Inondations dans la banlieue dakaroise : le Ramadan vécu dans la psychose et la hantise

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Le mois de Ramadan est difficilement vécu par les populations de la banlieue. Les inondations sont passées par là. La situation intenable est caractérisée par un environnement pollué, conjuguée aux flaques d’eau où baignent mouches et moustiques.Un tour effectué dans ces localités nous a permis d’en faire le triste constat.

Lundi 08 août 2011, il est 19h 30 mn à Médina Gounas, lorsque nous débarquons dans une maison en baraque située en face de la route menant vers la mer. En cet instant, on s’approche de l’heure de la rupture du jeûne. Les préparatifs vont bon train, mais avec une très grande inquiétude car l’environnement n’est pas propice. Un environnement pollué par les eaux stagnantes, des flaques d’eau où baignent moustiques et mouches, eaux verdâtres, entre autres. S’installer et prendre gracieusement sa tasse de café pour rompre le jeûne relève d’une gageure. Le quartier Médina Gounass n’échappe pas à ce constat. Dans une petite véranda, qui est presque perdue de vue à cause de l’eau des pluies qui ont frappé cette zone, le vieux Amadou Sall renseigne que les populations de cette localité vivent dans ces conditions depuis 2006.

A Médina Gounass, le Ramadan est vécu dans la psychose et la hantise. Tout simplement parce que les inondations ont fini d’y installer une situation intenable faisant que les habitants de cette localité éprouvent toutes les difficultés du monde durant cette période bénie. Par exemple, cette famille auprès de qui votre serviteur a rompu le jeûne comprend 12 membres. Ils se sont installés, tous, sur une natte soutenue par plus d’une cinquantaine de briques superposées. Le but est d’éviter tout risque de couler. Le constat de la dame Aminata Ndiaye, âgée de la trentaine environ, est amer : ‘Nous vivons toujours la même situation ici à Gounass, depuis plusieurs années. Nous sommes confrontés aux problèmes des inondations. Nous ne mangeons pas dans un environnement sain. En plus de la mauvaise odeur qui empeste l’air, les mouches et les moustiques viennent augmenter notre situation de détresse.’ Le cœur meurtri, et visiblement troublée par les conditions dans lesquelles les membres de sa famille vivent le Ramadan, Aminata Ndiaye enfonce le clou : ‘Vous avez vu, nous ne disposons même pas de lieux propres où nous installer pour rompre le jeûne. Même pas un espace ou le sable est visible. Tout est inondé d’eau accompagnée d’une odeur suffocante. Nous avons un très gros problème pour manger. C’est très difficile pour quelqu’un qui n’a rien mis dans la bouche depuis le matin. Vous ne pouvez pas imaginer le calvaire que nous sommes en train de vivre en cette période de Ramadan.’ Des propos confirmés par son oncle Amadou Sall. Ce septuagénaire qui se distingue par ses joues creuses qui signalent l’absence de plusieurs dents, témoigne : ’Vraiment, nous ne vivons pas. On ne peut plus continuer à vivre dans cette situation. On est inondé 24 heures sur 24. Impossible de dormir la nuit à cause des moustiques. Pendant la rupture du jeûne, les moustiques tombent sur nos aliments, avec tout ce que cela comporte comme risque de maladies. Les enfants sont affectés. Ils tombent malades presque tout le temps. Les moustiquaires ne servent à rien. La situation est la même en saison sèche.’

Le Ramadan en banlieue dakaroise, c’est un cortège de souffrances et de désolations : inondations, routes impraticables etc. Hormis le quartier de Médina Gounass, plusieurs autres quartiers sont dans la même galère. Mouzdalifa, Pikine, Guinaw rails, Sicap Mbao, Diamaguène, entre autres, n’y échappent pas.

Fa Oumou COLY (Stagiaire)

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