Il anticipe, dérape, provoque et ose

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Conférence sur la Libye: Wade marque un coup (Tamsir Jupiter Ndiaye)

Paris a accueilli une « Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle » à laquelle a participé le Président Abdoulaye Wade accompagné par le Ministre d’Etat Ministre d’Etat Me Madické Niang. Cette importante rencontre fut pour le Président Wade un moment de clarification et de renforcement de sa position pour une transition démocratique immédiate en Libye et de confirmation de son option pour « le droit d’ingérence quand les libertés sont menacées et les populations civiles martyrisées ».

Sous l’égide de la France et de la Grande Bretagne qui se sont activement engagées aux cotés des insurgés libyens pour le départ de Mouammar Kadhafi, la communauté internationale s’est réunie à Paris le jeudi 01 septembre 2011 pour discuter du sort du pays dorénavant libéré de la Jamahiriya. La finalité de cette « conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle » est officiellement de « rassembler la communauté internationale et d’aider les nouvelles autorités libyennes à construire leur pays ». Mais, en vérité, il s’agissait plutôt de faire constater et faire admettre la fin du régime de Mouammar Kadhafi pour que même les indécis en prennent acte, de donner au Comité National de Transition dirigé par Moustapha Abdeljalil un statut légitime international, de poser les jalons d’une transition démocratique qui libèrerait le peuple libyen et d’insérer ce pays, fortement riche en pétrole, dans le réseau capitaliste mondial où la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis occupent une place centrale. C’est d’ailleurs ce dernier point qui autorise les observateurs à considérer que l’enjeu essentiel de l’engagement de ces trois pays par le truchement de l’OTAN est simplement le pétrole. D’ailleurs, pour Alain Juppé, Ministre français des Affaires étrangères , qui ne réfute pas cette lecture de la raison de l’ingérence politique et armée de la « communauté internationale » en Libye, il est normal que les pays qui ont aidé le CNT soient « privilégiés » dans les opérations pétrolières ultérieures

 

Mais contrairement aux intentions capitalistes prêtées aux chefs d’Etat des pays membres de l’OTAN, le Président Wade  lors de la Conférence de presse qu’il a tenue à la Résidence de l’Ambassadeur de France à la fin de la rencontre à l’Elysée et après avoir reçu Moustapha Abdeljalil, s’est totalement démarqué de ces calculs subtils de chasseurs de trésor. Sa position est claire : « Je n’attends absolument rien du CNT. J’agis au nom du Sénégal pour participer à la libération du peuple libyen », a t-il précisé en présence d’Abdeljalil qui, en retour, a loué le rôle joué par la diplomatie sénégalaise.

 

Pour le Président Wade qui dit être pour le « droit d’ingérence quand des libertés sont menacées et que des populations civiles sont martyrisées », la Libye doit prendre un nouvel élan pour intégrer activement le concert des nations en étant phase avec les règles universelles de la démocratie et de la liberté.

 

Cette  conférence de Paris  dont l’idée aurait été lancée par le Président Wade lui-même a été un moment fort de concertation entre d’une part ceux qui reconnaissent le CNT comme détenteur légitime de l’autorité et représentant du peuple libyen et ceux qui, d’autre part refusent cet état de fait. Au cotés de certains de ses paires, le Président Wade a expliqué largement les raisons de son options et les enjeux pour l’Afrique et le reste du monde. Sa position, appréciée par beaucoup de chefs d’Etat et de Chefs de délégation présents à la Conférence de Paris a eu un effet politique positif en raison de la stratégie d’avant-garde et d’anticipation qu’il a adoptée en étant le premier Chef d’Etat africain à oser se rendre directement à Benghazi , à ses risques et périls, pour adouber « les combattants de la liberté » et les soutenir pour une « Libye nouvelle, libre et épanouie ».

 

Une diplomatie d’avant-garde et d’anticipation

 

Avec la Libye, quand bien même Wade a eu une position brutale et spectaculaire, il n’en demeure pas moins qu’il a osé jouer contre son ancien ami, Kadhafi, à la surprise générale. A-t-il manqué de reconnaissance  et d’élégance? A-t-il trahi une alliance morale ? A-t-il sacrifié l’ami pour l’intérêt diplomatique du Sénégal ?  Les questions sont ouvertes. Seulement, après une diplomatie préventive inspirée par Abdou Diouf et exécutées d’abord par Djibo Ka  de 1991 à 1993, par Moustapha Niass de 1995 à 1998 et  ensuite par Me Jacques Baudin de 1998 à 2000, le Sénégal inaugure avec Wade et par Me Madické Niang une diplomatie d’avant-garde et d’anticipation. La diplomatie, dit Maurice Couve de Murville est une question d’audace. Elle est un art « tout d’exécution ». Son  génie ne relève donc pas de l’inspiration mais de l’exécution des décisions et des initiatives. C’est pourquoi en suggérant bien avant la Conférence de Paris une rencontre internationale sur la Libye, le Président Wade a réussi à imposer la voix du Sénégal en devançant ses paires d’Afrique jusqu’à apparaître comme la voix africaine sûre pour aider à construire la Libye. C’est indubitablement ce qui explique la confiance que le CNT a envers Wade. Dès la fin des travaux à huis clos de la Conférence internationale sur la Libye, le Président du CNT Moustapha Abdeljalil a préféré  solliciter une audience non avec Sarkozy ou Hilary Clinton ou le Secrétaire général de l’ONU mais avec Wade qui l’a reçu pour discuter longuement et largement avec lui.

 

Wade n’est pas un diplomate. Mais il a sa diplomatie. C’est ce qui fait qu’il anticipe, dérape, provoque et ose sans mesurer avec soin le danger possible avant de se lancer dans une aventure internationale. Parfois ça déroute. Mais avec la Libye, ça a réussi quand-même. c’est ce qu’il explique que les tractations soient déjà entamée pour que la prochaine rencontre internationale se tienne à Dakar

 

Tamsir Ndiaye Jupiter

Paris

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