[Guest-Editorial] Retard à l’allumage chez Macky Sall

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Une semaine après que le gouvernement a été formé, les sénégalais attendent fébrilement que celui-ci se mette au travail. Il ne sera pas question de « laisser Macky travailler » comme on le disait de Wade durant les quatre premières années de son magistère.

 

Entendons nous bien, il n’est pas question de lui demander de résoudre en un an tous les problèmes que nous avons. Mais il se doit de vite montrer qu’il en a pris la mesure et avec, les décisions qui définissent son réel projet de gouvernance. Les citoyens lui ont fait comprendre lors de ce scrutin aux allures de référendum et non de plébiscite, qu’ils avaient rejeté les méthodes de clan qui ont mis ce pays à genoux. Ils lui ont crié leur douleur et leur exaspération face à une classe politique kleptocrate, qui a pulvérisé les finances du Sénégal et instauré une culture de l’impunité.

Le départ de Macky Sall semble stroboscopisé, comme ces lumières de boîte de nuit qui vous font bouger même en restant immobiles. Son saut dans les affaires semble se faire au ralenti, comme s’il avait ramassé un bâton tâché d’excréments de bout en bout compliquant sa tenue ferme dans des mains délicates. Même à la hache, il faut commencer à élaguer, à donner des signaux forts de reprise en mains, de remise en ordre.

Il a fait une entame prometteuse, annonçant un nouveau type de gouvernance, et se retrouve trois jours plus tard avec un premier ministre lesté d’une affaire judiciaire gênante, et de quelques autres qui traînent des scories comportementaux un peu lourds à tirer. Il en ressort le sentiment d’impréparation à diriger ce pays et le sentiment qu’on a voulu aller plus vite que la musique. Le premier ministre se doit d’éclairer la lanterne des citoyens sénégalais en donnant une orientation claire à son dossier si tant est qu’il se dit innocent, autant qu’il se doit comme l’a souligné Abdoulatif Coulibaly de préciser quelles sont les sociétés dans lesquelles, il compte des intérêts, pour que les décisions qu’il devra prendre dans le futur, soient estampillées « sincères » et transparentes.

Macky Sall se doit aujourd’hui de donner des signaux forts à l’opinion, surtout après qu’il soit allé voir le Khalife Général des Mourides qui lui a recommandé de « traiter Wade comme un père », en un mot de se montrer intransigeant avec les fautifs et pilleurs de la République. On ne lui pardonnerait aucune faiblesse dans ce sens. Nous voyons de dangereuses reptations de caciques de l’ancien régime comme Baïla Wane touchés par des rapports pour l’instant accablants, venir exécuter une scabreuse « danse du ventre » à ses pieds et faire allégeance au nouveau roi, oubliant qu’on a changé d’époque et de fonctionnement. Ses actes à ce niveau doivent être instructifs quant à sa nouvelle gouvernance, et servir de grain à moudre pour une population qui lui a donné son feu vert pour cela.

Certains disent qu’il est comptable des 9 années qu’il a passées auprès du chef de l’Etat sorti, et qu’il serait ligoté, ayant peur du coup, de shooter dans la fourmilière de peur d’en avoir une qui lui colle aux pattes et le pique. Ce n’est pas grave, la confiance du peuple sera le meilleur des antidotes à sa piqûre, si celle-ci doit libérer du venin. On pardonne plus à quelqu’un qui dit « plus jamais ça » qu’à un homme qui veut nous faire accepter l’idée qu’il ne s’est rien passé de grave durant 12 années au Sénégal qui puisse exaspérer un sénégalais.

D’autres pensent, c’est leur droit que si Moustapha Niasse avait été élu, jamais Wade n’aurait osé emporter, ne serait-ce qu’un petit tapis de prières du palais, ce qui prouverait qu’il sait qu’il n’a rien à craindre du nouveau président de la République. Macky Sall se doit de poser des actes forts et tout de suite, comme récupérer les véhicules volés, lancer des enquêtes sur la gestion des directeurs généraux des sociétés nationales comme des agences (Anoci, ARTP, …) qui foisonnaient sous l’ère de Wade, et ne pas faire accroire l’idée qu’on a pu voler tout cet argent sans conséquences.

Il y a des cas symboliques, comme Karim Wade mais il ne faut pas pour autant en faire juste un symbole, lui seul ne pouvant être seul sur le bûcher des vanités. Ce n’est pas à quelque Khalife général de quelque confrérie que ce soit de nous dire si oui ou non, il faut savoir pardonner, mais c’est le moment de réhabiliter des institutions judiciaires malmenées 12 ans durant, pour les amener à rendre la justice qu’attendent les patriotes sénégalais. Sinon, nous aurons l’amère sensation que le président Macky Sall tâtonne et qu’il ignore que les sénégalais lui ont donné carte blanche pour plus de justice et plus d’égalité et plus de mérite. S’il faisait le miracle de nous trouver le Kg de riz à 10 francs, ce riz là serait difficile à avaler si les sénégalais voient se pavaner dans nos rues des individus qui se sont comportés en véritables vandales doublés de malotrus qui en plus, ont dévalisé leurs ministères, nous envoyant le plus vulgaire des pieds de nez au visage, la plus violente des gifles à notre démocratie mourante.

Nettali.net

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