Frasques ubuesques Par Vieux Savané (Journaliste)

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Il a acheté ou va acheter, c’est selon, l’ancien avion du président français Nicolas Sarkozy à 20 milliards de FCfa. Ainsi la valse des milliards continue de plus belle dans des investissements qui ne sont nullement générateurs de revenus et de bien-être pour les populations les plus démunies. Bien au contraire, les priorités des 10 années de mandatures wadiennes donnent le sentiment de tourner autour de la satisfaction de l’ego et du confort personnel d’un homme et de son entourage. En sus de « La pointe de Sangomar », l’avion de commandement qu’il snobe depuis quelques temps pour cause d’insécurité alors que ce dernier continue de voler et de transporter l’équipe nationale, Wade utilise donc les sous des contribuables pour démontrer on ne sait trop quoi. Cultivant la gabegie, les désirs présidentiels étalent sans pudeur le train de vie dispendieux de l’Etat en même temps qu’ils sont l’expression de la volonté de puissance d’un impuissant, tant la réalité du Sénégal renvoie à une image fort peu reluisante. A quoi ont donc servi les 17 milliards dégagés pour sa réfection au tout début de l’alternance ?

Insoutenable boulimie

Voilà un pays qui a mal à ses politiques et à son économie, confronté à une pauvreté galopante, à une jeunesse en quête d’emplois improbables. On ne lui demande donc pas d’adhérer au « bling-bling » sarkozyste mais de faire autant ou mieux que la France qui est 6e puissance économique mondiale. Le challenge est là et non ailleurs. La Chine a bien réussi en l’espace de 50 ans à sortir de la gadoue. Le Brésil a réussi en l’espace de 8 ans, sous les deux mandats de Lula, à se positionner comme un interlocuteur respecté sur la scène internationale du fait de ses performances économiques. La Corée du Sud, la Tunisie le Ghana, le Cap Vert nous ont rattrapés et dépassés ; le Burkina Faso, le Mali vont nous dépasser Les exemples sont légion qui montrent l’élan transformateur qui peut animer des populations en proie aux difficultés économiques et sociales, pour peu qu’elles soient boostées par une volonté politique et des dirigeants soucieux de l’intérêt général.

Désinvolture et avilissement

Avec Wade, c’est plutôt l’expression d’une boulimie insoutenable et d’une voracité gloutonne qui avalent tous les gisements qui se dressent sur son chemin. Le rêve d’émergence fait place au cauchemar. La politique d’accaparement familial et clanique se dévoile sur un registre malsain visant à tout mettre en œuvre pour maintenir les populations dans le besoin. En effet, il y a une perversité dans cette manière de faire consistant à contenir de larges franges de la société dans une situation de dépendance économique et sociale. Ce qui permet à contrario d’apparaître comme un homme de cœur, une âme charitable sensible à la détresse de petites gens. Pour s’en convaincre, il suffit de se promener en ces périodes de fêtes et d’élections à venir pour voir des « Ndiaga-Ndiaye » déverser des centaines de personnes âgées au visage ravagé par les angoisses du quotidien et l’espoir de sortir du palais de la République avec un « pass » conséquent, pour déceler ce qui se cache derrière cette pratique aux accents criminogènes.

En contraignant des millions de personnes issues des campagnes et des grandes banlieues urbaines dans une situation de misère, elle les maintient de surcroît dans une hantise constante de besoins difficiles à satisfaire du fait de leur confinement dans une position d’indigence. Si l’aumône rend possible de survivre au jour le jour, elle ne permet pas pour autant de vivre de manière proprement humaine, en usant de notre intellect. Parce que l’autonomie est gage de maturité et de liberté, on comprend alors aisément, comme le postule l’adage chinois qu’ « il vaut mieux apprendre à pêcher plutôt que donner du poisson ».

La misère n’est en effet jamais simple manque ni simple frustration puisqu’elle a pour effet d’abrutir l’individu en le rendant dépendant sous toutes les coutures. Ce que le président de la République semble avoir bien compris, lui dont la stratégie politique consiste à corrompre par l’argent pour ensuite monnayer cela en termes de vote.

Comment se faire réélire, voilà l’obsession présidentielle récurrente depuis son accession au pouvoir. Tous les moyens sont bons : débaucher des gens des partis politiques adverses, banaliser la transhumance, acheter des consciences, s’appuyer sur des valeurs rétrogrades. Aussi ne va-t-on pas se priver de décréter des jours fériés et chômés comme en cette fête de Tabaski, au grand dam des entreprises qui peinent à s’en sortir.

Pourtant, pour être efficaces, les politiques de bonne gouvernance exigent au contraire une attention tournée vers celles qui sont susceptibles de susciter l’enthousiasme des populations et de les entrainer dans des actions capables de trouver des solutions à leurs préoccupations quotidiennes.

Sans nul doute, le sens des priorités et des responsabilités de l’Etat exige un amour pour son pays bien éloigné des motivations égocentriques de son chef. Démocratiquement élu, donc fait par les autres, ce dernier est sommé de se poser la question de savoir ce qu’il doit faire pour son pays. Sous peine de sanctions, son souci essentiel devrait par conséquent se focaliser autour de la satisfaction des attentes de ses mandants.

En lieu et place, on voit se déployer un président de la République beaucoup plus enclin à régner qu’à gouverner. Aveuglé par la convoitise, lui et son entourage font main basse sur tout ce qui bouge. Le chef de l’Etat se laissant ainsi happer par une cour à son image. Celle qui lui tisse des lauriers, le caresse dans le sens du poil et est prête à tout valider pourvu qu’elle ait accès au partage du gâteau.

L’appât du gain, l’accumulation de richesses et d’honneurs sont leur dénominateur commun. Comme un marché où l’on achète et ou l’on négocie des coups, la politique est ainsi conçue comme un moyen d’accéder à des ressources considérables, de les capturer, et de satisfaire des frustrations accumulées. Sa mission première est pourtant de se mettre au service des gens, notamment les plus démunies, en les aidant à s’aider elles-mêmes, en les rendant capables de saisir des opportunités qui s’offrent à elles.
Loin de tout cela, engluée dans des frasques ubuesques, la présidence wadienne écrit chaque jour que Dieu fait une petite chronique de la désinvolture et de l’avilissement.

Vieux SAVANE
lagazette.sn

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