[Guest-Editorial] Wade va partir. Par Abdoulaye Bamba DIALLO (Patron Nouvel Horizon et Kotch)

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UN MONDE SI (IM) PARFAIT

Wade va partir

Les paris sont ouverts. A l’exemple de Senghor et Diouf, est-ce que Wade va quitter le pouvoir en laissant le pays dans la paix et la stabilité sans  passer par une période de convulsion et de violences ?

La dernière initiative prise par le leader du Pds qui veut instaurer un ticket au sommet de l’Etat n’est en fait que le gong du départ annoncé du fondateur du Pds. Abdoulaye Wade sonne sa retraite de la scène politique même s’il cherche à changer les règles du jeu en pleine compétition et à huit mois de l’élection présidentielle afin uniquement de se choisir un dauphin et de l’imposer aux citoyens de la République.

Un véritable monstre de la politique va donc quitter la scène à l’âge inouï de presque 90 ans et après une douzaine d’années d’exercice du pouvoir présidentiel. L’âge et le temps se sont montrés impitoyables et inexorables avec lui malgré ses profonds désirs de battre les records de longévité de Senghor et Diouf. En retour, à défaut de demeurer pendant 20 ans au Palais de la République comme ses prédécesseurs, l’avocat Wade veut y laisser son dauphin et successeur afin que ce dernier organise ses funérailles et lui dresse inventaire élogieux de son bilan. Il ne souhaiterait pas que cela soit fait par un adversaire politique choisi par le suffrage universel et la volonté des citoyens. Nul ne peut interdire à un dirigeant de prendre ses gardes pour se mettre à l’abri en quittant le pouvoir. Léopold Sédar Senghor a pu se l’autoriser et se le permettre en 1981. Ce coup d’Etat constitutionnel s’est opéré, il y a plus de trente ans et c’était le millénaire dernier. La maturité citoyenne, l’éveil des consciences et les mœurs démocratiques et républicaines n’en étaient pas à leur niveau d’exigence actuelle. D’ailleurs, c’est le réveil de la citoyenneté qui en 2000 a refusé à Abdou Diouf le droit d’imposer un successeur aux Sénégalais même si au sein du Parti Socialiste, il s’était déjà choisi un dauphin en la personne de Ousmane Tanor Dieng. Le réalisme lui fera adopter la position de sagesse en acceptant le verdict des urnes après un second tour historique le 19 mars 2000.

La personnalité d’Abdoulaye Wade est celle d’un bagarreur et d’un partisan de la confrontation. Léopold Sédar Senghor était un humaniste et avait la tentation de l’Histoire et le sens du ridicule. Abdou Diouf lui est un ex-fonctionnaire colonial ayant le sens de l’Etat et de la Responsabilité. Il ne peut donc qu’avoir du respect et de la déférence pour les Institutions de la République. Le défi pour Abdoulaye Wade est donc immense. Car devant faire plus et mieux que Senghor et Diouf réunis à la fois.

Objectivement, en scrutant son itinéraire pour asseoir son leadership politique, force est de constater que l’enfant de Kébémer est en train de livrer le combat le plus difficile de sa carrière et aussi de toute son existence.

De par sa personnalité, le leader su Pds a plus de traits communs avec un Saddam Hussein, un Laurent Gbagbo, un Hafez-El-Assad que des personnages historiques comme Jomo Kenyetta, Julius Nyerere ou Nelson Mandela. Car si Abdoulaye Wade sait être réaliste face aux épreuves et situations, il n’a jamais su être raisonnable et sage. Ces traits de caractère qui sont ceux d’un anti-conformiste lui ont permis de se bâtir une légende et de se façonner une personnalité qui n’a peur que d’une chose : perdre. Et qui ne recule que devant le mur. Dans l’opposition, ténacité et témérité sont des atouts car c’est un champ d’affrontements militaires. Pour la conduite des affaires de la Nation et la gestion des affaires publiques, elles sont au contraire des faiblesses.

N’ayant ni le don d’ubiquité ni une propension à un dédoublement fonctionnel, il est aujourd’hui devenu lui-même son propre et premier ennemi et ses écarts de caractère sont ses adversaires les plus résolus.

Et pourtant, il va partir. Avec les applaudissements des citoyens ? Ou les huées des foules qui comme avec Ben Ali et Moubarak leur ont sans ménagement dit « dégage ! ». C’est vrai, ce sont les Anglais qui le disent : « No body is perfect ». Même les politiciens de sa trempe qui n’ont jamais manqué d’audaces ni de vanités.

Abdoulaye Bamba DIALLO

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