INVESTISSEMENTS ROUTIERS EN DIX ANS 700 milliards inopérants

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Le sous-secteur routier qui a constitué près de 90% des investissements passés du secteur a engrangé quelque 700 milliards de FCfa de dépenses « inefficaces », du fait d’une stratégie d’entretien « inadéquate » basée sur des réhabilitations nettement plus coûteuses, selon la Banque mondiale.

Près de 700 milliards de FCfa ont été investis dans le sous-secteur routier au cours des dix dernières années dont un peu plus de 500 milliards de FCfa entre 2005 et 2009, selon le dernier rapport de la Banque mondiale qui souligne toutefois que certaines de ces dépenses devraient être reclassées dans les dépenses de fonctionnement et non dans les dépenses d’investissement: Par exemple les dépenses d’entretien courant des routes et les dépenses de fonctionnement de l’AATR (rebaptisé AGEROUTE en 2010), et plus récemment du Fonds d’Entretien Routier Autonome (FERA).

Toujours est-il que le réseau des routes revêtues en état bon à moyen, se serait étendu d’environ 500 km et celui des routes en terre d’environ 600 km. Globalement, le pourcentage de routes classées en état bon à moyen tous types de surface confondus est de 45%. Un chiffre sensiblement inférieur à la moyenne africaine de 70% pour le réseau principal. En revanche, le pourcentage de routes revêtues en bon état estimé à 30%, serait très proche de la moyenne africaine, ce qui fait que le retard sur les autres pays d’Afrique proviendrait du réseau routier en état moyen dont l’étendue est jugée trop faible, dénotant généralement un déficit d’entretien périodique. Or, selon la Banque mondiale, ces chiffres relatifs à l’état du réseau et renseignés par l’AGEROUTE, doivent être pris avec réserves.

Le rapport souligne qu’ « aucun relevé exhaustif de l’état du réseau n’a été effectué depuis trois ans », et les relevés partiels ne sont pas faits de façon systématique par les antennes provinciales de l’AGEROUTE. En conséquence, les chiffres annoncés sont le résultat d’une estimation « assez grossière », notent les rapporteurs de la Banque. Par ailleurs, les travaux de bitumage de routes en terre (232 km sur la période) et les nouvelles constructions de routes revêtues (103 km sur la période) qui ont provoqué la réduction de 232 km du réseau de routes en terre et l’augmentation de 335 km du réseau de routes revêtues, n’ont pu être identifiés de façon irréfutable et sont « probablement » enfouis dans les travaux de réhabilitation.

En confrontant avec ses propres méthodes, les données correspondant aux travaux effectués sur le réseau entre 2005 et 2009 dans un modèle de gestion de réseau, les experts de la Banque disent avoir obtenu un résultat légèrement inférieur pour le réseau revêtu en état bon à moyen (56% au lieu de 61%) et largement inférieur pour le réseau en terre en état bon à moyen en 2009 (11% au lieu de 37%). En d’autres termes, selon le modèle et en fonction de la nature et de l’ampleur des travaux réalisés, l’état du réseau routier revêtu se serait maintenu et l’état du réseau en terre se serait dégradé durant la période. Le prochain relevé exhaustif de l’état du réseau devrait permettre de fixer les idées.
250 milliards de perte d’efficacité plus 375 milliards de sous investissement

Il n’empêche, malgré une amélioration qui s’est matérialisée dans la dernière décennie, les infrastructures de transport auraient plutôt tendance à créer un goulot d’étranglement à l’essor économique. Selon le rapport de la Banque, évoquant l’étude diagnostique des infrastructures dans les pays d’Afrique (Africa Infrastructure Country Diagnostic 2009 AICD) et l’enquête sur le climat des affaires de 2008 dans laquelle les déficits en infrastructures sont citées par 40 % des entreprises en moyenne en Afrique comme un facteur affectant négativement leur productivité, fait savoir que ce chiffre s’élève à 60 % au Sénégal.

Il apparaît ainsi que dans le sous-secteur routier qui a constitué près de 90% des investissements passés du secteur, les dépenses qui ont été effectuées n’étaient pas efficaces du fait d’une stratégie d’entretien jugée « inadéquate » qui a négligé les entretiens périodiques au profit de réhabilitations nettement plus coûteuses.

Stratégie qui, selon la Banque mondiale, aura coûté au cours des cinq dernières années, environ 250 milliards de FCfa de plus que ce qu’une stratégie adéquate aurait coûté pour obtenir le même résultat. Une somme qui aurait pu être investie dans le renforcement des infrastructures routières, souligne la Banque.

Pour illustrer, les montants moyens annuels ordonnancés de 102 milliards de FCfa ont eu le même effet que si l’on avait dépensé 50 milliards de FCfa, en utilisant une stratégie adéquate qui privilégie les entretiens périodiques au détriment des réhabilitations. En conséquence, le sous-investissement dans les infrastructures de transport au cours des cinq dernières années pourrait être de l’ordre de 600 milliards de FCfa (250 milliards de perte d’efficacité plus 375 milliards de sous investissement). Ceci a pour résultat que l’état du réseau routier sénégalais se classe bien en dessous de la moyenne africaine avec, en moyenne consolidée, 45% de routes en état bon à moyen (et probablement moins comme l’a montré la revue) contre 70% en moyenne en Afrique sub-saharienne.

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