Entretien exclusif avec le Directeur du Festival Koom Koom Mr. George Dénis DIATTA

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Xalima : Monsieur le Directeur du Festival Koom Koom, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Xalima.com ?

Mr Diatta: Je me nomme Georges Denis DIATTA, Animateur Culturel de formation en poste au service des études de la prospective et de la planification du Ministère de la Culture. Militant intrinsèque de l’action culturelle depuis plus de 10 ans. J’ai fait mes recherches de soutenance sur l’impact Economique et Sociétal des festivals privés au Sénégal.

Xalima : Quelle est la genèse de ce Festival et quels sont ses objectifs?

Mr Diatta : L’historique du festival koom koom découle de plusieurs recherches d’abord artistiques et ensuite scientifiques, de témoignages et d’avis d’experts.

Le Groupe Goorgoorlou a introduit avec succès la calebasse dans ses productions. Depuis 1993, les ateliers de Goorgoorlou développent la production de meubles en calebasses et l’ont introduit dans l’aménagement, la décoration de stands, de bars, maisons dans les manifestations culturelles nationales et internationales.

La production d’objets utilitaires en calebasse a été initiée et développée avec succès (paniers, tasses, assiettes, bols, bancs, salières, sucriers, etc.) pour répondre efficacement à l’utilisation abusive du plastique non biodégradable et améliorer le cadre de vie.

Ce travail nous a poussés à réfléchir sur l’agriculture de la calebasse qui peut créer des milliers d’emplois et renforcer l’écosystème. De plus en plus d’avis, de témoignages et de recherches nous ont édifiés sur les aspects environnementaux, énergétiques, médicaux et sociaux de la calebasse.

 

Aussi en tant qu’acteur du tourisme,  le Groupe Goorgoorlou a rencontré des professionnels du tourisme mondial après présentation des vertus et opportunités de la calebasse, qui nous ont édifiés sur l’intérêt touristique de la calebasse et au-delà, du patrimoine culturel qu’il représente. Le seul fait que toutes les ethnies africaines soient concernées par la calebasse est une source de découvertes et de connaissances historiques et culturelles.

Avec une claire conscience que l’exploitation de ce matériau contribuerait à la réalisation de notre idée de départ, le Groupe Goorgoorlou a jugé nécessaire de lui trouver un cadre d’expression avec des  professionnels. Ce cadre c’est le Festival koom koom (ressources)  et qui ambitionne de devenir  un marché des objets et produits à base de calebasse même si l’on y retrouve d’autres outils du patrimoine culturel. La 5e  édition  va se tenir à Ziguinchor du 09 au 10 décembre 2012 et compte sur la présente de plusieurs délégations du Sénégal, de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau entre autres pays invités.

 

 

Xalima : Qu’est-ce qui explique ce choix porté sur la ville de Ziguinchor pour accueillir un tel événement de dimension sous régionale ?

Mr Diatta : Après une phase test dans sa mise en œuvre en 2007 qui nous a amené à Fatick, à Saly et à Dakar, nous avons compris que la calebasse, d’après plusieurs témoignages, pouvait contribuer, de part son symbolisme, à la paix définitive,  avec à la clé la création d’entreprises évoluant dans divers secteurs et la création d’emplois et nous avons décidé de l’implanter en Casamance qui de par sa situation géographique connait une grande diversité et un brassage culturel très dense.

Qui plus est, la Casamance connait un conflit qui a presque mis à genou son économie et dégradé son tissu social et sa dimension culturelle d’un passé récent. Avec les vertus et opportunités socioculturelles économiques qu’offre l’exploitation de la calebasse, la visibilité qu’offre la réalisation d’un tel événement, nous pensons ainsi contribuer à la paix définitive et au développement durable cette zone.

 

Xalima : Quel est le rôle dévolu aux collectivités locales et aux organisations communautaires de bases comme les ASC et réseaux de socioculturels dans cette manifestation ?

Mr Diatta : Le projet koom koom est un projet de développement durable. C’est en ce sens qu’il intègre trois axes stratégiques : production, transformation, et commercialisation. Après avoir démontré de la pertinence de la promotion et de la réappropriation de la calebasse, il est évident qu’aux collectivités locales, revient le rôle d’animation, de promotion et de développement de l’activité culturelle qui peut tourner autour de cet instrument.

Cependant force est de reconnaître que très souvent, elles n’ont pas les moyens de leur politique. C’est dans ce sens qu’il faut saisir du partenariat public-privé pour réussir  les défis et enjeux liés à la culture qui est une compétence transférée. Malheureusement ce partenariat n’est pas souvent assez bien compris par les autorités locales…

Tout compte fait aux collectivités locales nous lançons un appel pour pouvoir accueillir fièrement les hôtes de la Casamance par ce formidable mouvement de solidarité nationale grandissant envers cette partie du pays éprouvé par 30 ans de conflit.

Aux organisations communautaires et ASC nous appelons à relever le pari de la mobilisation et de l’organisation car étant les premières parties prenantes de cet action. Aujourd’hui, pratiquement, toutes les ASC  au niveau de Ziguinchor sont partie prenante de cette manifestation de façon officielle car nous poursuivons le même objectif en direction des populations, surtout de la jeunesse. Les socioculturels aussi.

Xalima : Monsieur le Directeur, pouvez-vous nous parlez du contenu de votre manifestation et de l’état d’avancement des préparatifs ?

Mr Diatta : Koom koom 2012 se déroulera, en dehors de l’exposition, des plateaux artistiques et du carnaval etc. autour principalement d’un symposium sur 2 jours avec un Atelier qui traitera de la problématique de la Paix soutenue par les femmes leaders, d’un atelier qui traitera de la relation Tourisme Industrie Culturelle Artisanat d’art ébauche des synergies et canevas d’actions et d’un atelier sur les vertus médicinales de la calebasse.

Xalima : Quelles sont les délégations que vous attendez à Ziguinchor?

Mr Diatta : On attend à Ziguinchor une forte délégation de parlementaires, d’organisations féminines de la société civile et de l’exécutif, une délégation de la Guinée, une délégation de la Guinée Bissau, beaucoup d’acteurs évoluant dans divers secteurs de la culture et du tourisme dont des producteurs et des tours opérateurs, des médecins   de l’association Santé solidaire et des thérapeutes membres de l’AMPHOTS etc.

Xalima : Rassembler autant de délégations  évoluant dans des secteurs aussi différents et importants ne doit pas être facile. Avez-vous reçu le soutien de l’Etat du Sénégal ?

Mr Diatta : L’Etat, à travers ses différents démembrements, est en train de s’organiser pour apporter son soutien à cette action et je pense qu’il  ne tardera pas à le formaliser pour cet événement de portée nationale. Par ailleurs à titre personnel, des personnalités de l’Etat ont manifestées leur soutien à l’événement. Il faut saluer ici le soutien et l’intérêt que la fondation de la première dame a manifesté vis-à-vis du Festival. Madame Marième Faye SALL a même promis, lors d’une audience qu’elle a accordé au Festival de nous trouver une audience avec le Chef de l’Etat. Toutes les parties prenantes attendent cela avec impatience pour pouvoir donner notre vision sur le développement de la Casamance qui peut et doit passer par l’action culturelle entre autres.

Xalima : A ce stade des préparatifs, quelles sont les difficultés que vous rencontrez?

Mr Diatta : Il nous tarde de boucler notre budget pour faire face aux défis organisationnels de ce grand événement et c’est le lieu pour moi de lancer un énième appel  au ministère de la culture  qui, dans ses missions d’accompagnement de l’action culturelle dans le cadre d’un partenariat durable, devrait jouer les premiers rôles pour cette action, qui rappelons le, est, à l’origine, culturelle et démontre à suffisance, le caractère transversal de la Culture.  Mais aussi, elle est un entreprise pour accompagner cet effort national à l’endroit de la Casamance, au nom de la responsabilité sociale des entreprises ou partenariat « win win ». Nous appelons la participation de toutes et de tous.

Xalima : Pensez-vous pouvoir boucler votre budget à temps ?

Ayant récemment le soutien de la première dame comme je l’ai dit et de la primature, et de la première vice présidente de l’Assemblée Madame Awa Guèye à titre individuel etc. nous restons confiants pour les jours à venir.

Xalima : Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui vous ont poussé à choisir comme thème : la dimension économique et social de la calebasse ?

Nous avons choisi ce thème afin de mieux faire percevoir aux sénégalais et aux pays invités les enjeux et perspectives liés à la calebasse.

En effet, toujours en cohérence avec les objectifs globaux de notre projet, nous proposons la calebasse comme moyen de lutter efficacement contre la pauvreté et le chômage par son exploitation au vu de nombreuses potentialités qu’elle recèle mais aussi contribuer efficacement à l’intégration et à la paix de part son symbolisme d’unité commun à toutes les ethnies du Sénégal et d’ailleurs en Afrique.

Xalima : Croyez-vous vraiment que les résolutions qui naîtront de ce symposium  seront suivies d’effets probants au bénéfice de la paix et du développement de la Casamance naturelle?

Mr Diatta : Le fait de réunir pour cette édition des personnalités de l’exécutif, du législatif, du judiciaire, de la société civile et de la presse augure d’une meilleur prise en charge des résolutions qui sortiront des réflexions de  ces panels de hauts niveaux parmi lesquels on peut citer entre autres Makhily Gassama, Djibril Tamsir Niane, le professeur Koutoudjio, Raphaël Ndiaye, le Gouverneur Saliou Sambou, tous membres de notre comité scientifique.

Xalima : Monsieur le directeur, quel appel lancez-vous aux populations en générale et aux jeunes en particulier dans cette forte campagne de promotion des multiples vertus de la calebasse ?

Mr Diatta : Je paraphraserai l’éminent homme de culture, le Président Senghor : « Enracinement, Ouverture… » La calebasse est notre patrimoine et notre « fidèle alliée » nous accompagnant depuis notre naissance en passant par le mariage ou autres cérémonies rituelles jusqu’ à notre mort, n’ayons pas le complexe de pérenniser ce compagnonnage vieux de plusieurs âges et de l’ouvrir au reste du monde car il nous est utile.

Xalima : Le mot de la fin ?

Mr Diatta : Nous remercions déjà tous nos partenaires qui nous accompagnent présentement. L’honorable député Mously Diakhaté et ses amies les ministres Zahra Iyane Thiam, Aminata Touré, Madame Thiam Thérèse Diédhiou présidente de la plateforme des femmes pour la paix en Casamance etc. se sont véritablement engagées auprès du président du Groupe Goorgoorlou et de toute l’équipe du Festival afin de faire de cette édition une réussite totale.

Xalima : En vous souhaitant plein succès, Xalima.com vous remercie.

Xalima.com

 

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