Guinée-Bissao: Le Président Nhamadjo limoge le Procureur général et nomme un avocat à sa place

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Le jeune et bouillant magistrat bissau-guinéen Edmundo Mendes, nommé il y a un an procureur général de son pays, a été limogé et remplacé par l’avocat et ex-ministre Abdu Mané, selon un décret présidentiel publié vendredi à Bissau.

Le décret, signé du président de transition Manuel Serifo Nhamadjo, ne fournit aucune explication à cette décision.  M.Mendes non plus n’a pas souhaité faire de commentaire.
Le nouveau procureur général de la République, Me Abdu Mané, était jusqu’à sa nomination avocat dans le secteur privé. Il a été au milieu des années 2000 ministre dans des gouvernements dirigés par le Premier ministre Aristides Gomes. Son nom figure parmi les suspects des assassinats politiques de 2009. D’où la crainte exprimée pour certains dirigeants politiques de le faire disparaître des documents liés à ce dossier.
Edmundo Mendes, ancien directeur adjoint de la police judiciaire, avait été nommé procureur général de la République en août 2011 en remplacement d’Amine Michel Saad, qui avait été limogé en pleine contestation, après plusieurs manifestations à Bissau contre l’incurie de la justice dans des affaires d’assassinats politiques non élucidés depuis 2009.
Dans l’entourage de l’ex-procureur général Mendes, on attribue son limogeage à son esprit d’indépendance. « C’est une décision politique, parce qu’Edmundo Mendes tenait à l’indépendance de la justice » par rapport au pouvoir politique, a-t-on dit.
En Guinée-Bissau, le procureur général est également un des acteurs clés de la lutte contre le narcotrafic. Ce pays lusophone composé d’une partie insulaire et d’une partie continentale est réputé comme un important point de transit du trafic de cocaïne de l’Amérique du Sud vers l’Europe, les narcotrafiquants profitant de la faiblesse de l’Etat bissau-guinéen et bénéficiant de la complicité notamment de hauts responsables de l’armée.
« Ce que nous reprochons à M. Mendes, c’est son manque de collaboration dans certains dossiers qui sont en justice, comme celui du député Roberto Fereira Cacheu du PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, ex-pouvoir). En plus, c’est quelqu’un qui ne répond jamais aux convocations que nous lui adressons », a affirmé un membre du gouvernement sous  couvert d’anonymat.
Le parlementaire Roberto Fereira Cacheu a disparu depuis huit mois, après avoir été accusé d’être impliqué dans des attaques fin décembre 2011 contre l’armée, présentées par le gouvernement comme une tentative avortée de coup d’Etat.
Récemment, le ministre bissau-guinéen de la Communication, Fernando Vaz, a affirmé être « convaincu que le député Cacheu est bel et bien mort », sans plus de détails sur les circonstances de ce décès présumé.
« Les enquêtes en cours vont nous le prouver », avait dit à la presse le ministre Vaz à l’issue d’une audition par des magistrats sur ses déclarations à ce sujet, alors qu’aucun membre de la commission d’enquête ne s’est publiquement exprimé sur cette affaire, encore à l’instruction.

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