Guillaume Soro, vrai vainqueur de la crise ivoirienne

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Qui pourra bénéficier au mieux de la pacification de la Côte d’Ivoire? Théoriquement, Alassane Ouattara, ADO. Plus sûrement, à terme, celui qui a surgi de la crise comme une pin-up d’un gâteau d’anniversaire; celui que l’accélération de l’histoire post-houphouëtiste a dévoilé comme l’acteur déterminant du bras de fer entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara: Guillaume Soro.

Le Premier ministre sortant —et entrant— a surfé sur la vague des Forces nouvelles, qui se sont imposées au cours des neuf dernières années. Celui qu’on surnommait le «Che» dans sa tendre jeunesse en fut le secrétaire général, après avoir été secrétaire général du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI). Il représenta la caution politique de ce Mouvement qui incarna le coup de force du 19 septembre 2002. Il peut se targuer d’avoir été, de 2002 à 2007, le leader de forces qui contrôlaient la moitié du territoire ivoirien. S’il n’est censément pas à l’origine de cette rébellion, il est devenu, de cette hydre, la tête la plus visible.

De même, s’il ne devait pas être le premier responsable du nouveau gouvernement de Ouattara (poste promis au Parti démocratique de Côte d’Ivoire, le PDCI, de Henri Konan Bédié), il s’est imposé comme l’homme providentiel capable de mener les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), loyales à Ouattara, à un assaut final maladroit —mais fructueux.

Egalement ministre de la Défense, il endossa le costume de chef de guerre à la place d’un Ouattara soucieux de ne pas troquer la flanelle pour le treillis. Soro a peut-être usurpé la place d’Ibrahim Coulibaly. dans le MPCI. Il a peut-être dribblé le PDCI pour accéder à la primature. Mais quand bien même il serait un «cannibale» politique, il s’est rendu, à chaque fois, incontestable.

39 ans, et un CV déjà bien rempli

Si Alassane Ouattara devient, à 69 ans, président in extremis, Guillaume Soro a son avenir devant lui. Agé de 39 ans, il est tout à la fois jeune en politique et titulaire d’une longue expérience. Jeune? L’humoriste Adama Dahico explique, dans son dernier spectacle, que, depuis Soro, «P.M.» ne veut plus dire «Premier ministre», mais «Premier métier».

Titulaire d’une longue expérience? Si Soro semble sortir à peine d’une salle de classe, il a pratiqué le militantisme sur un campus ivoirien qui, depuis longtemps, fait office de levain politique. Son «promotionnaire» Charles Blé Goudé, leader des jeunes patriotes pro-Gbagbo, y obtint son diplôme informel d’agitateur qui le conduisit à la tête d’un ministère, même éphémère. Le professeur Laurent Gbagbo lui-même y cultiva la fougue de son remarquable parcours d’opposant. Soro, lui, a dirigé la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) de 1995 à 1998. Sa ténacité lui valut ces quelques jours de prison qui truffent avantageusement le curriculum vitae d’un politicien ouest-africain.

Si le technocrate ADO peine à parler le langage de la jeunesse urbaine, celui des politicards professionnels ou celui des hommes de tenue, Guillaume Soro est, sur ce point, parfaitement polyglotte. Et là est sa force. Soro peut affronter confortablement la «malcause» bonhomme d’un Gbagbo. Le menton volontaire, il peut toiser sans faiblir un Ibrahim Coulibaly qui le dépasse pourtant de trente centimètres. Le moment venu, il saura sans doute amadouer la jeunesse; celle qui s’instruit dans ces laboratoires politiques qu’il connaît si bien; celle qui, dans la rue, est tentée de prendre les armes comme les rebelles dont Soro fit parfois des ministres. L’actuel Premier ministre aura beau jeu d’expliquer, demain, que la rébellion légitime qu’il incarna n’était une solution qu’en ces temps exceptionnels du début des années 2000. C’est déjà le message subliminal de son livre Pourquoi je suis devenu un rebelle, paru en 2005 aux éditions Hachette —éditeur français qui lui ouvrit les portes des talk-shows parisiens.

Si Soro n’a pas encore effectué de campagne électorale en tant que candidat, il a déjà fait ses armes. Il a connu les bureaux feutrés de gouvernements improbables: ministre de la Communication, ministre d’Etat, de la Réconciliation et de la Réinsertion puis Premier ministre sous Gbagbo entre 2003 et 2010; puis à nouveau chef de gouvernement sous Ouattara. Il a aussi traîné ses basques sur les terrains où sifflent les balles. Le 29 juin 2007, il échappait à un attentat à la roquette lors de l’atterrissage de son avion à Bouaké. On aurait pu en retenir qu’il ne faisait pas l’unanimité dans son propre camp —l’opération étant attribuée à des courants de l’ex-rébellion. On en retint finalement qu’il avait le courage d’exposer son poitrail. Quatre membres de son équipage décédèrent au cours de l’attentat. Guillaume Soro aurait-il, en plus, la baraka qu’on attribue aux leaders charismatiques?

Né dans le Nord, dans le département de Ferkessédougou, Guillaume Kigbafori Soro, catholique, échappe à la caricature du nordiste musulman. Plus «militarisé» qu’Alassane Ouattara, il assumera pourtant moins les crimes de guerre commis «pour» ADO, car effectués par des mouvances rebelles dont Soro s’était désolidarisé. Ainsi, une enquête sur le charnier de Duékoué pourrait-elle entacher (pour ce qui est des responsabilités opérationnelles) le commando invisible et rejaillir (pour ce qui est des responsabilités morales) sur Ouattara. Soro a croisé le fer avec l’ancienne génération de politiciens, mais reste un homme politique relativement vierge. Saura-t-il capitaliser ces trois combinaisons favorables? Question de timing.

Combien de temps Guillaume Soro cherchera-t-il à profiter du relatif état de grâce du président Ouattara? Quand prendra-t-il le recul qui lui permettra de capitaliser l’érosion de ce même état de grâce? Objectif: 2015…

Damien Glez

1 COMMENTAIRE

  1. La Devolution monarchique qui est sur toutes les levres aujourd’hui, est une vieille pratique socialiste. Nous ne sommes pas des amnesiques politiques, encore moins des nostalgiques du passe du feu regime socialiste. Abdou Diouf est devenu President de la Republique du Senegal, non pas par accident, ni que le Peuple souverain en avait decide ainsi, mais par simple coup-d’Etat constitutionnel.
    Nous avons l’inconditionnelle obligation en tant que Negres et dignes fils et filles du Continent Noir (Afrique) de nous enraciner dans nos valeurs positives avant de nous ouvrir au reste de la Famille de l’Humanite. Nous devons nous sortir de l’enfermement dans lequel les colonialistes, les Puissances de Babel nous ont mis en nous injectant une Instruction qui banalise notre propre Culture et Histoire et nous transforme en “Petits-Blancs”. Cette instruction n’a fait qu’aliener l’homme noir. Aujourd’hui sur le Continent, nos gouvernants pillent sans pudeur aucune, les deniers publiques et s’autoproclament meilleurs que ceux qu’ils gouvernent, parce que tout simplement, ils se pavanent a longueur de journee avec un morceau de tissu autour du coup (cravate) et qu’ils ressemblent plus a leurs Maitres Occidentaux. Acceptons freres et soeurs de vivre Africain, parce que, c’est la seule facon pour nous Negres de vivre libres et dignes. La voie du Salut qui garantit a la fois, la Dignite de l’homme Noir et une Afrique Unie et Indivisible, passe incontournablement par la mise en pratique de la Pensee de Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Kouameh Kourouma, Cheikh Anta Diop…
    • Les Socialistes, avec le fameux Gaston De Fer a leur tete, n’ont reussi que la Balcanisation du Continent Noir et la dilapidation de son Immense Richesse politico-economique et culturelle.
    • Les Liberaux ont fini de mettre en agonie les Valeurs Positives Negro-Africaines et, marchandent a coup de Papier imprime (cfa…) nos Ames au Diable.
    Dans le cas précis du Senegal, les derives du Pouvoir liberal en place, sont dues en majorite a l’opposition fantome et non republicaine. Cette derniere, en boycottant les dernieres legislatives, a laisse le libre choix aux liberaux d’utiliser a leur guise l’Assemblee Nationale, la Cour Supreme et le Conseil constitutionnel pour finalement installer d’une maniere non-moins republicaine, leur Dauphin a la Majustrature Supreme.
    Si une telle chose se passait demain, la faute incomberait largement aux adeptes de la Politique de la chaise vide, notamment les partis politiques qui ont benevolement choisi de boycotter les dernieres legislatives, afin de punir le Peuple Senegalais de leur avoir refuse les portes du Palais de la Republique. L’Assemblee parlementaire est le maillon le plus incontournable dans une democratie, surtout directe… Arretons les marchandages et les mascarades politiques.Unissons-nous veridiquement autour de l’essentiel, parce que l’histoire juge toujours ses hommes.
    Prenons l’exemple du Senegal,tant qu’on aura pas regle le probleme de la candidature a la majistrature Supreme, la misere des peuples reste sans solution. Le Senegal a une population estimee a environ 13 millions. L’Assemblee Nationale doit voter une loi selon laquelle tout pretendant a la tete de l’Etat, doit pouvoir justifier devant la Commission Independante du Fichier Electoral (CIFE), l’adhesion du 1/5 des citoyens(2 millions) a son projet de societe. Cela permettrait de regrouper les micro-partis en partis representatifs et significatifs et ainsi l’on habillerait l’echiquier politique du Senegal d’environ 3 a 5 partis politiques legalement constitues.
    Ceci ferait place a beaucoup plus de transparence et sur la meme lancee, reduirait les depenses electorales. Cherchons ensemble le Candidat qui passerait en revue de facon transparente, les Grands-Dossiers du Senegal de 1960 a nos jours, afin de combattre de maniere effective et efficiente l’impunite et de restituer Justice aux ayant-droits.
    S’il y a un veritable Leader dans la presente Classe politique Senegalaise, il faut bien le chercher dans le cercle restraint de l’opposition republicaine qui n’ a jamais abandonne le Peuple a la merci, ni du Pouvoir actuel liberal, ni celui precedent socialiste.
    La conviction de l’Alliance des Bons Esprits demeure que le Candidat qui reunirait autour de lui les qualities et les personalites requises, se demarquerait des Maniaques du Pouvoir qui ne pensent qu’au partage du Butin, “Bennoo Siggil Senegal” ou “Bennoo Seddoo Senegal”, “Alternance Sopi ou Alter-noce Soupee”.
    Les voleurs de la Republique doivent payer de leurs crimes politico-economiques.
    “La Patrie ou la Mort, nous vaincrons”. Thomas Sankara
    “La Politique est la gestion saine de la Cite”. Papa Latyr Faye
    PLF
    http://www.youtube.com/thebaayfaal

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