Fidel Castro : Leçons pour les dirigeants africains francophones

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« (…) Je dis parfois que les stratèges français sont vraiment trop forts et que le Portugal, la Belgique et l’Angleterre doivent souvent se demander avec envie par quels géniaux tours de passe-passe historiques Paris parvient à garder la haute main sur ses anciennes colonies africaines – lesquelles n’en continuent pas moins de se croire totalement indépendantes.»   Boubacar  Boris Diop, La gloire des imposteurs (coécrit avec Amina Traoré)

Les dirigeants africains francophones ont beaucoup de leçons à apprendre de Fidel Castro, le Commandante de la Révolution cubaine qui vient de s’éteindre à 90 ans, et les moindres de celles-ci ne sont autres que le courage, la fierté, la dignité et le refus de l’impérialisme. Tout au long de sa vie, Castro a fait montre de ces qualités d’autant plus méritoires qu’elles tranchent avec les postures de la valetaille française, réunie à Antanarivo pour célébrer la francophonie. Que celle-ci refuse non seulement de couper le cordon ombilical colonial – malgré le divorce prononcé il y a plus d’un demi-siècle -, mais célèbre une organisation peu utile et prolongeant la domination coloniale plutôt que de combattre pour gagner pleinement une souveraineté politique, économique et linguistique, n’est que la preuve supplémentaire que sous nos tropiques les dirigeants en place n’ont pas compris combien ils déshonorent leurs fonctions, et, au passage, les peuples qu’ils sont censés représenter. Suprême expression de cette honteuse posture, un des leurs, en l’occurrence le président Alassane Ouattara, est même allé à « la fabrique des laquais de Paris » – comme Aminata Traoré appelle l’Élysée parlant des dirigeants de la Françafrique – pour réitérer devant la France sa « fidélité » et son engagement à rester au sein de la CPI dont les principales victimes sont comme par hasard des dirigeants africains. À l’opposé de l’attitude de ces dirigeants africains francophones fantoches, celle de Castro a été toujours portée par une forte détermination et une volonté de fer ayant prouvé que nul ne peut dominer et soumettre un pays sans son consentement. Ce n’est dès lors pas étonnant que sa petite île ait tenu tête à la grande Amérique et à nombre d’autres pays occidentaux pendant presque six décennies. Ne pouvant infléchir sa position, on a essayé de l’éliminer à plusieurs reprises. Aussi Fidel Castro aurait-il échappé à 638 tentatives de coup d’État et d’innombrables tentatives d’assassinats. Isolé, enclavé, subissant un embargo inique, Cuba n’a compté que sur lui-même pour essayer de se développer. Pour ce faire, il a investi dans la première ressource nécessaire au développement: l’éducation. Dans ce domaine, il a fait mieux que certains pays dits développés en hissant son taux d’alphabétisation à cent pour cent. Grâce à cette éducation, il a formé un grand nombre de très bons médecins qu’il n’a pas hésité à exporter dans beaucoup de pays du tiers-monde, notamment en Afrique, pour aider à former et à soigner les populations locales. Pour combattre l’impérialisme, Castro n’a pas hésité à envoyer militaires et formateurs en Algérie, en Namibie, en guinée Bissau, au Congo et l’Angola lors de l’opération Carlota en 1975 afin que fût réalisée leur aspiration à accéder à l’indépendance. Il a aussi accueilli et formé des milliers d’étudiants africains. Castro, comme tous les dirigeants ayant duré au pouvoir, a été toutefois loin d’être un enfant de chœur encore moins un saint. Sous son règne, il y a eu de fortes restrictions des libertés publiques, de nombreux exils et tant de morts. Pour autant il n’a pas brillé que par des défauts comme veulent nous le faire croire presque tous les pays Occidentaux, qui n’ont eu de cesse de le diaboliser. Mais cela peut se comprendre : le Commandante avait toujours refusé de courber l’échine devant qui que ce fût. Or, comme l’explique Amin Maalouf, « L’Occident ne veut pas qu’on lui ressemble, il veut juste qu’on lui obéisse. » Castro était digne, courageux et savait surtout dire non! Contrairement à nos béni-oui-oui. Salut l’artiste!

Bosse
Ndoye
Montréal
[email protected]
Auteur de : Une amitié, deux trajectoires; L’énigmatique clé sur l’immigration; La rançon de la facilité

3 Commentaires

  1. Dans la plupart des cas la France les a fait adhérer à une religion cachée. Et au sommet des états africains ils agissent selon leurs croyances à cette religion cachée.

  2. Oui le genie de la France c’est d’avoir réusssi à mettre en place un systeme spirituel où les dirigeants de ces néocolonies viennent preter allégeance.
    castro a échappé à 638 attentats ,il a réagi en frappant fort la main des assassins faute de pouvoir atteindre les commanditaires.
    Castro est un grand de ce siècle.
    Requiem Commandante.

    • La mort d’un dictateur communiste de 90 ans est une délivrance pour son Peuple.

      Castro a éliminé tous ses opposants en provoquant des «accidents», en les tuant, en les torturant avec sadisme, avec la complicité de l’argentin Guevara, en les privant de soins, de nourriture, de sommeil – comme l’ont fait toutes les dictatures communistes: URSS, Kampuchéa, Corée du Nord, Venezuela bolivarien, …
      Castro avait mis en place le «Culte du chef», comme dans toutes les bonnes dictatures communistes. Et la propagande voulant faire croire à la belle « réussite » de l’Ecole cubaine n’est qu’une farce destinée aux gogos (comprendre: aux simples d’esprit) et aux idiots utiles dont le régime a besoin dans les rangs de sa Police politique.
      Castro a ruiné l’Economie cubaine sciemment, parce qu’il n’a rien fait pour mettre en place une agriculture permettant de nourrir son Peuple alors qu’il a envoyé son armée en Afrique et en Amérique du Sud – ce qui rend l’idée d’un embargo américain paralysant inconcevable. Par ailleurs, il faut savoir que les terres à tabac sont les terres les plus riches; on peut y faire pousser à peu près tout.
      Castro a affamé sa population pour mieux l’asservir: c’est un «classique» des dictatures communistes – la population, travaillée quotidiennement par la propagande du régime étant reconnaissante grace à la «Livreta» (carnet de rationnement) d’avoir 5 œufs par personne et par mois, 1 kilo de riz, etc. Mais, ça c’est quand il y a des œufs, quand il y a du riz. Parce que quand y’a pas, y’a pas.

      Castro s’était enrichi personnellement, il est impliqué dans les Panama Papers, il a participé au Narco Trafic de différents cartels. Un de ses gardes du corps à fait défection et a raconté le train de vie du camarade Fidel dans un livre qui (curieusement) a eu un écho limite dans la FRANCE socialiste.

      Castro a terrorisé sa population en installant une Police secrète qui avait pour activité de contrôler la population et de s’assurer qu’il n’y avait pas de revendication ou d’opposition naissante au régime – toute contestation étant immédiatement réprimée: passage à tabac, arrestation, prison, exécution.

      Les «masses populaires» qui se rendaient le 1er Mai, place de la Révolution, pour écouter le Grand Leader DEVAIENT se déplacer parce que les Commissaires politiques du quartier notaient soigneusement ceux qui restaient chez eux et organisaient les représailles.
      Voilà un aperçu du Paradis cubain, sous la férule du criminel communiste Fidel Castro.

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