Faire cohabiter nos convictions spirituelles Par Mamadou Ndione

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Les sénégalais sont majoritairement croyants et tiennent au respect de leurs croyances. Ceci n’est pas antirépublicain. C’est un plus pour la République. L’harmonie entre les religions, les confréries et les chapelles ne relève pas du hasard. C’est un legs des anciens fondateurs qui ont su dans un contexte colonial hostile organiser une résistance spirituelle qu’aujourd’hui nous savourons en toute quiétude.

 

C’est au nom du travail de ces illustres fondateurs, que nous ne devons pas tomber dans des positions extrêmes. Les populations en générale n’ont pas de problèmes de cohabitation spirituelle.

Le risque majeur est juste que le politicien utilise souvent la religion comme base de conquête électorale en semant la zizanie au niveau des chapelles spirituelles et confrériques.

Nous ne devons pas essayer de faire sortir le débat politique du cadre des bilans et autres propositions pour le dévier vers les chemins de la suggestion tacite d’un choix affectif et collectif plus par parti-pris que par libre arbitre du citoyen.

C’est un piège politique. C’est un jeu dangereux et les joueurs le savent bien. En actionnant les leviers liés à la croyance spirituelle et confréries, certains hommes et femmes politiques veulent pousser les autres contradicteurs à s’inscrire en porte-à-faux pour tomber dans le piège du reniement de la croyance magnifiée.

C’est une tentative machiavélique de désaxage des mobiles du vote pour les faire basculer du temporel vers le spirituel, de l’individuel vers le collectif, du libre choix vers l’affectif. Sans doute, le temporel est assez « hard » (dur) pour laisser passer comme lettre à la poste le bilan. Sans doute pensent-ils (ces politiciens) que le spirituel est plus à même d’installer les électeurs dans une logique de vote collectif-affectif occultant les problèmes directs et réels.

En semant la zizanie entre les croyances spirituelles et confrériques des uns et des autres, le politicien cherche à alimenter un débat dans le subconscient des populations pour capter d’abord un électorat bien ciblé. En attaquant avec véhémence cette attitude, les autres prêtent le flanc et installent le pays dans une logique affective de nature à désaxer les déterminants du vote. A qui ne profiterait pas un vote libre du citoyen confronté aux problèmes quotidiens ? A qui profiterait un désaxage des mobiles du vote ?

Les acteurs politiques et spirituels doivent faire preuve de plus de lucidité en recentrant le débat autour d’un vote citoyen, sincère et libre qui transcende les familles, les villages, les ethnies, les religions, les confréries. C’est cela la République et nous avons tous intérêt à rester en République !

Certainement ceux qui titillent l’arme des croyances spirituelles populaires notamment confrériques ont un objectif temporel à court terme. Mais cette façon de faire est irresponsable parce que grosse de danger pour la cohésion nationale en dressant consciemment les citoyens les uns contre les autres dans des espaces réduites. Nous sommes trop imbriqués et liés pour survivre en polémiques spirituelles fratricides !

Ceux qui actionnent ces leviers-là ne veulent qu’une chose : brouiller les déterminants du vote. En réalité, ils ne veulent pas d’un vote rationnel sur des bases individuelles en fonction du vécu de tout un chacun. Ils veulent un « farr » (parti-pris) collectif affectif de partisans à la place d’un « Fal » (choix) lucide de citoyens.

Ce qui désole, c’est que ce glissement peut demain tuer la République. C’est pourquoi sont d’abord interpelés les guides spirituels qui doivent remettre les hommes politiques sur les rails du temporel et insister sur le choix libre des citoyens pour préserver la République qui est l’unique ciment qui fédère toutes les croyances spirituelles.

Le spirituel et le temporel sont dans la même barque et sont condamné au respect mutuel. Si demain les politiciens nous font tomber dans le piège d’un vote affectif, confrérique ou, ethnique, nous serons étroits dans la République. Il n’y aura plus de République.

Nous devons savoir que c’est la République qui fait de nous tous des citoyens égaux en droit. C’est la République qui respecte toutes les croyances spirituelles avec une égale dignité. C’est elle qui garantit la paix sociale au-delà de nos croyances différentes et non antagoniques. Le comprendre est déjà un pas important pour faire face aux calculs politiciens qui titillent nos croyances spirituelles à des fins temporelles. Le comprendre c’est aussi créer un cadre permanent et autonome de dialogue des croyances spirituelles.

Ce chantier-là du cadre formel de dialogue des croyances doit être défriché par les guides spirituels pour renforcer la République qui est notre arche commune. Ce chantier serait l’antidote idéal contre les propos aventuriers des politiciens sans repères républicaines.

La République même laïque ne doit pas être contre les croyances. Elle doit les respecter et reconnaître leur libre exercice dans un cadre de respect mutuel au seul bénéfice des citoyens qui sont d’égale valeur en République. Le respect des croyances spirituelles est un facteur d’équilibre de la République.

Mamadou NDIONE Economiste-Ecrivain-Logisticien [email protected]

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