit et la loi.
L’autre singularité, c’est que le Sénégal a des priorités aujourd’hui : cette image du pays qui a été craquelée et qui se trouve dans une situation où des médiateurs viennent intervenir dans nos problèmes intérieurs et cela provient du comportement entêté d’Abdoulaye Wade. Ensuite, cette perte de crédibilité va nous coûter chère. Et le gouvernement qui va remplacer celui qui est actuellement au Sénégal, ainsi que le Chef de l’Etat qui va remplacer le Président Wade, auront beaucoup de difficultés. Mais, nous sommes prêts à les affronter, à les prendre en charge. Il y aura toujours des solutions pour régler les urgences du Sénégal

Etes-vous sûr aujourd’hui, de votre élection à la tête du pays ?

Moi, je ne peux pas être sûr, parce que je suis un croyant. Je ferai tout ce qui serait dans mes capacités pour être élu. Si je le suis, je remercie le bon Dieu, si je le suis pas je le remercierais et je continue à servir mon pays. Ce que je sais, c’est que la coalition Bennoo Siggil Senegaal est extrêmement importante dans sa composition, en termes de qualité, d’expériences, de savoir-faire et de compétences. Et que si les Sénégalais nous écoutent, eh bien, ils m’éliront et à la tête d’une équipe plurielle de compétences et de savoir-faire, nous allons redresser la situation et reconstruire le Sénégal.

Est-ce que la situation chaotique que vit le Sénégal n’est pas une raison suffisante pour reporter le scrutin de la présidentielle ?

Cela peut être le cas, si dimanche 26 février, les conditions ne sont pas créées ou n’existent pas, pour un déroulement apaisé et serein du scrutin, il se peut que le Sénégal soit amené à reporter ou à faire reporter la date des élections. C’est quelque chose qui peut arriver, tout comme si Abdoulaye Wade décidait demain de retirer sa candidature, certainement le scrutin pourrait avoir lieu le 26 février. Il y a beaucoup d’incertitudes. Nous continuons, mais la situation est grave.

Pouvez-vous imaginer un scrutin sans un candidat du Pds ou de la mouvance présidentielle ?

Non, je crois que si le Président Abdoulaye Wade retirait sa candidature aujourd’hui, avec courage et le sens des responsabilités, il faudrait envisager, en ce moment, un report de la date du scrutin pour permettre à Abdoulaye Wade, à son parti, à sa coalition de désigner un candidat qui serait éligible selon la Constitution.

Etes-vous prêt à faire cette concession?

C’est un avis personnel, qui n’engage pas la coalition Bennoo Siggil Senegaal, le M23. C’est Moustapha Niasse qui répond à une question que vous lui avez posée. Il faudrait donc envisager, dans le cadre d’une négociation rapidement menée, avec sérieux et avec élévation, si Abdoulaye Wade retire sa candidature, qu’il sied la possibilité de permettre au parti démocratique sénégalais (Pds) et à la coalition qui est autour de lui, de se préparer pour présenter un candidat. C’est mon avis et cela n’engage que moi.

Son Excellence Obasanjo sera dans nos murs pour une médiation. Dans quel état d’esprit vous allez le rencontrer ?

Le Président Obansanjo est un homme extrêmement sérieux, que je connais personnellement, qui a dirigé le Nigéria à l’occasion de deux mandats. Il avait quitté le pouvoir, avant de revenir, à l’issue d’une élection démocratique. Je pense qu’il faut lui donner la possibilité de réussir cette mission de médiation, parce qu’il l’effectue au titre des dispositions du Protocole III du Traité de la Cedeao. Il faudrait l’aider à nous aider et je pense qu’il faut s’ouvrir aux propositions qu’il nous fera et qu’on étudiera ensemble.

Si le Président Obasanjo vous demande de laisser Me Wade aller aux élections et donner aux citoyens la possibilité de s’exprimer par les urnes, quelle sera, dans ce cas, votre attitude ?

Il ne peut pas nous le demander, parce qu’il aurait contribué à violer la Constitution.