Il a perdu la bataille des autorisations de pêche devant Khouraichi Thiam : Souleymane Ndéné Ndiaye sur ses quatre appuis

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Face au ‘bradage’ des ressources halieutiques et l’institution d’une taxe parafiscale dénommée Prélèvement de soutien au secteur de l’énergie pour financer le plan Takkal, le Groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes), n’entend pas rester inerte. En conférence de presse hier, ces armateurs et industriels se sont braqués contre ces mesures de l’Etat et comptent user de tous les moyens pour le faire reculer.

Devant ce qu’il appelle ‘l’entêtement’ du ministre de l’Economie maritime à vouloir, vaille que vaille, signer des autorisations de pêche au profit des navires étrangers en dépit de l’opposition du chef du gouvernement, et l’introduction de nouvelles taxes sur le carburant des navires pour financer le plan ‘Takkal’, le Groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes), se met en ordre de bataille pour défendre ses intérêts. En effet, face à la crainte de la signature d’autorisations de pêche à des navires étrangers, ces armateurs qui se sont opposés à cet aval depuis le début, pensent que les 5 milliards francs Cfa que l’Etat va récolter sur les 300 mille tonnes de poissons à raison de 17 francs Cfa par kilogramme ne sont rien par rapport au manque à gagner total de 115 milliards de francs Cfa dans cette opération. Car, pour eux, le prix du poisson tout venant peut être estimé au minimum à 400 francs Cfa puisque les prises accessoires sont souvent plus importantes que les prises ciblées. Par conséquent, notent-ils, le manque à gagner au kilogramme peut être estimé à 383 francs Cfa.
Amadou Lam, vice-président du Gaipes dénonce ainsi la détérioration de la ressource halieutique qu’une délivrance désordonnée de licences et d’autorisation de pêches pourra avoir sur le secteur. ‘Nous avons des inquiétudes sur les ressources qui sont la matière première de notre activité. Nous sommes aussi assujettis par les derniers développements des taxes qui sont indus, qui ne respectent pas la loi et qui ne font que grever nos comptes d’exploitation. Pour des entreprises déjà malades et qui font de gros efforts pour revenir à l’équilibre, nous assommer avec des taxes de cette nature, c’est vraiment condamner le secteur économique et plus particulièrement la pêche industrielle’, soutient Lam. Qui, par ailleurs, s’indigne de l’imposition d’une nouvelle taxe par le décret 2011-170 du 3 février 2011 instituant une taxe parafiscale dénommée Prélèvement de soutien au secteur de l’énergie (Pse), qui risque de gruger davantage les comptes d’exploitation de leurs entreprises. En effet, le gouvernement a récemment décidé d’imposer ce prélèvement qui s’est traduit par une augmentation de 15 francs Cfa sur le prix du litre de gasoil pêche et les autres types de carburant tels que le fuel, déjà très élevé à cause des perturbations survenues dans les pays arabes. ‘Dans la pêche, si vous avez un chiffre d’affaires de 100, il faut considérer que les 50 entrent dans les coûts de gasoil. Donc, introduire au niveau de cet intrant-là des taxes supplémentaires alors que nous n’arrivons pas à faire face à nos besoins pour travailler dans des conditions optimales, c’est effectivement nous contraindre, à terme, à l’arrêt. Et c’est pour cela que nous attirons l’attention des autorités sur les risques que l’on fait courir au secteur’, ajoute-t-il.

Autant de facteurs qui, cumulés, risquent d’asphyxier le secteur de la pêche et envoyer des centaines de personnes à la retraite selon le Gaipes. C’est pourquoi, il envisage de dérouler une batterie de mesures visant à faire reculer l’Etat. ‘Nous avons un large panel de mesures à prendre. Mais, pour le moment, nous préconisons le dialogue. Si l’Etat se comporte en hors la loi, nous aussi nous serons des hors la loi. On n’exclut pas le balck-out’, prévient Dougouti Coulibaly, le secrétaire général du Gaipes.

MALGRE L’AVIS DEFAVORABLE DE LA COMMISSION CONSULTATIVE : L’Etat va finalement signer les autorisations de pêche

Après un bras de fer de plusieurs mois entre le chef du gouvernement et le ministre de l’Economie maritime, l’Etat a finalement décidé de signer les autorisations de pêche aux navires étrangers qui en avaient fait la demande. En effet, selon un communiqué du ministère de l’Economie maritime, ‘le Sénégal a souverainement décidé d’exploiter une partie des ressources afin que le Trésor public puisse en bénéficier à l’instar des autres pays limitrophes. Ce que refusent certains membres de la profession’, relève le texte. Qui précise que les navires autorisés à exploiter ces ressources pélagiques partagées avec d’autres pays sont confinés dans des zones de pêche comprises entre 20 et 35 mille nautiques (entre 37 et 65 km) des côtes, zones quasiment inaccessibles à nos navires de pêche et pirogues. Et, pour assurer une pêche responsable, le communiqué note que des dispositions ont été prises par le département de l’Economie maritime. Ainsi, lit-on dans le document, le dépôt d’une caution ainsi que l’inspection obligatoire des navires par la Direction de la protection et de la surveillance des pêches (Dpsp) et l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam), avant tout début d’activités, sont exigés des requérants.

De plus, l’Etat a décidé d’embarquer trois observateurs sénégalais à bord de chaque navire. Ces derniers ‘sont chargés de vérifier, avant et durant les opérations de pêche, l’observation des dispositions relatives à la protection de la ressource halieutique, notamment celles concernant les techniques prohibées ainsi que celles relatives à la prévention de la pollution marine, sous toutes ses formes’, dit le texte. Qui précise, en outre, qu’il est absolument interdit à ces navires d’utiliser un autre système de pêche que le chalut classique à maille 70 mm. Ce qui exclut tout équipement d’aspiration comme l’activation d’une balise de positionnement type Argos à bord de chaque navire, suivie par la Dpsp.

S’il en est arrivé à prendre cette mesure, c’est parce que, selon le communiqué, l’Etat estime que ces ressources pélagiques partagées, présentes en haute mer, essentiellement constituées de sardinelles et de chinchards ou ‘djaï’ en wolof, sont, en effet, très insuffisamment exploitées par notre flotte nationale de pêche, aussi bien industrielle qu’artisanale, qui ne peut opérer à cette distance. Ce qui, note le texte, induit une perte économique et financière considérable pour notre pays. ‘Ces ressources ne font pas partie de notre patrimoine halieutique national résident, dans la mesure où il s’agit de stocks migrateurs passant au large et partagés entre le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau’, indique le communiqué.

Seyni DIOP

walf.sn

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