Entretien: Diplomatie, passeports, sénégalais de Russie…. l’ambassadeur Abdou Salam Diallo s’explique !

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Venu rendre visite à la presse sénégalaise, l’ambassadeur du Sénégal en Russie est revenu sur la visite du chef de l’Etat dans le pays. Abdou Salam Diallo a également abordé plusieurs questions dont le problèmes des papiers que rencontres plusieurs sénégalais vivant en Russie.

Excellence, quel était l’objet de la visite du président de la République en Russie ?

Il était là dans le cadre d’une visite privée. Il était là pour soutenir les « Lions » pour leur premier match de la coupe du monde. La visite était privée, mais nous l’avons saisie pour faire le tour d’horizon des relations entre le Sénégal et la Russie. Le président veut porter cette coopération entre les deux pays à de très haut niveau. Nous sommes conscients que la Russie peut beaucoup nous apporter. Nous sommes aussi conscients que c’est un pays qui peut avoir besoin de nous. Les deux chefs d’Etats ont discuté au moins pendant 45 minutes. Je pense que pour une visite privée, c’est extraordinaire d’avoir la chance de rencontrer le président Poutine et de discuter des questions de fonds. Cette coopération était déjà bonne, mais les deux chefs d’Etats ont la volonté de la porter à un niveau très élevé.

Quels sont les points développés lors de cette audience avec le président russe?

Le président Macky Sall a beaucoup insisté sur l’importance pour la Russie d’être présente au Sénégal. La présence culturelle est réelle, car le russe est une langue qu’on étudie au Sénégal. Il a rappelé au président Poutine qu’il a fait le russe au lycée. La Russie a aussi formé des centaines de cadres sénégalais. Nous avons estimé qu’il était important pour la Russie d’assurer un peu mieux la formation de scientifiques sous Senghor et ses successeur. C’était plutôt des gens de la littérature.

Quels sont les domaines dans lesquels les étudiant sénégalais sont le plus formés ?

Entre 2016 et aujourd’hui, nous avons eu plus d’une centaine de jeunes sénégalais qui viennent faire hydrocarbure, ingénierie et agronomie. Nous avons réorienté la formation de nos cadres vers les domaines scientifique. Maintenant, 80 à 90 % , c’est dans des domaines scientifiques. Le président a beaucoup insisté sur la formation dans le domaine des mines ou des hydrocarbures. Dans quatre ou cinq ans, le Sénégal sera un pays producteur de pétrole. Le président Vladimir Poutine l’a compris et il est d’accords. Ils ont aussi parlé de la nécessité de beaucoup plus de présence des entreprises russes au Sénégal. Les investisseurs russes sont invités à venir au Sénégal.

Quelle a été la réponse du président russe ?

Le président Poutine a répondu que beaucoup d’entreprise sont prêtes à venir investir au Sénégal. La question d’un vol direct Moscou-Dakar a été évoquée aussi. Nous pensons aussi que l’aéroport Diass peut polariser toute la sous-région. Ça peut ne pas être rentable au début. Mais en polarisant la sous-région (Guinée Bissau, Guinée Conakry, la Gambie et le Mali), cette ligne peut le devenir par a suite. Le président Poutine a aussi promis de faire évaluer cette demande du président Macky Sall.

Pouvez-vous nous raconter les autres domaines abordés par les deux présidents ?

Nous avons aussi parlé de la pêche. Les deux présidents ont convenu de se réunir pour relancer les négociations. L’objectif est de trouver un accord gagnant gagnant et équilibré. Nous voulons que nos amis russes puissent venir pécher, suivant des quotas et que nous puissions en bénéficier. Il y aura aussi une formation de nos techniciens en matière de pêche. Ce sont des accords qui seront inclusifs et équilibrés. Dans les mois à venir, les négociations seront relancées.

Est-ce qu’il y a des Sénégalais en détention dans en Russie ?

C’est clair, car il n’y a aucun pays où les étrangers ne vont pas en prison. Vous allez en prison, si vous faite un délit. Par contre, je pense que c’est l’agent consulaire qui peut dire exactement le nombre. Mais je pense que nous avons deux ou trois cas. Nous comptons d’ailleurs rendre visite à un jeune sénégalais qui est là. Il a malheureusement fait l’objet d’une condamnation à trois mois. Mon agent consulaire est même allé voir le juge qui avait son dossier pour voir comment gérer ce cas. Il a été condamné et il est à peu près de trois cent kilomètres de Moscou. Nous comptons lui rendre visite dans les jours à venir.

Est-ce qu’il y possibilité pour ces derniers de purger leur peine au Sénégal ?

Nous avons relancé la partie russe pour qu’on signe un accord de transfèrement des prisonniers, des deux parties. C’est-à-dire que s’il y a des Russes qui sont condamnés au Sénégal, qu’ils puissent purger leur peine en Russie et vice versa. J’ai adressé une note verbale au ministère russe des Affaires Etrangères. Mais comme vous le savez, dans ce genre de relations, vous faites votre proposition et vous attendez. Nous avons demandé aussi à notre ministère des Affaires Etrangères d’appuyer l’ambassadeur de la Russie au Sénégal pour pousser ce dossier.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre mission ?

Nous avons une communauté sénégalaise très restreinte, comparé à celle qui est en Italie, France ou Espagne. Ici, nous avons une communauté à peu près estudiantine. Le reste, ce sont des émigrés qui ont entre 25 et 30 ans. Je peux vous dire que ce sont des jeunes engagés et éduqués. Je passe de temps en temps les voir et je suis content de leur comportement. En général, ils sont très bien éduqués car ils viennent souvent de foyer religieux. Ils se regroupent en « Dahira » et il y a une discipline de groupe. Globalement, nous n’avons pas de difficultés particulières. Certains sont en situation régulière et d’autres non. Mais puisqu’ils ne commettent pas d’erreurs, ils sont acceptés.

On parle beaucoup de racisme dans ce pays. Qu’en est-il ?

C’est sûr qu’il y a certains qui vont dire que je suis ambassadeur et c’est pour cela que je n’ai pas ce problème. Je ne le cache pas, car ce genre de problème existe partout dans le monde, même en Afrique. La Russie n’échappe pas à cette logique. Il y avait d’énormes difficultés dans ce pays en 1991. Il a fallu un président comme Poutine pour réorganiser le pays. Je dois avouer que je ne fais que reprendre ce que des diplomates africains m’ont dit et des africains qui vivent ici. Depuis que le président Poutine a pris ce pays, la question de la xénophobie a pratiquement était réglée. Le président Poutine ne tolère pas qu’un Russe ait une attitude violente à l’encontre d’un Africain. Ce n’est plus comme il y 10 ans, car le pouvoir n’accepte pas cela. Aujourd’hui, on peut circuler à n’importe quelle heure sans problème. Les Africains peuvent vivre sans crainte, sans problèmes en Russie.

Des Sénégalais vivant en Russie évoquent des difficultés dans l’obtention du passeport. Où est ce que vous en êtes avec le renouvellement ?

Il y a un système de centralisation de la confection des titres voyage à partir de la direction de l’automatisation de fichiers au ministère de l’Intérieur pour des questions de sécurité. Il y a beaucoup de pays dont les documents de voyage ne pas sont fiables, car c’est facile de faire des trafics. Nous avons pris cette option de traiter de manière informatique les renseignements et les données personnelles. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui, le passeport sénégalais est très sécurisé. Mais l’inconvénient, c’est que vous êtes obligé de faire une demande, si vous êtes à l’étranger à l’ambassade. Ensuite, c’est ce dernier qui alerte le ministère de l’Intérieur pour dire qu’il y a un stock de demande. Le problème à Moscou est que très souvent, cela peut être difficile parce que ce sont les étudiants qui doivent renouveler leurs passeports pour poursuivre leurs études. Et en général, ils ne sont que 20. L’Etat est aussi obligé de planifier les missions, comme que les moyens sont limités. Nous ne pouvons pas à chaque fois que quelqu’un a besoin d’un passeport, envoyer quelqu’un. Nous faisons des efforts énormes, mais peut-être nous ne communiquons pas bien. Nous avons la chance d’avoir un brigadier qui va venir faire les passeports. Et ce problème sera derrière nous dans deux à trois jours maximum. Il sera là pour une dizaine de jour. Et pour le moment , toutes les demandes ont été faites. Il va juste renouveler une trentaine, pas plus.

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