Gestion de sénégal Airlines, rapport avec les Wade, bateau Aline Sitoe, désenclavement de la Casamance: Serigne Mboup se rebelle

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L’homme est un entrepreneur amoureux fou de son pays. Une heure d’échanges avec Serigne Mboup, c’est l’impression qui en ressort. Tout ce à quoi il pense, c’est comment favoriser le développement de son pays, de son terroir, et en faire profiter ses compatriotes. Et il n’hésite pas à payer de sa personne ou à y mettre de sa poche, comme dans le projet de compagnie aérienne nationale. Ce qui lui donne toute légitimité à dire ce qu’il pense, de la manière qui lui plaît. Bien qu’il se défende de vouloir choquer qui que ce soit.

Propos recueillis par Mohamed GUEYE et Madiambal DIAGNE

ImageVous êtes candidat à la présidence de la Chambre de commerce de Kaolack, bien que vous soyez un «Saloum-Saloum», tout le monde vous connaît plus comme un Dakarois. Qu’est-ce qui vous incite à vous présenter à Kaolack plutôt qu’à Dakar ?
La motivation est simple. Je suis à Dakar mais ma ville d’origine, c’est Kaolack. Quand on brigue un mandat pour servir son pays, je crois que c’est mieux de commencer par là où on est né. Et les besoins sont plus importants à Kaolack parce qu’à Dakar, il y a déjà un certain niveau de développement alors qu’à Kaolack, le développement recule. Et j’espère que l’apport des privés sénégalais pourra permettre de développer les régions de l’intérieur.
Mais il y a déjà un président qui est candidat lui-même, et qui est aussi un homme d’affaires bien connu comme vous, qu’est-ce que vous pensez apporter de particulier, de plus que ce que les autres ont fait ?
D’abord, ce n’est pas un président mais un vice-président. Je constate que les Chambres de commerce en général au Sénégal, ne jouent pas leur vrai rôle. Ou bien, on ne leur donne pas les compétences, je ne sais pas. Parce qu’on voit partout des divisions, que ce soit dans l’Unacois ou dans les associations syndicales. Et pour moi, le rôle d’une Chambre de commerce, c’est de regrouper tout le monde. Ce n’est pas uniquement un lieu de rencontres mais un lieu de réflexion, d’encadrement, de formation et de supervision. Quand on dit Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, il y a beaucoup de personnes qui pensent qu’elles sont là pour le petit commerçant. Mais moi, ma vision, c’est que les chambres de commerce sont là  pour tout le monde, pour tous ceux qui sont membres de la Chambre. De ce fait, elle doit jouer un rôle très important. Par exemple, si vous prenez la Chambre de commerce de Paris, elle est propriétaire de Hec qui est la plus grande école de commerce. C’est vrai que beaucoup de personnes s’interrogent sur les raisons qui me poussent à laisser Dakar pour aller à Kaolack. Dakar, j’y suis bien présent et je pouvais la diriger (la Chambre de commerce, Ndlr) sans aucun problème, et ils me l’ont même proposée. Mais  je me dis que tant qu’à faire des choses pour servir mon pays, je préfère aller là où on a le plus besoin de moi. Kaolack a besoin de se développer, parce qu’avant, c’était la deuxième région du pays, et maintenant elle recule. J’espère que tous les fils de cette ville sont prêts à repartir, même si ce n’est pas tout de suite. Il s’agira pour moi d’ouvrir des activités avec l’aide des autorités ou des partenaires, pour redynamiser la ville.
Est-ce que vous avez un business important à Kaolack ?
Oui, on a un business très important à Kaolack. Le groupe Ccbm a créé récemment des franchises qui nous permettent d’avoir des représentants dans les régions. Au lieu d’aller nous même créer des activités là-bas, on a préféré nouer un partenariat avec quelqu’un qui est déjà installé au niveau local. On ne peut pas être partout. Si vous voulez être partout, vous pouvez créer des jalousies. Dans l’électronique, dans l’alimentaire, nous avons là-bas des partenaires qui nous représentent. Ce qui restait à faire, c’est le volet transport, avec la franchise des taxis. On vient de le démarrer là-bas. On a commencé par aider une cinquantaine de tricycles mais ce que nous voulons, c’est que les taxis soient disponibles à Kaolack comme à Dakar. Ce qui est un peu difficile, puisque la rentabilité est moindre. Mais quand même, avec un patriotisme régional, on peut les aider à bien gérer ces outils en créant des centres d’appel etc. Tout cela, pour dynamiser le secteur et permettre aux taximen de s’en tirer et payer leurs crédits.
Est-ce que la Chambre de commerce de Kaolack ne constitue pas un tremplin pour l’Union des chambres de commerce du Sénégal, d’autant que les gens disent que quelque part, vous êtes soutenu par le président de la République ?
Non, dans les Chambres de commerce, le président de la République ne peut soutenir personne. Ce sont des commerçants qui s’inscrivent, qui votent. Je ne vois pas pourquoi les gens y voient un soutien du Président. Bien sur, il peut avoir un soutien personnel mais moi, je ne vois pas comment il peut me soutenir. Je peux lui dire que je brigue le mandat et qu’il m’assure de son soutien personnel mais cela reste un soutien verbal. Il ne peut pas s’impliquer plus.
Mais est-ce que ce soutien même verbal ne peut pas pousser les autorités gouvernementales à vous aider dans la concurrence avec votre adversaire ?
Non, je n’ai pas dit qu’il y a un soutien verbal de l’Etat. Le président de la République m’a clairement dit qu’il ne s’impliquerait pas dans les affaires de Chambre de commerce. C’est l’affaire des commerçants. Il ne me soutient pas. Mais qu’est-ce que les autorités peuvent faire ? Ce sont des règles, des élections de représentativité et j’ai en face de moi des gens expérimentés.
Mais votre adversaire vous accuse d’être le candidat de l’Etat !
Oui mais cela n’engage que lui. Chacun peut dire ce qu’il veut. Je ne refuse pas d’être le candidat du Président, mais je ne le suis pas. Eux sont des politiciens, et ils ont toujours un langage de politicien. Moi, mon rôle, c’est d’accompagner un développement. Et, techniquement, en voyant le processus des élections, c’est difficile mais bon… C’est vrai qu’on avait des problèmes, parce que je suis arrivé un peu tard. Pas en tant qu’électeur, parce que les inscriptions sur les listes sont clôturées depuis juin, mais comme tête de liste. Parce qu’aujourd’hui, c’est encore tôt pour parler de candidature. Il faut d’abord être élu et ce ne sont pas les électeurs qui élisent le président. Les électeurs élisent les délégués qui, à leur tout élisent le président. Pour cela, je suis arrivé un peu tard. Mais il y a eu beaucoup de sollicitations et de lobbying des jeunes Kaolackois, pour me convaincre de venir les aider. C’est vrai qu’ils avaient beaucoup d’ambitions mais il leur manquait un leader. Mais quand j’ai vu que c’était dans l’intérêt général et qu’il y avait déjà une dynamique, je me suis impliqué. En partant, c’est vrai qu’on a vu des choses qui n’étaient pas claires. Au niveau de la Chambre, il y a ce qu’on appelle les 1re, 2e et 3e catégories. La 1re, ce sont les gens qui paient des patentes de 100 000 frs à un million ou deux millions. La 2e catégorie, concerne les personnes qui paient entre 50 et100 000 frs. Et la 3e catégorie va de 5000 à 50 000 frs. Auparavant, les Chambres de commerce n’intéressaient personne. Et ce qu’elles faisaient, c’était de regrouper des commerçants à gauche et à droite, et payaient également les patentes des petites catégories qui ont 5000, 6000 frs. Ce qui est une façon de faire de l’achat de conscience, de faire en sorte que cet électorat leur soit acquis. Et pire encore, on a vu quelque chose qui n’est pas normal au niveau du ministère. Sur 41 délégués, ils ont donné 19 à cette catégorie qui n’est pas la qualité. Quand on dit une Chambre de commerce, même quand on a trois industries, il faut donner plus de délégués aux industriels pour qu’il y ait des discussions. Avec ces 19 délégués, parmi lesquels on constate des inscriptions fictives, on a demandé à l’autorité de reporter l’élection pour y voir plus clair. Avec le report, l’objectif des Kaolackois, et vous l’avez constaté, c’était d’ouvrir les listes comme ils y ont droit. Pour les élections des Chambres de commerce, il faut communiquer, faire la publicité, pour que tous les commerçants s’inscrivent. En regardant les inscriptions, les plus représentatifs, ce sont 68 personnes et les moins représentatifs, les tabliers et autres concernent 820 personnes. Cela veut dire que les malversations sont passées par là. Je ne veux pas dire que c’est l’Etat qui a fait ces choses, mais il faudrait que des commerçants de haut niveau s’inscrivent dans la 1re catégorie. Tous les membres du bureau sont dans le même cas. Ce qu’ils ont senti, c’est que les vrais commerçants qui sont à Kaolack, qui paient leurs patentes, ne votent pas pour eux. Parce qu’ils se demandent ce que la Chambre de commerce a jamais fait pour eux. Et ce qu’ils veulent maintenant, c’est les contrecarrer. La bataille n’est pas contre Serigne Mboup, parce que depuis 2008, ils sont en face d’un groupe de personnes. Et même, à un moment, on m’a demandé de faire une médiation. Mais j’ai vu que si je laissais faire, les choses pouvaient atteindre des proportions qui ne favorisent pas le développement de Kaolack. Je me dis que le temps est venu de faire quelque chose pour Kaolack.
On se rend compte que Serigne Mboup ne s’intéresse pas qu’à la Chambre de commerce. Vous êtes également impliqué dans l’immobilier à Touba ?
Ccbm immobilier a déjà fait Touba Sandaga. De la même manière, dans notre perception du développement, le Khalife général des mourides, parce qu’on est des talibés aussi, nous a demandé de penser à la manière de développer Touba. On peut faire un développement semblable à celui que préconisait Serigne Touba dans Matlaboul fawzeyni. Serigne Touba a bien dit qu’il souhaitait que Touba soit une des villes les plus développées, les plus modernes. Il a demandé que Touba soit comme New York. On a des partenaires, on n’est pas les maîtres-d’œuvre du projet. C’est la communauté rurale, avec d’autres partenaires financiers, et des étrangers. On veut aménager 300 ha à Touba avec de l’eau, un système de traitement des ordures, des eaux usées, bref tous les équipements. Le khalife l’a approuvé et vraiment c’était une opération financière privée axée sur l’intérêt général.
Mais ce qui est drôle, c’est que vous êtes allés avec un projet bien pensé dans une ville qui se développe beaucoup, mais dans un mode anarchique. Est-ce que c’était juste pour donner l’exemple d’une bonne gestion, d’une bonne urbanisation ou bien vous pensez que Touba peut attirer la diaspora et que vous aurez plus de facilités de faire des bonnes affaires là-bas ?
Non, Touba ne se développe pas de façon anarchique. Touba, c’est une des villes les plus urbanisées au monde. Elle arrive juste après New York. Touba est bien urbanisée, mais le seul problème, c’est de régler le problème de l’eau. Quand il y a la gratuité, c’est un peu difficile. Si votre journal était gratuit, vous alliez voir, il n’allait pas arriver chez beaucoup de ceux qui le veulent. Dakar est beaucoup plus anarchique que Touba. Il y a des rues bien faites et tout. Le reste, c’est de bien faire le travail, c’est d’amener de l’eau. Mais chaque ville au monde à besoin à un moment de faire une nouvelle ville à côté. Dubaï l’a fait, le Mali aussi. A Dakar, on a fait les Almadies, même s’il reste quelques aménagements à faire, comme les routes et les canalisations. Cela ne doit pas être quelque chose d’extraordinaire et chaque ville au Sénégal mérite d’avoir sa nouvelle ville à côté, bien urbanisée, verte.
Est-ce que le prix de vente des maisons sera accessible ?
Bien sûr. Si ce n’est pas accessible, on ne vend pas. Le problème, c’est d’étudier les possibilités pour faire en sorte que cela soit accessible. Et d’abord, ce ne sont pas des maisons qu’on vend. Nous, on fait le plan d’urbanisation et on va céder les terrains aux promoteurs qui veulent développer des projets dedans. Cela veut dire que ce n’est pas seulement l’affaire de la Ccbm, mais tous les promoteurs peuvent s’y engager pour l’intérêt financier et général.
Quel est l’échéancier ?
Ca on ne peut pas le dire. Il y a encore beaucoup de paramètres à régler. Vous savez qu’aujourd’hui, bien que ce soit le titre foncier de Touba, c’étaient des champs et autres, et le khalife nous a demandé de bien négocier cette situation et d’impliquer les populations qui sont partie prenante dans le projet. Tout le monde  y trouve son compte. Il y a des villages qui sont à l’intérieur du projet, qu’il faut refaire à nos frais. Il y a aussi des champs à côté qu’on veut faire évoluer vers une agriculture moderne, qui puissent nourrir les gens sans avoir besoin d’aller chercher ailleurs. Nous voulons que tout soit moderne et frais. Pour cela, on a des partenaires qui ont l’habitude de le faire. Il l’on déjà fait en Algérie, en Chine et ailleurs. Et ce ne sera pas coûteux. Parce qu’il ya des moyens très développés en aménagement.
Vous avez parlé de titre foncier, cela nous permet de rebondir sur une innovation qui a été introduite dernièrement. L’Etat a promis que les baux seront transformés en titres fonciers. Et on se rappelle que cette idée a été émise pour la première fois par Serigne Mboup.
Oui, c’est vrai. Le Président nous appelle pour des entretiens, des conseils présidentiels ou pour qu’on lui donne notre avis, ce qui est normal. Une fois, on discutait des titres fonciers et je lui expliquais un problème. On donne des baux et des permis d’occuper. Il y a aussi des occupations illégales. Aujourd’hui, est-ce que ce n’est pas préférable pour l’Etat de donner des titres fonciers à tout le monde ? Si vous n’avez pas de titre foncier, vous ne pouvez même pas payer de foncier bâti, donc c’est une perte pour l’Etat. Donc, ce sont là des problèmes. Si le propriétaire décède, cela devient la propriété de plus de cent personnes, l’héritage est compliqué et il y a des conflits familiaux. C’est mieux pour l’Etat de créer des systèmes de titres fonciers légers, auxquels tous les Sénégalais peuvent accéder. L’Etat est propriétaire de tout, bail, permis d’occuper ou titre foncier. Si vous avez votre propre titre foncier, si l’Etat veut le prendre demain, il peut le faire. C’était un problème dont le Président était très conscient et je crois qu’il a fait le nécessaire. Je crois que c’est une bonne chose et il faut que la population adhère, pour qu’on ait des titres fonciers. Ce sera beaucoup plus clair pour tout le monde.
Dans votre argumentaire aussi, on se rappelle que vous aviez évoqué le gain financier pour l’Etat. Vous avez fait un rapide calcul que l’Etat pourrait ramasser beaucoup d’argent avec ça.
Mais bien sûr. Aujourd’hui, je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui ont des baux. Si l’Etat leur demande de payer tout de suite pour avoir le titre foncier, il n’y aura pas de problèmes. C’est vrai que le texte qui permet de payer pour muter son bail en titre foncier existe mais, c’est une très longue procédure qui peut prendre jusqu’à deux ou trois ans. C’est mieux que l’Etat mette en place un système très léger pour dire que si vous identifiez votre bail, si vous allez à la banque pour payer, vous avez votre titre dans les 48h comme vous obtenez votre carte d’identité. Cela peut aider l’Etat à faire des gains énormes et ça peut aussi aider à faire les infrastructures. Les quartiers sont bien construits, mais ce n’est pas bien urbanisé au niveau des routes, des écoles ou des espaces verts. Tout cela est intéressant pour la qualité de la vie.
Vous êtes également actionnaire de Cosama, qui gère le bateau Aline Sitoe Diatta. Dernièrement, du fait de problèmes d’impôt, le bateau a failli être immobilisé…
Ce n’était pas des questions de taxe fiscale. Aline Sitoe Diatta n’est pas un bateau rentable, du fait des  tarifs que l’Etat a imposés. Mais l’Etat a signé un contrat avec nous pour subventionner le bateau, et la compagnie doit faire face à ses obligations salariales et fiscales. Les mois passés, compte tenu  des difficultés que tout le monde a connues, l’Etat a tardé à payer et nous aussi avions tardé à payer les taxes des salaires. Mais maintenant que tout est réglé et qu’on a payé, ils nous ont frappés d’une pénalité de retard de paiement. Nous avons dit non, car nous sommes un service public et l’Etat nous devait de l’argent. Mais vous savez que ce n’est pas au niveau de l’Etat. Ce sont des fonctionnaires dont le rôle est, quand ils constatent un fait, d’appliquer les règles. Ce n’est pas une question d’un bateau de service public ou non. Ils ont fait leur travail, c’est-à-dire d’aller bloquer les comptes. Mais c’est un problème qui a été rapidement réglé et maintenant on a demandé à l’Etat, du fait qu’aujourd’hui la pénalité dont on a fait l’objet est causée par des retards de l’argent qu’il nous devait, d’abandonner cette créance, en toute logique. Ce n’est pas un problème grave. Mais du fait que le bateau a failli ne pas quitter, cela aurait pu devenir grave.
Il était question d’un deuxième bateau sur l’axe Dakar-Ziguinchor, ou en êtes-vous avec ce projet ?
Le président de la République, lors de sa dernière visite en Corée, les autorités de ce pays avaient accepté de financer quatre bateaux. Cela est une bonne chose parce que c’est ce qui raccourcit les délais. A partir de Foudiougne on peut prendre le bateau, y charger des camions et les descendre à Ziguinchor, ce qui va prendre cinq à six heures de traversée au lieu de treize heures de route. Cela peut aider les populations de l’intérieur qui désireraient se rendre à Ziguinchor, et favoriser le désenclavement de la Casamance. Pour nous, on peut plus désenclaver la Casamance avec des ba-teaux qu’avec des routes. Regardez le cas de la Sicile en Italie, ou de la Corse en France, ce sont des îles désenclavées. Avec des bateaux qui peuvent transporter des camions, normalement avec la mer il ne doit pas y avoir d’enclavement. On ne doit pas favoriser l’investissement pour la construction des routes. Si l’investissement que l’on veut mettre sur les routes, on le mettait sur les bateaux, et qu’il y ait des rotations d’une heure, vers Kaolack ou ailleurs, ce serait moins coûteux. Prenez un exemple. Si vous avez un bateau qui peut prendre 50 camions, vous regardez le coût de fonctionnement des camions, l’usure, l’amortissement l’économie de carburant des camions, ce serait un gain énorme. Pour le désenclavement de la Casamance il faut utiliser les bateaux. Surtout que la Gambie en ce jour, est un handicap à l’intérieur du pays. Même si maintenant on a de bonnes relations, il faut prévoir des voies de secours, et faire en sorte que les bateaux fonctionnent très bien, sans passer par là.
Vous êtes impliqué dans le montage de Sénégal Airlines, mais on ne vous a pas trop vu en avant, qu’est-ce qui s’est passé ?
Etre au devant de la scène ne veut pas dire sortir dans les médias ou parler à la presse. J’ai participé à plusieurs Conseils d’administration. Dans une société où le capital est de 17 milliards et où notre groupe a mis un milliard, on ne peut pas ne pas être présents. On est présents dans les Conseils d’administration et on donne notre avis.
D’après nos informations, lors de la dernière réunion du Conseil d’administration, vous n’avez pas été content de la tournure des choses et vous auriez même pensé à vouloir quitter la compagnie.
Je n’ai pas dit que je vais quitter. Je dois parler clairement, parce qu’au Sénégal ce qui nous manque un peu, c’est de dire ce qu’on pense. Pour Sénégal Airlines,  on a participé en tant que privé. Mais c’est vrai que quand un Conseil d’administration décide, ce sont des votes. Et même si vous n’êtes pas majoritaire, vous êtes obligé d’accepter. C’est la seule chose qui m’inquiète. Parce que le président de la République avait bien dit lors d’une audience qu’il nous avait accordée, que pour réussir, il fallait qu’il y ait le moins d’Etat  possible. C’est vrai qu’on a besoin d’un coup de main de l’Etat, mais pour moi, l’Etat doit se départir de ce projet. C’est évident que l’Etat est associé d’office dans ce projet parce qu’il en tire des impôts. Il a le droit de regard sur tout. Le ministre d’Etat Karim Wade n’a ménagé aucun effort pour mettre cette compagnie en marche. Si ce n’était pas lui, ça allait être très difficile, parce qu’il a montré toutes sa disponibilité pour nous regrouper. Ainsi pour l’aider d’avantage et pour aider les autorités, on doit prendre en charge notre compagnie. Parce que c’est trop facile de la laisser dans une certaine situation et que demain, s’il y a des problèmes, on dise que c’est la faute aux privés. Parce que nous nous sommes engagés. C’est la première épreuve qu’on a donné aux privés sénégalais. Donc aujourd’hui, nous privés nous devons parler avec  franchise. Quand on voit des choses qui ne se passent pas normalement, on doit le dire. Cela ne veut pas dire qu’on est contre. Quand on m’a informé, parce que  je n’étais pas à cette réunion, que le Pca a été nommé par l’Etat et l’actuel directeur, même s’il l’est de manière provisoire, est un fonctionnaire de l’Etat, je trouve que ce n’est pas normal. Parce que moi, j’ai mis mon argent dedans et ce n’est pas quelque chose que j’approuve. Je n’étais pas à cette réunion parce que c’est un Conseil d’administration qu’on a convoqué en l’espace de trois jours. Alors que, normalement, un Conseil d’administration se convoque au moins quinze jours avant.
Bon, je pense que ce sont de petits incidents, des choses que l’on dit dans toute société qui s’installe. C’est normal qu’on nous entende parler, on doit avoir notre courage de dire ce que l’on pense. Parce qu’on a beaucoup reproché à l’ancien président du Conseil d’administration de Air Sénégal, qu’il était là, avec les administrateurs de l’Etat et qui ne disaient rien, jusqu’à ce que la compagnie ait coulé. On comprend que les fonctionnaires ont des limites pour ce qui est de leurs prérogatives. Un fonctionnaire ne peut pas critiquer son patron. Mais quand même, nous sommes des entreprises privés. L’argent que nous avons mis dedans, c’est l’argent de nos entreprises et nous devons rendre compte. Aujourd’hui, je crois et cela doit être clair que le moins d’Etat dans cette compagnie-là, lui permettra d’aller loin.  Et c’est valable partout dans le monde. Quand on était en Corée, le président de Korean Airlines, devant le Président et le ministre d’Etat,  avait dit que quand Korean Airlines était une compagnie publique, elle perdait beaucoup d’argent, mais depuis qu’on l’a privatisée à 100%, elle gagne beaucoup d’argent. Nous ne disons pas que nous pouvons gagner beaucoup d’argent, mais nous souhaitons que les privés prennent cette compagnie en charge et s’il y a une réussite, c’est d’abord la réussite de l’Etat, parce qu’il est investisseur dans ce projet. Au cas où il y a échec, qu’on endosse notre échec et le rectifions. Mais on ne peut pas participer dans une société et ne pas dire ce que l’on pense. Je ne fonctionne pas comme ça.
Il était question de vous retirer dans le capital, mais apparemment vous ne pouvez pas le faire, il faudrait vendre vos parts à un autre.
Non, non ! J’avais vu qu’il y avait des obstacles. Peut-être est-ce mon franc-parler, ou la manière dont je m’exprime qui ne plaît pas à certaines personnes. Et dans ce cas, je préfère me retirer. Parce que si je participe dans une société, dans un Conseil d’administration, je dis ce que je pense. Mais si la majorité vote pour dire que c’est comme cela,  pour  adopter telle ou telle décision, je ne peux que me soumettre, parce que je ne suis pas majoritaire. Mais même si je ne suis pas majoritaire, cela ne peut m’empêcher de dire ce que je pense.
Est-ce que vous avez attiré l’attention du président de la République sur cette situation ?
Pourquoi attirer l’attention du président de la République alors qu’il n’est pas partie prenante dans la société ? On doit se dire les choses franchement, entre administrateurs. Ni le président de la République ni le ministre d’Etat ne peuvent nous imposer ce qu’on doit faire. Si aujourd’hui les administrateurs veulent garder le silence pour dire qu’ils laissent le dernier mot à l’Etat, il n’y a pas de problème ! Je ne pourrais qu’adhérer à la décision, en exprimant mes réserves. Mais ce n’est pas une affaire de Président ni de qui que ce soit. Cela, je n’y peux rien et je ne peux que m’en réjouir. C’est une société qui est constituée à 66% de capital privé, et si les privés s’entendent, il ne doit pas y avoir de problème.
Est-ce que vous êtes toujours disposé à vendre vos actions ?
Non, je n’ai pas dit que je vendais, et je ne vends pas mes actions. C’est une incompréhension. Ce qui s’est passé, c’est qu’il y avait des rumeurs qui disaient  que je soutenais une autre compagnie, Asky, qui vient d’être créée. Et sincèrement, je ne connais même pas cette compagnie. Mais, même si j’ai la possibilité d’investir dans une autre compagnie, personne ne peut m’en empêcher. Car Asky, Air France ou Ethiopian airlines, ce ne sont pas des ennemis. Les compagnies doivent être des partenaires. C’est comme moi, qui travaille avec Samsung. LG ou Philips ou autres, ne sont pas des ennemis. Ils sont peut-être des adversaires en affaires, mais on se retrouve. Il ne faut pas  faire croire aux gens qu’il y a des problèmes. Il peut y avoir des malentendus, mais cette compagnie est un bien national et on doit le préserver. On doit tout faire pour réussir ce pari parce que tout le monde nous attend.
Il semblerait qu’à votre niveau, vous avez eu beaucoup de frustrations.  Si l’on en croit à ce que dit la presse, vos relations avec les Coréens sont en train d’être torpillées par le ministre d’Etat Karim Wade
Personne ne peut me frustrer, ni me déstabiliser. J’ai la conscience tranquille. Je travaille avec les Coréens depuis 1992, mais pour mon compte personnel. J’ai vu que la Corée a des potentialités pour aider le Sénégal, parce qu’il y a des situations semblables. J’ai un partenariat avec Samsung. Nos partenaires coréens ont décidé de nous donner quatre bateaux, du type Aline Sitoe Diatta, à 100 millions de dollars, alors que l’on a acheté le seul Asd à 34 millions de dollars. Et ils vont faire deux ports, celui de Ziguinchor et celui de Foundiougne. Et cela fait déjà deux ans que l’on discute avec eux sur ces choses. Mais ce ne sont pas des projets privés, ce sont des projets d’Etat. Ce n’est pas un projet privé. Si l’Etat décide aujourd’hui de me sortir de ce projet, je sors. Il ne peut y avoir de frustration.

lequotidien.sn

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