Football – Focus En sélection depuis douze ans : Daf de fer

Il était là lors de la défaite du Sénégal contre le Cameroun en finale de la Can-2002. Il était là même bien avant, trois ans plus tôt. Et il sera encore là samedi lors des retrouvailles entre les deux équipes. Ça fera douze ans qu’Omar Daf assure en sélection.

Alioum Boukar, le gardien du Cameroun, remporte son duel avec Aliou Cissé, le capitaine du Sénégal, qui voit son penalty repoussé. Les ‘Lions indomptables’, grâce aux tirs au but (3-2, ap 0-0), sont champions d’Afrique, ce dimanche 10 février 2002, au stade du 26 mars de Bamako. Devant plus de 60 000 spectateurs, ils arborent fièrement leur quatrième couronne continentale. Les autres ‘Lions’ sont par terre, épuisés par les 120 minutes de débauche d’énergie, abattus par le verdict de l’épreuve fatidique.

Neuf ans plus tard, les deux équipes se croisent au détour de la troisième journée des éliminatoires de la Can-2012 (Groupe E). Elles s’affrontent samedi prochain à Léopold Senghor, avec en leur sein des visages nouveaux, lisses, frais. Exit les acteurs de la finale de 2002 ! Sauf trois noms : Samuel Eto’o pour le Cameroun ; Souleymane Camara et Omar Daf pour le Sénégal. Les derniers des mohicans. Des symboles de longévité et de constance.

Le champion de la catégorie se nomme Omar Daf, 34 ans. Le joueur de Brest, quatre ans de plus qu’Eto’o et aîné de six ans de Camara, mérite décoration. Il a résisté à la vague jeune qui a soufflé dans les deux camps et balayé tous les has been. Près de dix ans après le revers de 2002, il occupe toujours une place de titulaire dans la défense du Sénégal. Affichant la même solidité et la même clairvoyance qu’à ses 20 ans. Sa sagesse, renforcée, en plus.

Pourtant, l’aventure de Daf en sélection avait tourné court en 2006. Le Sénégal venait d’échouer au pied du podium de la Can égyptienne. L’ancien sochalien était de la campagne. Avec Coly et quelques autres, il devait préparer la classe biberon à prendre le pouvoir dans la ‘Tanière’. Le projet avorta car, de retour des bords du Nil, Abdoulaye Sarr et Amara Traoré, le duo du banc de la sélection, sont remerciés. Avec eux, ils emporteront Omar Daf, qui met un terme à sa carrière internationale. Les bobos physiques et la forte concurrence des jeunes loups en club (Sochaux) précipiteront l’éclipse du défenseur polyvalent, capable d’évoluer à gauche comme à droite. Avec le même allant.

Lié au duo Amara-Laye Sarr

Il rate une Can (2008) pour la première fois depuis son arrivée en équipe nationale, en 1999. Puis une autre, en 2010, avant de refaire surface à la faveur du retour aux commandes de la sélection d’Amara Traoré.

Le choix d’exhumer Daf pouvait paraître affectif. Ce n’est pas à exclure. Mais les raisons strictement sportives avancées par le sélectionneur national pour justifier la convocation du joueur de 33 ans, au mois d’août 2010, pour le match amical contre le Cap-Vert, tiennent la route. ‘Avec la belle saison qu’il a réussie dans son club (Brest), il est normal qu’Omar, qui est un joueur d’expérience, soit sur cette liste. On ne pouvait pas ne pas le convoquer’, défendait Amara Traoré.

Rejeté par Sochaux où il a fait plus de dix ans, récupéré en 2009 par Brest, club de Ligue 2, Omar Daf contribue à la montée du club en Ligue 1. La saison suivante, c’est le maintien. Pour la présente édition du championnat de France, il a été titularisé à 26 reprises. Son contrat prend fin en 2012. Si le Sénégal se qualifie et s’il reste au poste dans la ‘Tanière’, Daf aura déjà disputé sa cinquième Can. N’eussent été les ratés de 2008 et 2010, ce serait sept. Peu de joueurs peuvent revendiquer une telle longévité au haut niveau.

Les débuts en 1999

Omar Daf a débuté en sélection en 1999 sous Peter Schnittger. C’était aussi une époque de reconstruction. Le Sénégal était absent de la scène continentale depuis 1994 et courait après une qualification pour la Can-2000 qu’organisaient conjointement le Nigeria et le Ghana. Leur ticket en poche, les ‘Lions’ feront forte impression en ne tombant qu’en quarts de finale contre les ‘Super Eagles’. Daf était titulaire.

En 2001-2002, il est toujours le leader de la droite, puis de la gauche. Acteur majeur de la double qualification historique à la Can (finale) et au Mondial 2002 (quart de finale), il est aussi témoin malheureux du bonheur inachevé des ‘Lions’. Daf n’oubliera jamais la finale contre le Cameroun. ‘Plus que le quart de finale de Coupe du monde, perdu contre la Turquie (0-1, le 22 juin 2002), la finale de Can 2002 perdue contre le Cameroun est mon plus grand regret. On avait une équipe pour gagner.’

D’autant que le Sénégal tentera plusieurs fois en vain de recouvrer son aura. D’abord en 2004 en Tunisie : élimination en quarts de finale. Ensuite en 2005 : élimination de la course pour le Mondial-2006. Enfin en 2006 : quatrième place.

Malgré cette quatrième Can perdue, un faisceau d’espoir était là. La ‘Tanière’, qui regorgeait à l’époque de jeunes en devenir (Rahmane Barry, Issa Bâ, Dino Djiba, Boukhary Dramé, etc.), pouvait entrevoir l’avenir avec optimisme. Les choses se gâtent avec le renvoi du duo Laye Sarr-Amara.

Cinq ans après, Amara Traoré, titulaire, et Abdoulaye Sarr, adjoint, sont de nouveau aux commandes de la sélection. Comme pour terminer ce qu’ils avaient commencé. Avec, notamment, l’une des figures qui avaient bien assimilé le projet et qui a accepté d’être tiré de sa retraite internationale : Omar Daf.

Donald NDEBEKA

walf.sn