Centre de conférence :à 50 milliards

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Les yeux du monde francophone sont tournés vers Dakar. La capitale du Sénégal accueille, samedi et dimanche, les dirigeants des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Un rendez-vous de plus en plus politique dont la XVe édition ne dérogera pas à la règle avec la nomination du nouveau secrétaire général de l’organisation. Un sommet à enjeux, mais aussi polémique qui fait parler à Dakar.

De notre envoyée spéciale à Dakar,

Un sommet de la Francophonie commence souvent dans un aéroport. Et celui de Dakar a eu droit à un coup de neuf avant le grand rendez-vous. Une réfection qui a pris du retard, puisque, encore à la veille de l’arrivée des chefs d’Etat et de gouvernement, les ouvriers étaient toujours sur le chantier. En dépit de ces nombreux travaux, l’aéroport Léopold Sédar Senghor a continué à accueillir chaque jour des flots de voyageurs.

Et les jours avançant, ceux-ci se sont faits de plus en plus prestigieux. Organisateurs, journalistes, ministres et puis, enfin, les dirigeants des pays représentés au sein de l’organisation de la Francophonie. En tout, ils sont 77 et Macky Sall, le président sénégalais, a donc passé son après-midi de vendredi à les recevoir un par un à la sortie de leur avion. Un véritable ballet, diffusé en direct pendant des heures sur la télévision publique sénégalaise, qui a été ouvert à la mi-journée par le tout nouveau président de la transition du Burkina Faso, Michel Kafando, qui effectue à Dakar son premier voyage officiel à l’étranger.

Autre privilégié de ce sommet : le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Il a non seulement a été accueilli comme il se doit par son homologue sénégalais, mais il a, en plus, eu le plaisir de découvrir le long de la route de l’aéroport des affiches lui souhaitant la bienvenue. Il est le seul officiel distingué ainsi par le « Mouvement des amis d’Obiang au Sénégal », au milieu de la campagne de communication qui vante ce XVe sommet de la Francophonie.

Au cœur de la Terranga

Impossible de les rater à Dakar, tant les affiches sont présentes sur les murs, le long des routes, au centre des principaux axes de circulation. Partout le président Macky Sall, mais aussi ses prédécesseurs que sont Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade souhaitent la bienvenue au monde francophone dans le pays de la Teranga, hospitalité en langue wolof. La preuve que ce rendez-vous est important pour Dakar et le Sénégal. Ce grand rendez-vous a tout de même nécessité deux années de travail pour que la ville se pare des couleurs de la Francophonie. Du temps donc, mais aussi de l’argent, et cela fait grincer bien des dents dans le pays. « La presse est assez critique », confie une source proche de l’OIF. Plusieurs éditoriaux ont notamment fustigé le coût du sommet, supporté en grande partie par le Sénégal. Les chiffres qui circulent tournent autour des dix milliards de francs CFA (15 millions d’euros) uniquement pour la logistique.

Certains regrettent également que le sommet soit avant tout politique. Pour les détracteurs de la Francophonie, c’est le concept de monde francophone qui est aujourd’hui dépassé. Pour ses partisans, lors de ces grands rendez-vous, la francophonie est finalement reléguée au second plan. L’espace francophone est actuellement le 6e espace géopolitique et il pourrait rapidement se hisser à la quatrième place, croissance démographique oblige. C’est un vivier économique sous-estimé. Un spécialiste déclare notamment que l’on fait « deux fois plus d’affaires quand on parle la même langue » et c’est surtout un potentiel de croissance énorme qui peut créer un million d’emplois, affirment certains experts. Mais c’est aussi une cohésion fragile, nombreux sont ceux qui disent que la langue française est menacée, comme Hervé Bourges, ancien PDG de RFI et ex-président du Conseil supérieur de l’audiovisuel français. Autant de problématiques qui ne trouveront vraisemblablement pas de réponses d’ici dimanche soir, car comme le signale un observateur, « ce n’est pas le problème du sommet. La Francophonie sera finalement le dernier sujet abordé lors de la Francophonie ».

Le centre de conférence qui valait 50 milliards

Et effectivement, ce sommet sera politique, avec le sujet qui brûle les lèvres ici à Dakar : qui pour succéder à Abdou Diouf ? Plusieurs candidats sont en lice, ont fait campagne, mais aucun ne fait le consensus. En coulisses, les tractations se poursuivent, même si dans les couloirs ce sont plutôt les plaisanteries qui fusent entre les différentes délégations des pays qui ont proposé un candidat. « Cela va se décider au niveau des chefs d’Etat, lors du huis clos », explique une source à l’OIF.

Le huis clos, grand classique d’un sommet de la Francophonie. Celui-ci se tiendra au centre de conférence Diamniadio qui a probablement suscité autant d’intérêt dans la presse que le sommet lui-même. Il faut dire que l’endroit est assez unique, complètement perdu à une heure de Dakar. Un lieu isolé qui est la première tranche d’un grand complexe, cher à l’ancien président Wade et son fils Karim, qui comprendra un aéroport, des hôtels, mais aussi de nombreux immeubles administratifs. Pour l’instant, ce centre de conférence ultra moderne fait surtout parler de lui pour son prix, il aurait coûté près de 50 milliards de francs CFA (environ 76 millions d’euros). Et à Dakar, cela fait cher la photo de famille des dirigeants francophones.
rfi.fr

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