Invité de la rédaction Abdou Latif Coulibaly, candidat à la présidentielle : «A Dakar, un petit monticule de terrain a coûté 56 millions au Trésor »

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S’il y a une candidature qui a surpris plus d’un, c’est celle du journaliste-écrivain Abdou Latif Coulibaly.Pas parce que l’homme ne dispose pas d’assez de ressources ou de bagages intellectuels pour prétendre à la magistrature suprême. Mais seulement parce qu’on ne s’y attendait pas.Pourtant, c’est ce que le candidat de Bennoo alternative 2012 considère comme un atout. ‘Je suis neuf, j’ai des idées très claires parce qu’elles me sont inspirées par les Assises nationales’, clame l’auteur de ‘Wade un opposant au pouvoir, l’alternance piégée’. Il se veut d’ailleurs le candidat des Assises nationales et entend les faire connaître davantage aux Sénégalais durant sa campagne électorale.Latif Coulibaly dit faire partie des rares candidats qui ont été choisis par une procédure novatrice et extrêmement démocratique.Et même s’il ne se considère pas comme un candidat exceptionnel, le directeur de l’Issic affirme être un candidat de la rupture par rapport à beaucoup de choses. 

Wal Fadjri : Vous êtes un journaliste de renommée internationale, qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans une aventure aussi dangereuse qu’une élection présidentielle ?

Abdou Latif COULIBALY : Je ne suis pas tout à fait convaincu que cette aventure est dangereuse. Au contraire, je pense que c’est une aventure extraordinaire, parce que c’est une aventure humaine au terme de laquelle on se propose de gérer la vie des citoyens. Je trouve que c’est extrêmement stimulant et pour tout homme qui s’y engage c’est un challenge formidable. Je suis tout à fait convaincu que chaque pas qu’on entreprend dans la vie, chaque aventure dans laquelle on entre, il y a des dangers et des risques. Mais c’est parfois des risques calculés. Et si on prend un risque pour son peuple quoi de plus normal ? Quoi de plus noble que de prendre des risques pour son peuple. Avec des amis qui m’ont fait confiance et qui pensent qu’au terme de notre aventure nous serons capables, si le peuple sénégalais nous fait confiance, de mettre en œuvre quelque chose qui me paraît essentielle : Les conclusions des Assises nationales. Une doctrine politique et une vision du Sénégal qui me paraît comme étant un document fondamental, certainement le plus important qu’on ait mis en place depuis l’indépendance du Sénégal.

En 1789, la France a produit ce qu’on appelait les états généraux avec la fameuse déclaration de 1789 qui a inspiré la déclaration universelle des droits de l’Homme. Cet acquis de la France est fondamental. L’opposition, la société civile et des franges importantes de ce pays ont conçu dans une procédure remarquable ce je que j’appellerai aujourd’hui – toutes proportions gardées – l’œuvre qui équivaut à une certaine manière à la production de 1789. Donc, avoir le privilège de participer à une compétition pour mettre en place les conclusions de ces Assises nationales, je ne le considère pas comme une aventure risquée. Si vous considérez qu’elle est risquée et dangereuse pour moi-même, je vous rappelle que depuis 2003 j’ai fait des choses qui étaient considérées comme dangereuses pour moi. Je n’ai pas compté parce que je les ai faites pour mon peuple. Voilà la raison pour laquelle je suis fier et content d’être dans cette aventure.

Donc, vous avez été stimulé par le rôle que vous avez joué dans ces Assises nationales ?

Disons que ma participation dans ces Assises nationales m’a permis d’envisager une réorientation de ma carrière. J’ai vécu des choses formidables dans ces Assises nationales. Je crois que les Sénégalais n’ont pas encore pris suffisamment conscience du travail qui a été fait pendant deux ans. Un travail remarquable, conçu d’une façon méthodique, j’allais même dire d’une façon scientifique. On ne l’a pas suffisamment diffusé jusqu’à présent. Les citoyens n’ont pas suffisamment compris les enjeux à travers ces Assises. Je me propose au cours de ma campagne de les faire connaître davantage et je me présente comme le candidat des Assises nationales. J’ai exercé pendant trente ans le métier de journaliste. Trente années au cours desquelles je crois avoir donné à mon peuple le meilleur de moi. Je crois également avoir prouvé dans ma profession que je n’étais pas le plus nul dans ce métier. Toute modestie gardée, j’ai fait des choses qui valent d’être reconnues dans mon pays comme vous le dites d’ailleurs. Le plus grand plaisir que j’éprouve quand je vois mes jeunes collègues, c’est le fait que certains d’entre eux me disent : ‘Vous êtes notre inspirateur, notre modèle’. Et cela est fantastique et formidable. Dans cette maison où je me trouve, je vois des gens qui parlent à la télé, à la radio et d’autres qui écrivent. Soit ils sont passés entre mes mains au Cesti ou à l’Issic ? Quelqu’un disait qu’on se prête parfois aux autres, mais on ne se donne pas à soi. Je me suis prêté aux autres et je me donne à moi maintenant, parce que j’ai vraiment envie de faire autre chose.

Que considérez-vous comme vos atouts et qui puissent amener les Sénégalais à voter pour vous ?

D’abord la procédure par laquelle j’ai été choisi. Je fais partie des rares candidats qui ont été choisis par une procédure novatrice et extrêmement démocratique. Cette procédure a été l’œuvre de partis politiques, d’organisations de la société civile et de personnalités indépendantes qui l’ont pensée, mûrie et proposée au peuple sénégalais. Je ne me considère pas comme un candidat exceptionnel par rapport aux autres, ce serait trop prétentieux de ma part. Mais je considère que j’ai été choisi par une procédure qui honore ceux qui l’ont mise en place et moi-même. Deuxième atout : Sans trop exagérer, j’ai quand même fait des choses dans ce pays. Je garde le calme et la sérénité par rapport à cela, je ne me gonfle pas la tête, mais tout de même depuis 2003, vous avez remarqué que le plus important dans ce pays, c’est de donner à l’opinion les instruments de compréhension du phénomène politique : Comment on est gouverné. Et modestement, à ma façon, j’y ai participé. Considérons quand même que je suis un candidat de la rupture par rapport à beaucoup de choses. Je suis neuf, j’ai des idées très claires parce qu’elles me sont inspirées par les Assises nationales.

En outre, j’ai longtemps travaillé pour comprendre mon pays, comprendre les phénomènes politiques, la nécessité qu’il y a aujourd’hui de faire une autre politique et de proposer aux Sénégalais une autre politique. C’est important. On a l’habitude de dire que le changement, c’est faire autrement. Il faut savoir distinguer les discours et l’acte. On ne peut pas juger des actes de ceux qui viendront demain, mais on peut apprécier ce qu’ils pourront faire demain à partir du passé qu’ils ont eu. Que ça soit Latif Coulibaly ou un autre : Si quelqu’un vient vous dire que : ‘Je ferais cela pour mon peuple’, vous êtes obligé de regarder son passé pour voir s’il l’a déjà fait. Est-ce qu’il a eu l’opportunité de le faire ? Est-ce qu’il l’a fait à la hauteur des ambitions et des attentes des Sénégalais? Cette réponse n’est pas évidente pour tout le monde. Du moins, si c’est dans le sens négatif. J’ai au moins l’avantage d’être quelqu’un de neuf qui propose une démarche novatrice inspirée par une doctrine extraordinaire.

Les Africains ont parfois l’ingéniosité d’organiser ce qu’on a appelé ailleurs les Conférences nationales qui sont devenues une catégorie à partir de laquelle on apprécie la politique africaine quand on juge les transitions. Mais ce que nous avons réussi, c’est plus que les résultats des Conférences nationales. Tout cela réuni, fait que je peux modestement dire que je suis candidat. Je n’aurais pas été candidat, je le précise tout de suite, si mes camarades n’avaient pas la générosité de me dire : ‘C’est toi qu’on choisit’ en mettant en place un comité de sélection totalement neutre. Parmi tous les membres du comité de sélection, à l’heure où je vous parle, seuls deux ont rejoint définitivement notre groupe. Convaincus par ce que nous faisons, ils sont venus après. Les treize autres sont partis ailleurs. Cela veut dire que nous avons choisi notre candidat en demandant à d’autres qui appartiennent à d’autres mouvances ou qui sont des personnalités indépendantes de venir faire la sélection. Mais, je propose surtout que la morale soit au cœur de l’action politique, qu’elle détermine nos actions, nos pratiques et nos comportements. Ce n’est pas évident. On dit souvent d’ailleurs, ce qui n’est pas exact, qu’on fait la politique sans morale. Je ne suis pas d’accord. On ne la fait pas toujours avec, mais on ne peut pas la faire sans morale et c’est extrêmement important pour moi.

‘Nous avons une candidature aussi valable que toutes les autres. Je ne vois pas pourquoi les autres à mi-chemin devraient dire ‘non je n’y suis pas’. En revanche, je ne serai pas absolu pour vous dire ici que jamais nous ne ferons d’alliance avec qui que ce soit’.

Pourquoi vous n’avez pas rejoint les candidats qui s’engagent à appliquer les Assises nationales ?

Pourquoi eux n’ont pas choisi de me rejoindre ?

Parce qu’ils ont été les premiers à s’être déclarés

Ce n’est pas parce qu’on est premier à se déclarer qu’on est premier en qualité. Ils sont les premiers à avoir déclaré leur candidature, mais ils ne sont pas nécessairement les premiers en qualité. Cela dit, ce que vous dites n’est pas impertinent parce que dans ma vie je n’ai jamais d’emblée exclu, parce qu’on ne peut pas être absolu en politique temps. Aujourd’hui je suis dans une trajectoire et je m’en tiens à ça. Si demain des circonstances particulières font qu’il faille retourner pour renforcer le camp du Bennoo que nous estimons être celui du camp victorieux, je n’hésiterai pas avec mes amis à dire : ‘Voilà on peut le faire.’ Mais je ne suis pas aujourd’hui dans cette perspective. Nous ne sommes pas non plus dans cette perspective-là. J’ai écrit un ouvrage en juin dernier où je parlais de la mystique du Bennoo et ce qui le menaçait : Les prétentions particulières, les ambitions démesurées de chacun de nous, mais il nous faut à un moment donné être raisonnable. C’est l’idéal d’avoir tous les gens du Bennoo dans son groupe.

J’ai cheminé avec eux depuis 2008. Depuis cette année, j’ai rencontré des gens formidables issus de tous les partis : Du Rnd, du Ps, de l’Afp, etc, avec qui on a travaillé avec la seule identité qui nous rassemblait et qui était la plus forte : c’est que nous travaillons pour notre pays. Personne n’est venu aux Assises nationales en disant : ‘Je travaille pour le Ps, pour l’Afp ou pour quelqu’un d’autre.’ C’est le Sénégal qui était au cœur de nos discussions, par conséquent, c’est le Sénégal qui est essentiel. Mais, aujourd’hui, au moment où nous parlons nous sommes dans une dynamique qui n’est malheureusement pas celle de rassembler tout le monde. Encore que c’est difficile d’avoir une unanimité en politique. Les divergences ne sont pas si mauvaises que ça. Nous nous battrons, nous espérons être au deuxième tour et si nous n’y sommes pas nous nous retrouverons avec celui qui me paraît être plus porteur des Assises nationales. Je peux le dire au nom de mes camarades parce qu’on a déjà discuté.

Etes-vous en train de nous dire que votre candidature est définitive ?

Je suis un homme de Dieu, un Etre profondément croyant. Je ne peux pas juger de l’avenir en ces termes aussi absolus. Par contre au moment où nous parlons, nous sommes dans une trajectoire et on n’en dévie pas. Nous avons une candidature aussi valable que toutes les autres. Je ne vois pas pourquoi les autres à mi-chemin devraient dire ‘non je n’y suis pas’. En revanche, je ne serai pas absolu pour vous dire ici que jamais nous ne ferons d’alliance avec qui que ce soit.

‘Les partis qui ont le plus influencé positivement le pays en termes d’idées et de construction, ce ne sont pas les partis numériquement importants, au contraire’.

Quels sont les partis qui vous soutiennent et que pèsent-ils sur le plan électoral ?

Qu’est-ce qu’ils pèsent ? Ce sont les partis qui ont organisé ma candidature et je ne les considère pas comme des soutiens, mais comme des partis avec lesquels nous travaillons pour un objectif. Donc, je ne pèse pas leur poids. Numériquement, on a l’habitude de peser les partis, c’est normal. C’est un critère d’appréciation, mais pour moi on ne pèse pas une idée en fonction de celui qui la porte. On la pèse en fonction de sa valeur intrinsèque et de sa capacité à transformer sa mise en action. Je considère que la plupart des partis qui me soutiennent n’ont jamais été à une élection ou si oui, ils n’ont pas occupé une place de choix dans le décompte des voix. Mais peu importe pour moi. Je vais vous dire une chose : J’ai observé pendant trente ans la vie politique nationale. J’ai vu des choses et je les ai analysées. Les partis qui ont le plus influencé positivement le pays en termes d’idées et de construction, ce ne sont pas les partis numériquement importants, au contraire.

Ces derniers, du point de vue de la réflexion et de la capacité de proposition, au moment où j’étais observateur, ne m’ont pas nécessairement impressionné. Ce qui s’est passé en 2000, ce n’est pas le fait de partis importants, mais de partis considérés comme moins importants. Mais ils ont su peser sur la balance par les idées qu’ils ont proposées, par la démarche novatrice qu’ils ont eue, au point où l’alternance est arrivée. S’il y a un parti qui m’a impressionné par ses propositions et que j’ai lu depuis 1988, c’est le Pit. Ils ont été pour beaucoup de choses qui se sont passées au Sénégal dans les années qui ont suivi 1988. Ils sont les premiers à avoir théorisé la majorité gouvernementale autour du président de la République. En 1988, ils étaient incompris, en 1991 le plus grand opposant s’est retrouvé dans cette idée. En 1993 la Ld a suivi. Cette théorie, ce n’est pas le fait du Pds, mais on la lui a pratiquement imposée. Donc pour revenir à votre question c’est moins la quantité des partis. Les émissions de Diné ak diamano et Grand jury pèsent plus dans l’opinion que parfois quarante partis politiques réunis. C’est ma conviction. Et sans aucune prétention de ma part, je ne crois pas que beaucoup de partis qui soutiennent aujourd’hui l’un des candidats que vous citez en vue aient produit plus de valeur du point de vue de l’avancée démocratique que je ne l’ai fait individuellement.

Cela veut-il dire que vous ne comptez sur aucun appareil en 2012 ?

Mais j’ai un appareil. Qui peut dire que Dialo Diop n’a pas un appareil politique ? Qui peut dire que Alioune Sall, un de nos partenaires qui dispose d’un monde fou n’a pas d’appareil politique ? Qui peut dire que Iman Mbaye Niang n’a pas une formation politique ? L’appareil, ça ne veut pas dire les gens que vous avez partout. Méfiez-vous des organisations apparentes qui font beaucoup de bruit à Dakar parce que les médias sont présents et les organisations bien que n’en faisant pas trop ont une structuration très maillée à l’intérieur du pays. Et puis au fond que signifie la représentativité dont on parle ? Il faut bien la questionner. Et si vous faites une analyse approfondie vous vous rendrez compte que la question de la représentativité est assez lâche du point de vue de son acception sur le terrain.

‘J’ai choisi d’être dans le bord de l’opposition et pour le progrès démocratique’.

Vous avez écrit des livres qui ont défrayé la chronique, ne donnez-vous pas raison à ceux qui ont toujours soutenu que vous meniez un combat purement politique ?

Mais j’ai toujours mené un combat politique. Apparemment les gens qui me font ce reproche ne comprennent pas notre mission nous les journalistes. Notre mission n’est pas de contempler le monde, mais le transformer. Les marxistes savent de quoi je parle. J’ai exercé un métier pour le mettre au service de mon pays et de mon peuple. Si ce travail a demandé de ma part que je sois un opposant de conscience, je n’ai jamais hésité à l’être. J’ai toujours dit que je suis un opposant, je ne suis pas un journaliste qui se contente de rapporter les choses. Je les rapporte et les commente. La seule obligation que je m’imposais comme journaliste, c’était de dire que je ne parlerai jamais sans des faits concrets à partir desquels je me prononce. J’ai eu des faits politiques, économiques, sociaux que j’ai rapportés et commentés. Maintenant, les gens qui me reprochaient un positionnement politique ne peuvent plus continuer à le faire. J’ai vu un homme politique qui a blanchi sous le harnais qui m’a dit une chose qui m’a sidéré la semaine dernière, lors de la manifestation du M23. Il m’a dit : ‘Bienvenu dans la fosse aux lions.’ J’ai rétorqué que je n’ai pas le sentiment d’aller dans la fosse aux lions. J’ai le sentiment de retrouver des gens normaux qui ont l’ambition de travailler pour leur pays. Par conséquent mon métier de journaliste n’est que le prolongement d’une autre étape dans ma carrière. Il n’y a pas de contradiction entre ce que je fais et ce que je dis. D’ailleurs, c’est dans notre pays que les journalistes disent souvent : ‘Moi je ne suis d’aucun bord.’ Mais quand vous grattez dans le fond, ils sont dans un bord. J’ai choisi d’être dans le bord de l’opposition et pour le progrès démocratique.

Qu’attendez-vous de vos confrères ? Une solidarité de corps ?

Pourquoi j’attendrais d’eux une solidarité de corps ? Je ne leur ai pas demandé la permission d’y aller, je ne vais pas leur dire d’être solidaires avec moi. J’aurai pu demander aux confrères de l’être si j’avais fait une réunion avec eux en leur disant : ‘Camarades j’y vais, soutenez-moi.’ Je suis tout à fait convaincu que mes confrères feront leur travail normalement en ne faisant pas de faveurs particulières à Latif Coulibaly, mais aussi en ne partant pas du principe ‘puisqu’il est journaliste on doit le combattre’, non. D’ailleurs, si un tel esprit vous animait, je ne serais pas là parce que vous avez une très bonne émission, car vous me permettez de m’adresser à mon peuple, je sais ce que vous représentez aujourd’hui. Si vous aviez l’esprit de dire que ‘c’est un journaliste, il est prétentieux’, je ne serais pas là. Heureusement que vous n’avez pas cet esprit. De la même manière, je ne demande pas aux confrères d’être indulgents à mon endroit, mais d’être critiques et objectifs envers moi. Si je dis des choses qui vont dans le sens des attentes du peuple, qu’on reconnaisse. Si je dis des choses inacceptables qu’on me critique. C’est celui qui me critique qui me sert, mais je me méfie des gens acquis parce qu’ils sont capables de vous gonfler la tête.

‘Nous avons un budget de 2 500 milliards de francs, si on avait rationalisé les dépense publiques ou pourrait atteindre 3 500 milliards. Donc 1 000 milliards de plus’

Vous avez beaucoup écrit et critiqué le régime en place, alors qu’est-ce qui pourrait changer dans le vécu des Sénégalais si Latif Coulibaly est élu président ?

C’est d’abord ma posture qui va changer et pour les Sénégalais ce qui va changer est essentiel. Il est essentiel pour moi de considérer que la politique est un sacerdoce. Je voudrais être un homme d’Etat et non un homme de pouvoir. Un homme d’Etat, c’est un homme de devoir et de mission. Nous avons eu souvent des hommes de pouvoir. Avons-nous suffisamment produit d’hommes d’Etat je n’en suis pas sûr sans aucune prétention. Un homme de pouvoir, c’est celui qui jouit, celui qui transforme son sacerdoce en une vulgaire sinécure : On jouit de son pouvoir et on oublie l’essentiel pour lequel on a été choisi par son peuple. Je ne veux pas être cet homme. Donc, ne serait-ce qu’en changeant la vison qu’on a du pouvoir on réussit un très grand changement. Le premier changement, c’est de les rassurer, leur faire comprendre que les deniers publics leur appartiennent. On ne pourra plus s’amuser avec les deniers publics. Il faut aussi rationaliser la dépense publique au point que la construction d’un hôpital pour les populations ne va plus durer dix ans. On a commencé à construire des hôpitaux à Fatick et Ziguinchor depuis 1998 et ils ne sont pas encore terminés parce que beaucoup d’argent a été mis ailleurs. Cela va changer. La conception de la dépense publique et la manière d’administrer les deniers ce pays vont changer.

Vous dites que ça n’a pas de conséquences sur le vécu des citoyens ? Si, ça a une conséquence majeure. Imaginez-vous ! D’après les calculs économiques qui ont été faits, la rationalisation de la dépense publique dans les pays en voie de développement pouvait grever le budget en termes d’apports financiers de l’ordre de 15 à 20 %. Nous avons un budget de 2 500 milliards de francs, si on avait rationalisé les dépense publiques ou pourrait atteindre 3 500 milliards : 1 000 milliards de plus. Et si je réussis à rationaliser au moins 10 % des dépenses plus cela va influer sur la demande sociale, parce que nous aurons les moyens de fournir de l’énergie aux Sénégalais en quantité et à temps sans pour autant aller emprunter de l’argent sur le marché financier international. Si vous rationalisez les dépenses publiques cela voudrait dire encore plus de médicaments dans les hôpitaux et de l’eau disponible. L’eau constitue un objectif majeur des Omd fixés par les Nations unies. Si vous donnez à 95 % de l’ eau potable, vous luttez contre les maladies diarrhéiques et contre toutes celles qui sont transmises par l’eau. En économisant l’argent public on est à mieux de construire des forages, d’amener l’eau potable là où elle n’existe pas. Voilà la première conséquence sur les citoyens sénégalais.

Selon vous l’argent public n’est pas bien dépensé sous le régime en place ?

Vous le savez plus que moi. Regardez toutes les lampes installées lors du sommet de l’Oci, pratiquement aucune ne fonctionne aujourd’hui. En l’espace de trois ans, 2008-2011, toutes les lumières sur la Vdn ne s’éclairent pas ce soir. Pourtant c’est une dépense énorme qui a été utilisée. Normalement l’amortissement aurait dû durer cinq, six ou sept ans, mais il n’a pas duré trois ans. Où sont toutes les lampes de signalisation qui ont été disposées sur les voies ? Elles ont disparu. Allez sur la corniche, vous verrez étaler les palmiers qui ont coûté deux millions de francs Cfa l’unité, multipliez par mille palmiers cela vous 2 milliards de francs. 80 % de ces palmiers ont été perdus. Quel a été le sens de cette dépense publique ? C’est là le débat. Au sens giratoire du petit rond-point à hauteur de la mosquée de la Divinité, il y avait un petit monticule de terrain qui avait été dressé par un artiste ça a coûté au trésor cinquante-six millions de francs Cfa. Il a disparu. Il est tombé. Il a été cogné par un petit véhicule de moins de trois tonnes. Le drame du pays, c’est d’abord ça. (A suivre)

Réalisé par Georges Nesta DIOP, Pierre Edouard FAYE(Walf Tv), Charles Gaïcky DIENE

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