[Guest-Edito-Xalima] La réduction du mandat est non seulement justifiable mais y renoncer serait préjudiciable

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Le débat malsain qui cherche à « coltiner » dans un vain imbroglio juridique une question fondamentalement éthique n’est pas seulement inique. Il est révélateur de ces ‘’petites folies’’ dont parlait Montesquieu pour souligner les dangers d’un accaparement du pouvoir par le souverain. Ses collaborateurs qui devaient lui apporter la lumière dans les idées assombries par la solitude du pouvoir deviennent ses pires ennemis, surtout lorsqu’ils estiment ne lui vouloir que du bien alors que leur motivation est réduite au souci primaire de conservation des avantages que confèrent les fonctions officielles. Dieu, préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge. Et si les ennemis du pouvoir du Président étaient dans son propre camp? On peut légitimement se demander si les collaborateurs  du Président qui l’incitent à faire du « Wakh Wakhet » sont plus préoccupés par les intérêts de leur chef que par leur propre égo soigné au rythme de leurs apparitions médiatiques?

Pour justifier l’option de la réduction du mandat, il faut retourner à ses sources.

Une option  à la base fondamentalement éthique.

L’image d’un président, un Deus ex machina, se sentant investi d’un pouvoir de droit divin au point de vouloir se faire remplacer par son fils en instrumentalisant les institutions et les lois domestiquées au goût d’un chef à l’appétit insatiable, avait fini par créer des réflexes de révolte chez le peuple sénégalais. Réflexes expérimentés depuis un certain 23 juin, date restée marbrée dans notre jeune histoire politique. Depuis lors, l’on espérait un Président plus modeste dont le pouvoir réduit au moins en terme de mandat  serait une prémisse. Ressentant ce besoin devenu une demande sociale, Macky Sall avait promis des ruptures. En guise de bonne foi, il avait commis le Président des assises nationales, Makhar Mbow qui avait rendu les résultats de sa consultation. Ce qui était d’abord incompréhensible, c’étaient les réactions d’hostilité affichées par des membres du parti du chef de l’État à l’endroit du président Mbow et de ses conclusions, et cela, avant que lui-même ne s’imprégnât du contenu pour livrer son point de vue. Ceux qui parlaient d’un Président pris en otage par son entourage n’avaient peut-être pas tort. Là est certainement la limite d’un slogan qui est à la pensée ce que le défilé militaire est à la danse : « la patrie avant le parti ». Il ne s’agit plus de le proclamer, il faut le mettre en pratique.

Tout le monde a pu penser que l’option d’un référendum affirmée par le chef de l’État  pour  formaliser la promesse de la réduction du mandat de 7 à 5 ans, était une indication claire qui ferait disparaître les suspicions d’une population dubitative sur les réelles intentions du régime.  Pourquoi alors revenir sur ce débat aujourd’hui alors que le président a déjà formellement pris l’engagement d’organiser un référendum sur la question? Si l’effet voulu est celui d’instruire une sorte de symbolisme démocratique afin de démontrer qu’à l’APR, le débat est tellement ouvert que même la parole du chef peut être remise en cause, le moment est mal choisi. L’on risque plutôt d’avoir un effet pervers, car, d’aucuns pourront y lire plutôt les signes inquiétants d’une autorité chancelante. En ré-ouvrant ce débat, on fait subir au peuple une sorte de « violence symbolique » avec un emballement médiatique qui éloigne de l’essentiel, c’est à dire l’intérêt légitime du public.

Par ailleurs, La focalisation du débat sur les options juridiques offertes pour concrétiser la décision de la réduction appliquée à un mandat en cours, relève d’un pur juridisme mais stérile in fine. Que cela passe par voie référendaire ou par l’Assemblée Nationale, peu importe. On sait comment matérialiser « instutionnellement » son désir de chef dans un régime hyper présidentialiste, surtout lorsqu’il est question, comme ici, d’une réforme « consolidante ». Cette vérité, Macky Sall a eu au moins la chance de l’avoir expérimentée en tant qu’acteur (lorsqu’il s’est agi de voter la loi Ezzan) et en tant que victime, lorsqu’il s’est agi de l’éjecter de son fauteuil de président de l’Assemblée Nationale pour avoir commis un acte de lèse-majesté, en convoquant le fis du Président Wade, alors prince au pouvoir.

Je pense sincèrement que plus dureront les tergiversations et les hésitations, plus persisteront les doutes et plus la sanction populaire sera dure et voire imminente. Le doyen Mame Less Camara estime qu’en renonçant à son engagement, le Président passera 2 ans d’enfer au pouvoir. A mon humble avis, la sanction risque de ne pas attendre les prochaines élections si le président renonce de fait à sa promesse d’organiser des élections présidentielles en 2017. Ce faisant, le pouvoir court le risque politiquement non rentable de faire sortir de leur apparente torpeur des éléments de la société civile dont le silence était d’ailleurs jusque-là interprété comme complice et suspect.  Si Macky Sall ne veut pas avoir son « 23 juin » comme Wade, il n’a aucun intérêt à imiter le « wakh wakhet » de ce dernier. L’une des leçons à retenir des derniers scrutins organisés au Sénégal est la demande forte, mais peut-être encore un peu enfouie, en terme  d’éthique. Une apparence de respect des institutions comme excuse à une entorse à une démarche fondamentalement éthique qui, elle, commande de respecter la parole donnée, sera fatale au Président. On en reparlera….

Pr Ndiaga Loum, UQO

 

9 Commentaires

    • Et vous determinez comment qu’il est « un des plus brillants intellectuels africains »? A t’il ecrit des livres qui a ce jour restent des classiques dans son domaine, ses articles sont ils parmi les plus cites?

      Il est tres pertinent, mais en toute chose ayons de la mesure et basons nous sur les faits.

  1. Ma chere FAMA, l UCAD se meurt a cause des politiciens vereux , des enseignants mal-payes et des etudiants qui n’ont plus le gout de rechercher le savoir.Jai fait l’ENSUT l »ancetre de l’ ESP » , gradue. La majeure partie des intelectuels de l’exterieur ne veulent pas perdre leur temps a chipoter sur des salaires mais le context politique les eloignent de cette auguste institution universitaire . Je suis desole.

  2. Inutile de faire un débat sur une improbable rèduction de mandat ou non Macky Sall fera 7 anss de mandat ce soit disant référendum n’est qu’une farce de plus mais tout le monde sait qu’il ne mettra pas fin au mandat de Macky Sall l’unique solution EST :la DEMISSION DE MACKY SALL et l’organisation des elections présidentielles 90 jours après sa démission mais c’est une autre affaire CELUI QUI REFUSE DE QUITTER LE POUVOIR POUR 3 MOUS CROYEZ VOUS QU’IL VA RENONCER A DEUX ANS DE POUVOIR ?
    MACKY SALL CHERCHE UNE PORTE POUR NE PAS QUITTER LE POUVOIR EN 2017 ET ceux qui gesticulent dans son camp je dirais meme des gesticulations de panique et de nervosité
    Tout ce cirque est animé par Macky Sall himself personne d’autre vous croyez que MBaye Ndiaye aurait le courage de dire de pareilles inepties si Macky n’était pas d’accord
    Le problème est simple Macky Sall voulait avoir le soutien des gens de Benno et des assises nationales maintenant il fallait mettre quelque chose sur la table parmi les principaux points issus des conclusions des assises il y avait la réduction du mandat
    Maintenant les sondages se suivent et se ressemblent Macky ne passera pas le premier tour si des élections se tenaient aujourd’hui et rien ne sera fait d’ici 2018 l’économie sénégalaise qui a le plus faible taux de croissance de la CDEAO connaîtra des signes d’amélioration entre 2018 et 2020 prévisions B.A.D
    Regardez les promesses de Macky Sall rien n’a été fait à part le centre de Diamniadio qui a coûté 60 milliards et qui est fermé livre aux rats rien nada touss
    C’est la panique chez les Mbaye Ndiaye et Cisse Lo qui sont des aperistes véritables ils ont les informations qui remontent des renseignements généraux Macky Sall est en très mauvaise posture dans les sondages les sénégalais sont patients et attendent Le jour du scrutin pour donner le coup de balai décisif le peuple se fout des slogans P.S.E patati patata ne les intéresse pas

  3. Je persiste et je signe, c’est l’un des plus brillants intellectuels africains, je suis dans son domaine , afin dans un des domaine, arce que j’ ai appris dans une de ses publications qu’il a fourni le premier travail universitaire sur le tribunal pour l’ex yougouslavie. Moi je suis dans la communication et je le suis depuis 10 ans. Ses ouvrages sont devenus des classiques pour comprendre les rapports de pouvoirs en Afrique et notamment la place des médias dans l’évolution de ses rapports. Vous ne lirez pas aujourdhui une these en Afrique dans ce domaine sans voir quIl est abondamment cité. Mais je persiste et je signe: je suis contre la prostitution des intellectuels africains à l’extérieur et surtout en Amérique du Nord,, le mot est fort et je m’en excuse, mais c’est comme ça que je ressents les choses,

    • Vous etes certes du domaine, mais il serait tres facile de vous apporter la contradiction avec des elements objectifs. Ce que je ferai pas pour ne pas entrer dans un debat sterile.

      Cependant, Loum ne serait peut etre pas ce qu’il est aujourd’hui (du point de vue scientifique) s’il n’avait pas emigre en Amerique du Nord. Quelqu’un vous l’a dit plus haut, cette universite ne permet pas la recherche de haut niveau, et c’est une triste realite.

      • Ce qui facile c’est de dire c’est facile de vous apporter la contradiction et ce qui est dramatiquement stérile c’est de dire  »mais je le ferai pas’. C’est quoi votre problème? Et vous pretendez avoir le monoplole de l’objectivite juste en enocant ce Vous ne ferez jamais. pfffff …
        C’est avec ce genre de raisonnement qu’on perd l’estime de soi. Qu’est-ce qui vous dit que ce monsieur ne serait pas ce qu’il est sur le plan scientifique s’il n’avait pas émigré en Amérique du Nord? Et les autres chercheurs qui sont restés en Afrique et qui font de la recherche de haut niveau? nit d’où khep bopam. Si vous ne niez pas l’excellence de vos compatriotes vous dénigrer nos universités africaines, chiipiriii.

  4. Referendum yoo, voie parlementaire yoo, dans tous les cas, il s’agit d’un Macky Sall qui a dit qu’il va réduire son mandat, parce qu’il n’est pas assoiffé de pouvoir, parce qu’il est républicain, parce qu’il est honnête, etc, etc, et qui revient demander est ce qu’il faut qu’il soit assoiffé de pouvoir ou pas, républicain ou pas, honnête ou pas.
    Macky veut ravaler ses vomissures et nous demande d’applaudir.
    Et il faut surtout observer le glissement du sujet. De la réduction du mandat de Macky par sa promesse, on est entrain de passer à la réduction du mandat présidentiel. Ce qui va dépasser la personne de Macky. Or c’est Macky Sall simple citoyen qui avait promis, et non le Macky président.

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