L’alliance entre le président de la République Macky Sall et le patron de Rewmi, scellée entre les deux tours, est apparemment vouée à l’échec et le divorce semble inéluctable. Le passé tumultueux des alliés et le choc des ambitions auront-ils finalement raison de cette alliance de circonstance ?
Les nuages qui s’amoncellent sur les relations entre Ie président Macky Sall et le leader de Rewmi laissent penser qu’elles ne résisteront pas au choc des ambitions. D’ailleurs, les premières salves de cette inévitable rupture ont été tirées depuis Thiès (tout un symbole) par des responsables de Rewmi. Ainsi, ces partisans du maire de Thiès ont déversé leur bile sur la coalition gouvernementale. «Nous ne voulons plus d’une coalition dans laquelle règnent l’hypocrisie et la ruse», ont-ils déploré. Seulement pouvait-il en être autrement si l’on se fie à la guerre sans merci à laquelle se sont livrés les ex frères ennemis dans un passé récent ? Tout le monde se rappelle leurs passes d’armes, surtout au plus fort de la crise entre Wade et Idy. Lors de sa tentative de liquidation, le maire de Thiès avait considéré le Premier ministre d’alors, devenu président de la République, comme le bras armé de son ex «père». Macky était chargé par Wade d’enfoncer Idrissa Seck dans le bitume des chantiers de Thiès avec le fameux rapport déclassé de l’Inspection Générale d’Etat (Ige), tâche qu’il a effectuée avec zèle. Ce qui lui avait valu une cinglante réplique de la part du maire de Thiès, à l’époque pensionnaire de la maison d’arrêt de Rebeuss. Suite à cela, il y a eu la farouche opposition de Macky Sall à la volonté d’Idrissa Seck de nommer son parti «Rewmi». Idrissa Seck pour sa part ne s’est pas privé pour mettre en difficulté le patron de l’Apr dans sa marche vers le palais. Lorsqu’il avait exhumé la fameuse histoire du fonds taiwanais, le peuple a assisté à un échange de propos acerbes entre les partisans des deux formations. Ce qui avait fait dire au numéro 2 de l’Alliance pour la République (Apr), Alioune Badara Cissé, que toute alliance avec le maire de Thiès était exclue.
Jeux et enjeux
Comme «en politique, il ne faut jamais dire jamais», les deux frères ennemis ont fini par se retrouver durant l’entre deux tours, quand Macky est sorti premier, pour donner l’estocade à leur ex «père». Idrissa Seck avait laissé entendre qu’il le soutenait sans conditions pour les intérêts supérieurs de la Nation. D’ailleurs, il ne pouvait pas faire autrement au risque de se griller politiquement car l’heure était à l’union sacrée pour faire partir Wade. Après cette alliance imposée par les circonstances, le leader de Rewmi qui n’a jamais caché son béguin pour le fauteuil présidentiel, ne manquera pas, quand il aura fourbi ses armes, de rompre les amarres avec son allié pour baliser le chemin du Palais. Pour le moment, il s’est emmuré dans le silence et laisse ses seconds couteaux monter au créneau quand son allié pose certains actes qui ne l’agréent pas. Ce fut le cas lors du partage des fauteuils des députés qui devaient siéger à la Cedeao, ou encore la tentative de débauchage de ses militants par l’Apr. Aujourd’hui que Macky Sall a réussi à faire le vide autour de lui, le maire de Thiès veut se positionner comme la seule alternative étant donné que tous les dinosaures sont à quelques encablures de la retraite.
Source : La Tribune
