GUERRE D’INFOS – Le difficile travail des journalistes au Mali

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Comment parler de la guerre au Mali quand la moindre (et rare) information est invérifiable ? Que montrer d’un conflit où photographes et équipes de télévision n’ont pas accès au front et où les seules images disponibles sont occasionnellement délivrées par l’armée ? L’exemple de la vidéo de la frappe aérienne française fournie vendredi 25 janvier par l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (Ecpad) est en ce sens frappant : elle montre des tirs d’hélicoptères, sans que l’on connaisse ni la cible, ni le lieu, ni la date de l’opération.

Dans un article publié le 24 janvier, Télérama tente d’apporter plusieurs réponses aux questions que pose la couverture médiatique de la guerre au Mali.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’images ? Tous les médias l’ont constaté depuis le début de l’intervention, le 10 janvier : la « Grande Muette » qu’est l’armée française porte toujours aussi bien son nom en période de conflit. Les informations sont distillées au compte-gouttes. « L’armée française a dépêché des officiers de presse sur place, mais ils sont injoignables, peste Sylvain Lequesne, grand reporter à France 3, interrogé par Télérama. Ils nous disent que ne pas communiquer c’est déjà communiquer ! » « Les autorités françaises ont peur que nos informations servent à l’ennemi, explique Pierre Grange, grand reporter sur TF1. On nous refile donc très peu de tuyaux. »

Devant ce mur, nombre d’envoyés spéciaux ont tenté de rejoindre la zone de conflit. En vain. « L’armée malienne bloque toutes les routes qui partent vers le Nord, affirme Lucas Menget, rédacteur en chef d’I>Télé. On essaye de ruser mais c’est très compliqué. C’est un peu le jeu du chat et de la souris. » D’autant plus que les autorités craignent qu’un journaliste français soit pris en otage par des combattants islamistes.

Etre ou ne pas être « embedded » (embarqué avec l’armée) ? Alors, à défaut, certains médias (à tour de rôle) sont accueillis par l’armée sur un lieu donné et pour un temps donné, pour « un résultat bien décevant », note Télérama. Car il ne s’agit que d’images de préparation des soldats ou de transferts de troupes – loin de la zone des combats. D’autres journalistes refusent d’être « embeddés ». « Ce n’est pas un passage obligé », confie ainsi Jean-Philippe Balasse, directeur de la rédaction d’Europe 1.

Comment couvrir un conflit quand son pays est une des parties prenantes ? Le risque de partialité est important quand la France est directement engagée dans les combats. Les présentateurs de BFM TV utilisent régulièrement l’expression « nos soldats » pour désigner les troupes engagées, ce qui pose question. Télérama donne également l’exemple d’un journaliste d’I>Télé qui, sur le plateau, a utilisé un discours proche de celui de l’armée : « Ça se passe plutôt pas mal. Parce qu’on frappe vite et qu’on frappe fort. »

Olivier Ravanello sur i>Télé : "On frappe vite… par Telerama_BA

lemonde.fr

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