Est-il crédible ce « Consultant bancaire » ? » (Par Ahmet Sarr)

Date:

Ces jours-ci, un consultant  bancaire se distingue dans la presse par des contributions portant sur la politique économique et sociale du Président Macky Sall. Nous lisons ses contributions avec attention. Nous les saluons vivement. car tout citoyen se doit de contribuer, à sa manière, à la bonne gouvernance du pays suivant ses aptitudes ou ses capacités.

Dans sa dernière contribution titrée : « Second mandat du président Sall : vers un debt overhang inévitable. » et publiée dans le très réputé journal en ligne Dakaractu, ce consultant bancaire, d’emblée, commence son premier paragraphe par cette expression : « Dans la loi des Finances 2019 » (sic). Nous pouvons penser que c’est juste un lapsus, surtout que Microsoft Word, avec la fonction de vérificateur d’orthographe et de grammaire,  change les mots quelquefois à notre insu. Cela nous arrive tous. Mais plus loin, dans la section titrée : « Historique », ce consultant bancaire poursuit : « le gouvernement risque de ne pas procéder à des réformes fiscales comme indiquées dans la loi des Finances de 2019 » (sic).

Auparavant, dans une autre contribution publiée, cette fois ci, dans le très populaire journal en ligne dans la Diaspora, Xalima et titrée : « Les réalisations du président Macky Sall », ce même consultant, dans les cinquième et sixième paragraphes de la section intitulée : « le Sénégal tarde toujours à décoller », écrit respectivement ceci : « Quand la loi de finances demande si l’Etat possède un système fiscal… » ; « Quand la loi de finances demande si l’Etat utilise les ressources empruntées… ».

Ainsi, la lecture de ces deux paragraphes, ci-dessus, révèle une inconsistance dans la manipulation des concepts et expressions, notamment l’expression juridique et/ou économique «  loi de finances ». Ce qui laisse perplexe tout initié en droit et/ou en économie, car ce consultant signe sa contribution avec le titre de «Consultant bancaire ». D’où l’éveil d’un doute de la capacité de discernement de ce consultant d’une part ; et, d‘autre part, d’un doute de ses capacités à formuler des conseils dans les domaines économique et fiscal.
Ce doute se justifie d’autant plus que la contribution, qui introduit l’expression correcte « loi de finances », est antérieure à celle où l’expression incorrecte est mentionnée. Autrement dit, si l’expression incorrecte figurait dans la première contribution, celle qui a la bonne expression, il aurait eu la chance de la rectifier dans la seconde, la toute dernière. Et, là, le doute au sens juridique, le bénéfice du doute, peut-être, s’appliquerait.

Rappelons, toutefois, la définition de « la loi de finances » pour nos lecteurs. Cette « loi de finances », précisons-le, n’est pas le thème de notre contribution.

La « loi de finances » est l’acte législatif par lequel le Parlement vote le budget de l’État. Elle autorise le pouvoir exécutif à percevoir l’impôt et à engager des dépenses publiques pendant une période déterminée, et peut contenir d’autres dispositions relatives aux finances publiques. Autrement dit, c’est l’ensemble des recettes et des dépenses de l’État pour l’année à venir. Cette loi propose le montant, la nature et l’affectation des ressources et des charges de l’État selon un équilibre économique et financier déterminé. [1]

Dès lors, à l’endroit de ce consultant bancaire, des questions taraudent l’esprit. A-t-il fait ses humanités en droit et/ou en économie au point de s’embourber dans l’utilisation de la bonne expression ? A-t-il les aptitudes d’un expert capable de déceler les failles économiques du Plan Sénégal Emergent (PSE) ou de parler de debt overhang ou, encore, de projets improductifs ? Ne lisons nous pas les contributions de deux consultants ? D’une part, un consultant qui se proclame consultant « bancaire », mais ignore l’expression correcte. Par respect, nous nous imposons de ne pas utiliser l’expression appropriée pour qualifier ceux qui s’arrogent des titres ou fonctions qu’ils ne détiennent pas. Et, d’autre part, un autre consultant, un vrai consultant bancaire alors, qui manipule la bonne expression et semble en connaitre le sens. Enfin, n’utilise-t-il pas les services d’un «  nègre » ?

C’est troublant !

A ce cher consultant, nous lui affirmons que « la loi de Finances » est l’expression correcte. Nous ne soulevons point une question de grammaire. Soyons clair. Les grammairiens pourront fournir des explications sur l’emploi de « loi de finances » et non «  loi des finances » que nous entendons ou lisons souvent.

La question centrale est comment un consultant, de surcroît bancaire, peut méconnaitre la bonne expression ? En effet, la « loi de finances » est une de ces expressions subtiles que tout étudiant, abreuvé aux théories et concepts juridiques et économiques, acquiert dès les premières années de son cursus universitaire.

Par conséquent, cette seule méconnaissance le discrédite. Il peut avoir, certes, une aptitude à la recherche, mais un fossé existe entre cette aptitude et la compréhension des résultats de ses recherches.

Nous conseillons à ce consultant « bancaire »  de signer simplement ses contribution avec un titre de : Consultant. Ce titre est, d’ailleurs, galvaudé dans le Sénégal d’aujourd’hui, où chaque Sénégalais est consultant en quelque chose.

Nonobstant ce scepticisme, adressons certaines des critiques, nous dirons politiciennes, soulevées.

Ce consultant affirme que le PSE souffre d’insuffisances. Certainement, comme toute œuvre humaine. C’est dans l’ordre normal des choses. Il suffit de les corriger, mais encore faut-il qu’elles soient identifiées par ceux qui peuvent distinguer une loi de finances d’une loi des finances.

Ce consultant  admet aussi que l’endettement n’est pas mauvais, mais que le Sénégal utilise mal son endettement dans des projets improductifs. Effectivement, un pays qui s’endette n’est pas une mauvaise chose. Rappelons que l’encours de la dette du Sénégal se chiffre à 47% [1] du produit intérieur brut (PIB) en fin 2017  et qu’il est projeté à 48% en 2018 ; la norme UMEOA est de 70%. A titre comparatif, la dette publique de la France s’établit à 98,4% [2] du PIB au quatrième trimestre de 2018 ; celle des Etats Unis caracole à 105,4% [3] du PIB en fin 2018. Donc, le spectre d’un debt overhang ne concerne pas le Sénégal puisqu’ il gère prudemment sa dette. Nous sommes en deçà de ce taux alarmant, quoique ce consultant affirme une manipulation du calcul du PIB qui justifie ce taux.

Quant aux projets du PSE, ce consultant les qualifie d’improductifs. Nous attendons de lui des éléments de comparaison avec des projets similaires. Il reste muet sur le délai de récupération des investissements, du taux de rendement comptable, de la valeur actualisée nette ou encore du taux de rendement interne de ces projets. Quels sont les impacts socio-économiques de ces projets sur les populations, les communes, les régions, etc. ? Les a-t-il quantifiés pour faire des affirmations ? Nous sommes dans un « Data-driven world » comme on le dit en Anglais ou dans un monde guidé par les données en Français. Tout est question de données et de mesures qui doivent être le socle sur lequel repose tout argumentaire.

Enfin, nous attendons ce consultant sur le plan technique avec des données, des ratios et des comparaisons sur les court, moyen et long termes, puisqu’un consultant bancaire, en principe, glane une expérience et une formation dans les domaines économique et financier. Par en principe, nous entendons la norme ou qui doit être, du moment que c’est un terme équivoque présentement au Sénégal. Un consultant bancaire ne surnage pas dans les généralités ; de même, il ne s’empêtre pas dans la politique politicienne pour convaincre.

Nous nous arrêtons là. Nous craignons de prêcher dans le néant, puisque le doute cartésien nous hante. Nous peinons à accorder à ce consultant la qualité de consultant bancaire. Bref, il semble appartenir à cette caste d’innombrables consultants qui soliloquent, en fait, sur des thèmes qu’ils pensent maitriser. Bof, des faiseurs de bruit !

Monsieur le Premier ministre lui a déjà apporté la réplique dans une tribune intitulée : « Une somme d’optima n’est pas nécessairement un optimum » ou « De la rationalité de considérer l’image globale du Plan Sénégal Emergent et non de ses dérivées ». Ce cher consultant ne paraît pas en saisir la quintessence.

Le progrès naît de la critique et du choc des contradictions qui doivent, cependant, émaner de ceux ou celles qui sont dotés d’une capacité de discernement. Dorénavant, notre lecture des contributions de ce consultant sera une lecture indicative ; certainement, Monsieur le Premier ministre nous a devancé dans la sienne.

Cordialement, Lux Mea lex
Ahmet Sarr,
New York, USA
HYPERLINK « mailto:[email protected] » [email protected]
Notes :
[1] Situation Economique et financière en 2017 et perspectives en 2018, HYPERLINK « http://www.finances.gouv.sn » www.finances.gouv.sn, consulté le 23/03/2019
[2] La Dette de l’Etat diminue, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3898968#titre-bloc-3, consulté le 23/03/2019
[3] United States Gross Federal Debt to GDP, HYPERLINK « https://tradingeconomics.com/united-states/government-debt-to-gdp » https://tradingeconomics.com/united-states/government-debt-to-gdp, consulté le 23/03/2019.

5 Commentaires

  1. Sarr! pourquoi nous infligez-vous ce texte long, creux et manipulateur? si vous souhaitez vendre votre rectum à Machi, c’est votre choix. C’est entre lui, son épouse., ses autres mignons, et vous. on n’est pas intéressé.
    Vos parents et vos éducateurs, ceux qui ont essayé de forcer un peu de dignité en vous, savent-ils à quoi vous vous livrez?
    À part macky, voleur de nos caisses, à qui vous vendez vous à New York?
    La prochaine fois que vous deciderez de partager ce genre de contribution n’oubliez surtout pas de fournir les réponses à ces deux questions. Au moins le lecteur nauséeux aura un contexte.

  2. wikipedia:
    Les Habits neufs de l’empereur est un conte d’Hans Christian Andersen,

    Résumé

    Il y a de longues années vivait un empereur qui aimait par-dessus tout être bien habillé. Il avait un habit pour chaque heure du jour.

    Un beau jour, deux escrocs arrivèrent dans la grande ville de l’empereur. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir et proposèrent au souverain de lui en confectionner un habit. L’empereur pensa qu’il serait exceptionnel et qu’il pourrait ainsi repérer les personnes intelligentes de son royaume.

    Les deux charlatans se mirent alors au travail.

    Quelques jours plus tard, l’empereur, curieux, vint voir où en était le tissage de ce fameux tissu. Il ne vit rien car il n’y avait rien. Troublé, il décida de n’en parler à personne, car personne ne voulait d’un empereur sot.

    Il envoya plusieurs ministres inspecter l’avancement des travaux. Ils ne virent pas plus que le souverain, mais n’osèrent pas non plus l’avouer, de peur de paraître imbéciles.

    Tout le royaume parlait de cette étoffe extraordinaire.

    Le jour où les deux escrocs décidèrent que l’habit était achevé, ils aidèrent l’empereur à l’enfiler.

    Ainsi « vêtu » et accompagné de ses ministres, le souverain se présenta à son peuple qui, lui aussi, prétendit voir et admirer ses vêtements.

    Seul un petit garçon osa dire la vérité : « Mais il n’a pas d’habit du tout ! » (ou dans une traduction plus habituelle : « le roi est nu ! »). Et tout le monde lui donna raison. L’empereur comprit que son peuple avait raison, mais continua sa marche sans dire un mot.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Radioscopie d’un fléau social le «Tokk mouy dokh»… (Par Mor Talla Gaye)

Au Sénégal de Diomaye Faye, c’est le temps des...

Parrainages maffieux (par Kaccoor Bi)

Les passations de services au niveau des départements ministériels...