EVALUATION DU PLAN NATIONAL DE DEVELOPPEMENT SANITAIRE Echec de la couverture vaccinale sur toute la ligne

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Rupture de stocks de vaccins due aux retards de mobilisation des fonds. Plus de 14 450 doses de vaccins endommagées. L’objectif de 80 % visé pour la vaccination des enfants n’est pas atteint et cela est à l’origine de la recrudescence de certaines maladies. Plus grave encore, la rétention d’informations sanitaires des agents de santé a une réelle incidence dans le suivi des programmes. Tels sont, entre autres, les principaux maux dont souffre atrocement le Programme élargi de vaccination (Pev). Devant tous les acteurs et partenaires de développement, toutes ces lacunes ont été soulevées hier, au Méridien Président, à l’occasion d’une rencontre dans le cadre du suivi du Programme national de développement sanitaire.

Le système sanitaire de ce pays a réellement pris du plomb dans les ailes. Rien que l’étude externe menée sur le Programme élargi de vaccination (Pev) suffit pour déceler les grandes failles d’un système qui se cherche toujours dans la perspective des Objectifs de développement du millénaire(OMD). En présentant hier, cette étude, le Dr Abdoul Aziz Ndiaye de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a mis à nu toutes les incohérences du programme de santé pour la couverture vaccinale des enfants.

Devant les experts, les partenaires de développement et des responsables gouvernementaux, le rapport a mis en exergue le déficit criard de financement de ce programme hautement stratégique pour la survie de l’enfance. Le manque de motivation du personnel quant à l’offre de soin est en sus indéniable. Les conséquences de tout cela ont donc été étalées : faible niveau de la couverture vaccinale, non respect du calendrier vaccinal, difficulté d’accès des populations aux districts sanitaires, absence de document de politique nationale de PEV dans plusieurs districts et insuffisance de l’archivage à tous les niveaux. Sans compter le non respect par l’Etat de ses engagements, les conflits de priorités constatés entre les différents programmes de santé, la faible capacité des laboratoires au niveau des districts et une démotivation totale du personnel au niveau opérationnel.

Autant de dysfonctionnement ont été constatés par le rapport présenté par le représentant de l’Oms qui a par ailleurs déploré les grèves répétées des travailleurs de la santé, les ruptures de stock de vaccin dues au retard dans la mobilisation des fonds, et l’état obsolète de la majorité des équipements de transport. Il y’a enfin les doses de vaccins endommagées par la mauvaise conservation et l’absence de camion frigorifique pour acheminer les vaccins à l’intérieur du pays ainsi que les insuffisances de coordination constatées dans la communication entre le Service national de l’information et de l’éducation pour la santé (Sneips) et la Direction de Prévention Médicale (DPM).

Ce diagnostic catastrophique dont la liste des symptômes est déjà si longue a été présenté devant le ministre de la santé et de la prévention, Modou Diagne Fada. Ce dernier a salué d’abord la fiabilité de cette étude menée par des partenaires sur le terrain dans son secteur. En tant qu’autorité de tutelle ainsi directement interpellée, le ministre s’est engagé à prendre toute une batterie de mesures et à sévir.

Mais pour commencer par le commencement, Diagne Fada a interpellé tous les directeurs de programmes invités à déclarer les fonds reçus des bailleurs et donner une échéance à cette directive publique. Tout en brandissant des menaces contre les contrevenants, le ministre a promis de réorganiser son département pour être en phase avec les besoins de l’heure. En ce qui concerne les ruptures de stock de médicaments dues aux lenteurs administratives, il a rappelé que le chef de l’Etat avait déjà donné des instructions fermes au Premier ministre pour certains médicaments d’urgence.

Commentaire
Que cache le ministre ?

Le rapport sans complaisance sur le Programme élargi de vaccination aurait pu être gardé au secret si ses auteurs avaient sollicité la permission du ministre Modou Diagne Fada quant à sa diffusion. Nous nous sommes rendu compte de cette réalité quand, une fois assuré que les journalistes étaient hors de la salle, le ministre a lâché : « les journalistes sont dehors. J’espère qu’on pourra mieux discuter… ». Comme s’il avait des soupçons qu’il y a des journalistes dans la salle, il lance à nouveau : « y a-t-il encore un journaliste dans la salle ? ». Après un long silence dans la salle, des paroles se font entendre pour débusquer un journaliste qui a réussi à ne pas trop se faire remarquer. « Oui ! Sud est là ? », lance d’un des participants. Et Modou Diagne Fada de s’interroger à nouveau : « Où est Sud ? ». Et tout le monde se retourne pour démasquer le dernier « intrus ».

Pourtant, c’est ce même ministre qui a chassé les journalistes de la salle, qui avait salué, quelques heures plus tôt, l’effort de transparence du gouvernement en rendant publics les résultats de cette étude. Pourquoi il n’est pas allé jusqu’au bout de sa logique ? Si, comme il le prétend, c’est le souci de transparence, de bonne gouvernance qui animé les autorités étatiques, alors pourquoi donc la presse a été déclarée persona non grata ? Qui est-ce qu’on veut censurer en définitive? Les auteurs du rapport ? Pourquoi faut-il empêcher les Sénégalais, par le canal des médias, de connaître la réalité sur un programme de santé aussi stratégique ? En somme, que cache le ministre ?

Cette manière de procéder est devenue anachronique et n’honore pas un gouvernement qui prétend donner des leçons de transparence et de démocratie. Encore que les auteurs du fameux rapport, les professionnels de la santé et tous leurs partenaires internationaux étaient là quand monsieur le ministre chassait la presse. Non monsieur le ministre ! Même hors de la salle , nous serons toujours là pour connaître et combattre les fossoyeurs du système de santé et par delà de la gouvernance nationale et internationale.

La présentation qui a été faite hier par un des représentants de l’Oms suffit largement pour illustrer les méthodes de conduite du programme élargi de vaccination. Les limites dans ce secteur et les difficultés sont du reste bien connues par tous les journalistes qui chaque jour investissent le monde de la santé. Les malades Sénégalais et tous ceux qui sont admis dans les structures sanitaires sont hautement conscients de la mauvaise gestion des moyens matériels et des ressources humaines. Et si relayer ces maux en direction des citoyens dérange monsieur le ministre, cela n’empêchera pas les partenaires de se faire une idée exacte de la situation. Avec la presse, tous les partenaires sont assurés de la fidélité des informations qu’elle donne sur les défections et la mauvaise qualité des services de santé en convulsions permanentes à cause du mal profond qui ronge le système sanitaire.

Nous serons toujours là pour servir la nation et non servir ceux qui savent s’en servir. C’est pourquoi, tous les dysfonctionnements constatés dans ce rapport et ailleurs seront mis au devant de la scène. N’en déplaise au ministre et à ses acolytes. Aléa Jacta.
SUDONLINE.SN

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