Indiscipline, quand tu nous tiens ! par Bosse Ndoye

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La plus grande chose que la politesse puisse nous faire perdre, de temps en temps, est une place dans un autobus bondé, a dit Oscar Wild. L’indiscipline, elle, combinée avec le laxisme, l’incivisme et l’indifférence constituent un cocktail explosif qui mine beaucoup de secteurs socio-économiques dans notre pays. Sur ce plan, on croyait avoir déjà tout vu : de grandes personnes uriner dans les rues, d’autres traverser l’autoroute à pied pendant des heures de pointe, d’autres encore jeter leurs déchets sur la place publique sans états d’âme, des chauffeurs sortir de leur voiture pour en venir aux mains en pleine circulation, un conducteur soucieux de sa sécurité et de celle de ses concitoyens se faire klaxonner, voire insulter quand il essaie de respecter les règles de la circulation en s’arrêtant au feu rouge …. Tout ceci se passant parfois dans l’indifférence totale de nos concitoyens et/ou sans sanction de la part des autorités publiques. Le comble vient d’être atteint. Comment interpréter autrement cette photo, que je croyais montée de toutes pièces, qui circule sur Facebook, montrant un chauffeur de taxi emprunter une passerelle réservée aux piétons dans à Dakar ? Je n’en reviens toujours pas ! De toute évidence cette image surréaliste aurait fait pâlir de honte n’importe quel autre peuple. Chez nous, le fait qu’elle soit perçue banalement, à part les rires qu’elle suscite, en dit long sur le degré de laisser-aller et laissez-faire au sein de nos compatriotes. Elle est en vérité symptomatique d’une société qui s’affaisse sous le poids de l’indiscipline et de l’insouciance. Cela ne semble guère étonnant dans un pays où la capacité d’indignation est à son niveau plancher. Les gens sont désormais mithridatisés au point que tout ce qui a été dit ces derniers jours après le caillassage du Président de la République pour un retour aux valeurs portées par l’éducation, l’instruction et la discipline n’a été, en fin de compte, que feu de paille. Personne, non plus, ne semble se souvenir des appels à l’introspection pour comprendre les causes de l’échec massif des candidats au baccalauréat.

En réalité, l’amnésie règne sans adversité dans ce pays. On en est arrivé à oublier qu’il y a une dizaine d’années, au lendemain du naufrage du bateau le Joola, le pays avait voulu faire une union sacrée pour ressusciter une véritable prise de conscience sur l’importance du civisme et de la discipline. Le naturel a, depuis, repris le dessus. En cause, entre autres, nos politiciens qui nous serinent ad nauseam leurs projets d’émergence qu’ils posent en guise de miroir aux alouettes. Ils semblent oublier l’essentiel : l’émergence économique passe forcément par l’émergence mentale et le respect des valeurs de base nécessaires au bon fonctionnement d’un pays. L’indiscipline n’est l’apanage d’aucune société. Il faut toutefois une justice sociale, et, surtout, des institutions fortes, prêtes à sanctionner tous les contrevenants aux règlements. Au-delà de l’éducation, la peur d’une sanction pécuniaire et celle du gendarme semblent être les armes les plus efficaces pour pousser les gens à bien se comporter en société. Mais quand l’incivisme et l’indiscipline prennent racine au sommet de l’État, il est peu probable de voir ceux qui doivent suivre les leaders se comporter autrement.

Bosse Ndoye

[email protected]

Montréal

 

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