Et le monstre se réveilla (Par Cheikh Oumar Ndao)

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Depuis quelque temps, les tenants du régime se distinguent par des attaques en règle contre des journalistes dont le seul tort est de faire leur travail. Mais la goutte d’eau de trop a été la convocation presque concomitante de trois (3) Directeurs de Publication : Mamoudou Wane (Enquête), Alioune Badara Fall (L’Observateur) et Mohamed Guèye (Le Quotidien). Voudrait-on intimider ou bouffer tout cru du journaliste qu’on ne s’y prendrait pas autrement. La démarche est maladroite. L’intention inavouée. Personne ne peut en effet nous faire croire que c’est pure coïncidence qu’ils se retrouvent presque tous en même temps à la Section de Recherches alors que les articles ont été publiés à un mois d’intervalle. L’article de «L’Obs» date du 8 mai, celui du «Quotidien» le 10 juin environ et celui de «Lignedirecte.sn», il y a seulement quelques jours. Attendre maintenant pour réveiller ces affaires est la preuve qu’il y a des dessous inavoués. Disons le tout net : c’est de la menace. En perspective de quelque chose qui se prépare ? Quoi qu’il en soit, les journalistes doivent être conscients qu’ils sont devenus une cible. Ils doivent se regrouper, se donner la main pour faire face. On a vécu des heures et des jours sombres avec le régime de Wade. Il faut se préparer. Le débat n’est pas de savoir qui a tort ou qui a raison, si les confrères ont fait leur travail avec professionnalisme ou pas. Il faut d’abord s’unir, faire face au bébé-monstre avant qu’il ne grandisse et après, essayer de laver le linge sale en famille, si tant est qu’il y en a. rester là à disserter sur la responsabilité de telle ou telle personne n’est pas à l’ordre du jour. Et la sortie du Dr Augustin Tine le prouve à suffisance. En disant que ceux qui ont transmis ces messages seront traqués, le ministre des Forces armées montre clairement que le régime veut s’attaquer au fondement même de notre métier. Qu’est-ce qui est nouveau sous le soleil ? Combien de fois des procès-verbaux de police ou de gendarmerie ont été publiés dans la presse ? Combien de fois des informations confidentielles ont été placardées à la «Une» des journaux sans que personne ne s’en émeuve ? Comme l’a rappelé avec justesse un confrère, la médiation pénale d’un homme d’affaires a été publiée en fac-similé avec tous les détails dans la presse sans que personne ne bronche. Les Pv d’audition de Karim Wade et de tous les dignitaires de l’ancien régime traqués par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) étaient dans la rue à la minute qui suivait les auditions, qui s’en émouvait ? Est-ce parce que cela «les» arrangeait ? La vérité d’hier est-elle devenue mensonge aujourd’hui ? Dans les démocraties modernes, on n’emprisonne rarement des journalistes pour la pratique de leur métier. Dans un pays, tous les corps de métier ont une fonction sociale. Empêcher quelqu’un de faire sa fonction sociale dans le cadre des limites que lui impose son métier, c’est de l’abus. Et dans le pays de l’Afrique où on vote depuis le 19ème siècle. Dans le pays africain où il n’y a jamais eu de coup d’Etat, dans le pays africain où il y a eu deux alternances pacifiques magnifiques, il s’en trouvera des gens qui diront toujours «NON», quel que soit ce que cela leur coûtera.

Cheikh Oumar Ndao
Directeur de l’information, D-Média

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