Faire preuve de responsabilité par Abdoulaye Thiam

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Le virus Ebola vient de violer les frontières terrestres du Sénégal. Cette fois, c’est officiel! Il est arrivé à Dakar par l’intermédiaire d’un jeune étudiant guinéen qui a réussi à se faufiler à travers les mailles du filet, démontrant ainsi que nos frontières sont plus que poreuses.
Aussitôt saisies, les autorités sénégalaises via le ministère de la santé, ont pris les dispositions nécessaires afin d’éviter sa propagation. Mieux, Eva Marie Coll Seck a été excellente dans sa communication. Son souci, allait au-delà de donner l’information et de dégager les mesures préventives à prendre. Elle avait à cœur de ne pas réveiller les peurs.

La preuve, la ministre de la Santé n’a dévoilé ni l’identité du malade, ni le quartier où le patient, présentement interné au Centre hospitalier universitaire de Fann, a résidé, encore moins la date exacte de son entrée sur le territoire sénégalais.

Sa communication était savamment orchestrée pour éviter une panique généralisée aux conséquences incommensurables.
Comme Eva Marie Coll Seck, il appartient à la presse (écrite, en ligne et audiovisuelle) plus qu’à elle et à ses services d’ailleurs, d’éviter de mettre le feu aux poudres.

Loin de nous, de vouloir donner des leçons de bonne conduite, mais reconnaissons qu’Ebola est une grosse peste qui doit être traitée en toute responsabilité. Ce, à tous les niveaux.

Les médias sénégalais ont toujours su répondre présents quand la nation a besoin d’eux. Leur rôle de vigies, d’avant-gardistes, ne souffre d’aucune ambigüité.

Toutefois, force est aussi de reconnaitre, comme dans n’importe quel autre corps socioprofessionnel du pays, qu’aujourd’hui, nous sommes envahis de plus en plus par des brebis galeuses. Des gens mus par des appétits carnassiers, dont le seul souci est d’écouler leurs produits. L’information est devenue de la marchandise. Faisant fi de la fameuse déclaration presque biblique d’Hubert Beuve-Merry, fondateur du journal français Le Monde :«il ne faut pas laisser nos moyens de vivre compromettre nos raisons de vivre». Mieux, le journaliste n’est pas un ovni. Ce n’est pas un être désincarné, non plus.

Nous avons des hôtes étrangers guinéens qui vivent parmi nous. Ils n’ont rien, absolument rien à avoir avec leur compatriote qui a contracté le virus Ebola. Ils ne sauraient par conséquent être comptables de ses agissements.

Il importe aussi de rappeler que selon l’OMS «contrairement au virus de la grippe ou au bacille de la tuberculose, par exemple, le virus Ebola n’est pas véhiculé par l’air. Le virus ne se transmet que par contact direct avec les liquides biologiques d’une personne malade».
Dés lors mettre déjà l’embargo sur tous les produits vendus par des Guinéens vivant chez nous ou les regarder comme des parias, serait synonyme d’une stigmatisation qui n’honore pas notre pays. Il ne faut surtout pas en rajouter, déjà que l’Afrique de l’Ouest en est victime avec ces fermetures de frontières et ces aéroports mis sous embargo.

D’où l’appel à la responsabilité des médias à ne pas verser dans le sensationnel, l’exploitation des peurs, le stéréotype. Des tares qui sont de plus en plus légion dans notre profession.

Abdoulaye Thiam
sudonline.sn

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