Guerre de positionnement à Ziguinchor Baldé, Benoit et Doudou Kâ, le trio de la confrontation

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A Ziguinchor où le Parti démocratique sénégalais (PDS) n’est plus majoritaire au regard des résultats de la dernière présidentielle qui le place deuxième avec 42% des suffrages derrière l’Alliance pour la république (APR), le combat politique est déplacé sur le terrain de la légitimité. Entre les trois « enfants du pays » que sont Abdoulaye Baldé, Benoit Sambou et Doudou Kâ, la bataille politique sera très âpre. Dans ce contexte politique local où le jeu des alliances est très déterminant, Robert Sagna, qui a fléchi sans plier, peut être le faiseur de Roi. Mais d’ici là, c’est le trio qui doit se neutraliser. Diagnostic d’un cas sérieux.

Robert Sagna, qui a régné sans partage à Ziguinchor, sera pour les prochaines locales, le faiseur de roi, compte tenu d’un potentiel électoral sûr, fidèle et acquis à sa cause. Pendant ce temps, Abdoulaye Baldé, actuel maire de la capitale du Sud, renvoyé dans l’opposition, fera face à Benoît Sambou, ministre de la Jeunesse et de la Promotion des valeurs civiques, non moins responsable politique désigné du parti au pouvoir aujourd’hui obligé de croiser le fer avec son « frère » Doudou Kâ, Conseiller spécial du président Macky Sall chargé des grands projets. Ce dernier est un novice replacé sur le champ politique. Mais sa riche expérience acquise dans la haute hiérarchie des arcanes de l’administration en 2002 en qualité de conseiller technique du directeur de l’APIX fait de ce « garçon » un adversaire redoutable qui a de l’ambition pour sa région. Il peut valablement asseoir une solide base politique et s’imposer un leadership incontesté. Adulte, mais très jeune sur l’espace politique local, l’administrateur général du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP) investi de la confiance du chef de l’Etat, a fait irruption sur l’échiquier politique pour « bousculer la hiérarchie » avec la claire conscience que Ziguinchor n’est plus la chasse gardée d’un leader et que la « redistribution des cartes » est la nouvelle donne qui s’impose. Surtout qu’apparemment, d’influentes personnalités de la trempe de Robert Sagna ont fini de faire leur temps. Bonjour la conquête politique de Ziguinchor par ces trois « enfants du terroir ». Une conquête aux allures d’une guerre sur fond de légitimité. De quoi donner un cas d’étude politique intéressant dans lequel les adversaires ne partent pas à chances égales.

Abdoulaye Baldé, un policier qui n’est pas le produit achevé d’un politicien à la base
L’homme a une forte personnalité. Jamais de nature à s’emballer dans les détails. Produit d’une haute administration, il a été catapulté à la base par la toute puissance d’un pouvoir libéral qui lui a donné les moyens financiers de sa politique à Ziguinchor. Aidé qu’il a été par le coefficient politique de l’ancien chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade. Sous ce rapport, le leader de l’Union des centristes sénégalais (UCS) qui n’a pas de prédispositions naturelles d’un politicien aguerri, est victime d’une logique, c’est-à-dire que l’homme n’est pas un produit achevé d’un politicien à la base. Lorsque sous la caution de Me Abdoulaye Wade il était « imposé » à Ziguinchor, il y avait trouvé d’authentiques militants du PDS qui ont fait leurs armes au sein du parti libéral. C’est muni de tous les apparats qu’il est allé à la conquête de la frange la plus réfractaire du PDS. Laquelle frange a fini par se ranger derrière. Maintenant qu’il n’est plus au pouvoir, sans moyens financiers, ni l’onction morale et politique de Me Wade son ex mentor, celui qui disait aux ziguinchorois de ne jamais être dans l’opposition semble rattrapé par ses déclarations avec le temps. Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, puisque c’est de lui qu’il s’agit, devra faire face à Benoit Sambou et Doudou Kâ, deux jeunes loups aux dents longues. Pour autant, on ne doit pas « l’enterrer vivant » parce que sous son mandat de maire de Ziguinchor, il a marqué quoi qu’on dise des esprits par des investissements structurants qui ont contribué à changer et moderniser le visage de Ziguinchor. Même s’il demeure affaibli après avoir perdu le pouvoir et les moyens de l’Etat. Plongé dans une passe d’ennuis judiciaires liés à la traque des biens supposés mal acquis, le maire de Ziguinchor, aujourd’hui sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire, est cloué au sol, pris dans un pétrin de nature à jouer en sa défaveur. Preuve qu’il ne peut mettre en œuvre à Ziguinchor son programme qui se résume en 12 priorités.

Benoit Sambou, thiessois ou dakarois fait face au refus du « droit du sol »
Désigné porte-étendard du parti au pouvoir par le président de l’Alliance pour la République Macky Sall, il a eu à mener le combat pour la conquête de Ziguinchor. Malgré cela, Benoit Sambou traîne des tares. En mal de repères depuis qu’il est « parachuté » dans cette ville du sud, sorte de terrain hostile et inconnu, ce natif de Thiès qui a grandi à Dakar vit l’amère « épisode d’adoption » sur un terroir qui semble « lui refuser le droit de sol ». Pour n’être pas né dans la région, le ministre de la Jeunesse dont les parents seraient même séparés du sud du Sénégal depuis, n’avait jamais pensé faire de Ziguinchor sa base politique du temps où il militait encore à « Jëf Jël ». Dans une localité où les réalités sociologiques lui tiennent rigueur pour défaut de légitimité, il est évident que Benoit Sambou n’a pas l’ancrage social de Robert Sagna, de Abdoulaye Baldé ou de Doudou Kâ. En plus, Abdoulaye Baldé ne sera pas le seul obstacle de Benoit Sambou. Il doit faire face à une forte concurrence venant de Doudou Kâ, son « frère » de parti loin de dire son dernier mot.

Doudou Kâ, le « béton armé » de grand degré ne se laisse pas fondre
La montée en puissance à Ziguinchor de Doudou Kâ, ce jeune ingénieur diplômé de la prestigieuse Ecole nationale des Ponts et Chaussées en France est une donne que bien des observateurs de la scène politique locale ne parviennent pas à élucider. L’administrateur du FONGIP, l’institution financière qui est à Macky Sall ce que l’APIX a été pour Abdoulaye Wade, gagne miraculeusement du terrain en se créant une grande place dans le cœur des ziguinchorois, engagé qu’il est sans trompette ni tambour battant. Cette forte aura est en partie liée à son ancrage dans une région où les gens sont restés très attachés aux relations sociales. Ce natif de Ziguinchor, dont les parents et grands parents sont à leur tour natifs de ladite localité, dispose d’une base politique naturellement légitime. « Métis », comme tient-il à le rappeler puisque né d’une mère diola et d’un père peulh, présente des atouts qui le prédisposent à une percée victorieuse s’il va au bout de sa logique de briguer en 2014 la fonction de premier magistrat de la ville de Ziguinchor. Celui qui, s’opposant à certaines décisions jugées unilatérales de Me Wade alors président de la République lui signifiait ceci : « Je refuse la forfaiture pour ne pas faire le deuil des valeurs inculquées par mes parents ». Allusion faite au mérite, à la justice et à l’honneur.
C’est d’ailleurs à croire que la direction de l’APR, quelle que soit sa position, ne peut pas ne pas tenir compte de cette force militante qu’est en train de devenir Doudou Kâ. Il ressort que le président Macky Sall aurait beaucoup de considération pour cet ingénieur que d’aucuns désignaient sous le vocable de « sorcier noir » dans l’équipe de campagne du chef de l’Etat. Ce technocrate a été dans le dispositif central de l’élaboration du programme économique et social du candidat Macky Sall le « Yoonnu Yokkute». Des sources concordantes rapportent que la majorité sociologique est du côté de cet ingénieur de 39 ans.
Opposé à Doudou Kâ, Benoit Sambou n’a pas la culture locale. Et sa culture citadine déteint négativement sur ses rapports avec la base. Pendant ce temps, l’administrateur du FONGIP, au-delà d’être l’homme de confiance du président de la République, présente un atout certain dû à son étoffe

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