Indépendance qui chante, indépendance qui pleure, par Mamadou SyTounkara

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Tous les 04 avril, depuis 53 ans, nous fêtons notre indépendance de la colonisation française par des festivités : parades et réjouissances diverses. Cette indépendance qui chante ne nous a pourtant pas assuré la prospérité pour le plus grand nombre. Le Sénégal est classé parmi les Pays les moins avancés (PMA) et les Pays pauvres très endettés (PPTE). Notre très faible Indice de développement humain (IDH) est inférieur à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (154e sur 187 pays). Dépourvus de tissu industriel et extravertis, nous sommes dépendants des importations pour notre nourriture, notre habillement, la totalité des biens manufacturés modernes. Le chômage et le sous-emploi sont massifs tandis que tous les corps sociaux, de la santé à l’éducation, de l’artisanat à l’agriculture, la pêche et l’élevage exigent des minima qui font défaut.Nos zones rurales et nos banlieues sont sinistrées. Notre histoire n’est pas encore écrite, nos trésors humains, matériels et géographiques nous sont inconnus et même la pacification complète et le désenclavement de la nation restent à faire. Des milliers de nos jeunes ont préféré affronter la mort dans l’Atlantique que de rester dans un pays qui, ô suprême paradoxe, est béni de Dieu avec ses 720 km de côtes, 300 espèces de poissons différentes, trois fleuves, 14 lacs, son ensoleillement permanent, ses terres fertiles, ses forêts, ses animaux, ses minerais (or, phosphate, gaz, zircon, marbre, fer, pétrole), ses hommes et femmes de valeur.

Il semble que nous avons raté une phase essentielle dans le processus de décolonisation : l’audit de la colonisation. Un inventaire sérieux de ce qui est à retenir et de ce qui est à extirper de l’exploitation économique et de la domination culturelle françaises n’a pas eu lieu. Nous avons cheminé allègrement sur la même route et, jusqu’à présent, notre constitution, nos lois, notre langue officielle, notre administration, notre système économique, notre enseignement, notre appareil sécuritaire sont tous des legs coloniaux.

A côté de cette indépendance qui chante, pleurons l’indépendance que nous n’avons pas encore. Celle que nous devons construire avec nos vertus intrinsèques de xel, fit, foulleu, fayda, jom, ngor, nguem. Une indépendance qui mettra en valeur tous nos potentiels et notre génie et consacrera l’eldorado que doit être le Sénégal. Une indépendance qui réconciliera les Sénégalais avec leur vraie histoire, leurs vraies richesses, leurs vrais défis. Une indépendance qui nous assure la prospérité et le cadre d’épanouissement adéquat. Une indépendance qui forge en nous une mentalité positive de gens civilisés et travailleurs. Une indépendance qui nous confère une place de choix dans un monde impitoyable de vitesse, d’intelligence, de créativité et d’innovation. Une indépendance qui nous rend respectables aux yeux de tous. Une indépendance qui ne nous rend plus dépendants.

C’est cette indépendance qui pleure que nous devons bâtir et laisser aux générations futures de Sénégalais.

Pouvons-nous le faire ? Oui, et nous DEVONS même le faire. La responsabilité de tous est engagée.

Mamadou SyTounkara

3 Commentaires

  1. En vérité, il n’ y a aucun peuple au monde qui, bien qu’étant été réduit en esclavage il y a quelques siècles, avant d’être des sujets d’un autre peuple se soit développé en moins de deux siècles ! On peut dire que le peuple d’Israël fait exception, parce que plus de 1000 ans après avoir été dispersé a réussi à créer sur la terre de ses ancêtres un Etat moderne, industrialisé et relativement riche et indépendant! Quoi que nous fassions, si ce n’est la REVOLUTION, il y aura toujours ce genre de revirement, de compromissions qui ne nous fait pas avancer d’un iota dans le domaine des valeurs! Ceux qui ne connaissent rien des peuples Asiatiques qu’ils ne cessent de citer en exemples, racontent des histoires, parce que ces peuples n’avaient rien à voir avec l’Afrique, il y a huit siècles , pour ne pas aller plus loin !

  2. Mamadou Sy Tounkara, arrêtes de critiquer et donnes des solutions. Sa wax bari na! Et puis toi qui critiquait ceux qui faisaient des faites en écrivant le wolof, il faut écrire: ngëm, fullë, fitt…

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