Inculpez Wade ou libérez Aïdara Sylla ! Par Madiambal Diagne

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J’en vois qui vont encore dire que c’est parce que nous sommes du même patelin de Peckesse-Thilmakha ! On dira que c’est parce que nos champs seraient mitoyens ou que nous aurions gambadé ensemble dans la brousse en chassant des rats palmistes ou que sais-je encore ! Mais qu’à cela ne tienne ! La justice sénégalaise est partie pour commettre un véritable déni de justice. Aliou Aïdara Sylla risque d’être l’unique inculpé pour des faits de blanchiment d’argent. Dans cette nouvelle affaire, le procureur va requérir des poursuites contre Aliou Aïdara Sylla et contre X qui, pourtant, est déjà identifié dès l’enquête de police. Aliou Aïdara Sylla est passé à table, expliquant que les deux chèques dont il était porteur au moment de son arrestation et d’un montant total de 6 millions de dollars américains, à tirer sur un compte de Abdoulaye Wade ouvert dans une banque à Dubaï, lui avaient été remis à Versailles par le même Abdoulaye Wade. Le donneur d’ordre lui a aussi précisé les modalités de répartition du magot. Alors c’est comme qui dirait, la «mule» sera punie et le «chargeur» pourtant identifié sera lui épargné. Notre bon sens paysan refuse de comprendre cette façon de faire.

Cette affaire est délicate pour le Président Macky Sall qui avait déclaré urbi et orbi que l’ancien Président Abdoulaye Wade serait épargné de toutes poursuites pénales mais que toutes les autres personnes impliquées dans des affaires de malversation répondraient de leurs actes. Le Président Sall n’avait aucune autorité légale pour décider de l’absolution de Me Wade, en lieu et place du Peuple souverain. D’aucuns avaient cherché à comprendre l’attitude du président de la République à l’endroit de son prédécesseur qui, faudrait-il le rappeler, avait décidé, lui aussi, d’agir de la sorte à l’endroit du Président Abdou Diouf qu’il avait remplacé à la tête du Sénégal en 2000. Au Sénégal, comme disait quelqu’un, «nous aimons la justice sans être justes, nous aimons nous mesurer aux grandes démocraties sans en accepter les exigences». Car on voudrait encore croire que culturellement, il n’est pas acceptable de poursuivre un ancien chef de l’Etat. Pardi ! Le Sénégal ne s’est pourtant pas gêné pour ouvrir des poursuites contre Hissène Habré, un ancien Chef d’Etat réfugié sur son sol. Il s’y ajoute que les faits pour lesquels Abdoulaye Wade pourrait être poursuivi avec Aïdara Sylla seraient commis alors qu’il n’exerce plus de fonctions de chef d’Etat. L’immunité conférée à un chef d’Etat ne vaut que pour la durée de l’exercice de ses fonctions mais point ad vitam aeternam. Si d’aventure un ancien chef d’Etat commettait un viol ou un crime, dirait-on qu’il ne faudrait pas le poursuivre parce que c’est un ancien chef d’Etat ? Dans le cas d’espèce, il n’est point question de haute trahison ou de Haute Cour de justice, il s’agit d’un vulgaire délit de droit commun justiciable des juridictions ordinaires.
L’affaire est aussi délicate pour la justice qui est placée devant ses responsabilités. Le Parquet qui juge de l’opportunité des poursuites semble, en l’espèce, appliquer son jugement que sur le seul critère du statut social des personnes mises en cause et non aux faits. Au cas où le procureur décidait de déclencher l’action publique contre Abdoulaye Wade par exemple, le gouvernement n’aurait aucune emprise sur une telle décision. Le principe qui régit les rapports entre le Parquet et la chancellerie est intangible ; le voudrait-il que le ministre de la Justice ne peut nullement interdire au Parquet de poursuivre une personne. C’est dire aussi, que les magistrats ont toute la latitude pour prendre leurs responsabilités.
Il reste cependant que le désormais citoyen ordinaire, Abdoulaye Wade, peut être poursuivi sans être jeté en prison pour des raisons humanitaires liées à son âge ou son état de santé. La loi sénégalaise a aménagé la faculté de la dispense de peine pour des personnes reconnues coupables et dans certaines autres législations, comme en Italie par exemple, des lois sont adoptées pour éviter la prison à des personnes âgées de plus de 75 ans, quels que soient les crimes ou délits commis.
On ne le dira jamais assez, cette «Affaire Aïdara Sylla» devrait inquiéter. Il est bien possible que la police vienne d’éventer une opération de déstabilisation du pays. Les services de sécurité de l’Etat suspectent depuis plusieurs mois une opération de déstabilisation du régime du Président Macky Sall par des opposants, riches comme Crésus, qui chercheraient ainsi à s’éviter d’être poursuivis pour des malversations financières. C’est justement cela qui avait poussé à organiser des surveillances sur des déplacements à l’étranger de certaines personnalités politiques et leurs mouvements financiers. Déjà qu’on suspecterait aussi que Karim Wade attendrait une autre mule qui devrait venir du Maroc, porteuse de sommes d’argent qui entrerait par les frontières terrestres. Qui ne se souvient pas que pour bien moins que cela, Cheikh Tidiane Sy, alors ministre de la Justice avait ouvert le 18 mars 2011 à minuit, une enquête pour tentative de déstabilisation du régime du Président Abdoulaye Wade ?
L’affaire Aïdara Sylla peut cependant se révéler être un bon coup pour le Président Macky Sall en ce sens que les sources de financement du Pds peuvent être coupées. Qui se risquerait maintenant à convoyer des fonds pour approvisionner les responsables et militants au front ? Aussi, en laissant poursuivre Abdoulaye Wade, Macky Sall aura sous le coude un dossier qui sera une épée de Damoclès sur la tête de Me Wade. Peut-être que cela poussera l’opposant Wade à se tenir à carreau.
Cette affaire Aïdara Sylla renseigne encore sur la personnalité du président Wade. Dix ans durant, nous nous sommes tués, à travers ces colonnes, à publier ses hauts faits de prédation de ressources publiques. Ils étaient nombreux à nous accuser de tout. L’affaire Aïdara Sylla a fait tomber les certitudes de nos grands pourfendeurs. Qu’on admette que nous puissions savourer le sentiment d’avoir eu raison, d’avoir toujours dit la vérité sur Abdoulaye Wade qui lui, ne peut pas dire autant. N’est ce pas lui-même qui regardait les Sénégalais dans le blanc des yeux pour leur dire que la réfection de l’avion de commandement de la Pointe de Sangomar ne devait pas coûter un centime au contribuable sénégalais ? Que l’argent nécessaire lui était offert par des amis étrangers ? Que le sommet de l’Oci et le Fesman ne couteraient rien au Sénégal ? Idem pour le monument de la Renaissance. Est-ce que ce sont les mêmes amis étrangers qui lui ont donné l’argent dans le compte de Dubaï ? Faut-il en rire ou en pleurer ? Abdoulaye Wade ne disait-il pas ne posséder qu’un seul compte à l’étranger, en France ? Que si jamais on lui trouvait un bien immobilier en France, qu’on le prenne ? Et alors ces comptes de Dubaï, de Djeddah, de Nouakchott ? Et alors ces hôtels particuliers de l’Avenue des Ternes à Paris ? En attendant d’autres révélations…. Le génie de Me Wade a été de ne jamais dire la vérité à son peuple. Son autre trait de génie est de fabriquer des milliardaires selon un spécimen précis. Il les veut, sans grande instruction et téméraires, pour leur faire faire n’importe quoi. Ce sont Aïdara Sylla, Cheikh Amar, Mbackiyou Faye, Ndiegne Fall, Loum Diagne, Oumar Sy, Diop Sy, Aïda Ndiongue, Alioune Badiane, Serigne Mboup, etc.
Pour en revenir à l’affaire Aliou Aïdara Sylla, on retiendra qu’entendus par la police, Samuel Sarr et Madické Niang affirment que leurs parts de l’argent que devait distribuer l’ancien député libéral représentaient des remboursements de créances consenties à Abdoulaye Wade. Les responsables du Pds nous avaient habitués à dire que leurs fortunes provenaient de dons et autres largesses que leur faisait Abdoulaye Wade. Maintenant, on découvre que c’est Wade qui leur doit. Certes, Il n’y a rien de plus normal, pour un bon vieillard musulman, au crépuscule de sa vie, que de payer ses dettes.

 lequotidien.sn

3 Commentaires

  1. Si les révélations de monsieur Madiambal Diagne sont de la même veine que ce qu’il nous informe sur les hôtels particuliers situés sur l’Avenue des ternes dans le 16ème à Paris, on peut pouffer de rire ! Cet » immeuble » dont fait allusion ce Madiambal Diagne n’est rien d’autre qu’un petit studio, au fond d’une cours composé d’une pièce de 40m2, d’un bureau de pas plus de 15 m2 et d’un coin toilette qui servait de bureau à Wade opposant où j’ai eu l’occasion de le rencontrer, et ceux qui connaissent ces lieux doivent rire en lisant l’opposant à Wade Madiambal Diagne ! Notre « ami » Madiambal irait trop vite en besogne en parlant de blachiment d’argent comme si Abdoulaye Wade vai pas de l’argent honnêtement gagné en douze années depouvoir. Si tel n’était le cas, on verra si ceux qui ont mis la main sur ce ou ces chèques auront tout la possibilité et le droit de faire opposition pour empêcher que le Président Wade n’en soit plus le bénéficiaire dans un sens comme dans l’autre dès la fin des vérifications légales.

  2. La seule question que je me pose : cet argent appartient -il à Wade ou pas ? Ou on voudrait nous faire croire que tout ce qui appartient à Wade est illicite ?Tout comme Diouf et avant lui Senghor, Wade a bénéficié de largesses personnelles de ses amis, n’ a t-il pas le droit d’utiliser cet argent comme bon lui semble. On se souvient, Diouf avait quitté le Sénégal le jour même de l’investiture de Wade. Pour quelle destination ? Le Maroc puis la France. Ce n’était pas un hasard. Ce sont des pays amis où il disposait de bien et où il pouvait espérer recevoir des cadeaux. Alors je pense que c’est facile de tirer sur Wade à cause de cette histoire pour faire croire qu’il est Ali Baba. Dites ,nous d’abord quelle est l’origine de cet argent avant de crier au voleur !

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