Iran-États-Unis : jusqu’où iront les deux meilleurs ennemis ?

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Washington et Téhéran n’ont pas chômé à Noël. À peine la nouvelle année a-t-elle commencé que se profile déjà la menace d’un conflit entre les deux meilleurs ennemis de la planète. Centre névralgique de cette nouvelle crise, le détroit d’Ormuz, dans le golfe Persique, par lequel transite 40 % du trafic maritime pétrolier mondial. En réponse aux menaces américaines d’interdire les exportations de pétrole d’Iran, Téhéran a testé deux missiles de croisière « ultramodernes », lundi, au dernier jour d’une série de manoeuvres navales dans la région du détroit, que la République islamique affirme être en mesure de fermer en cas de sanctions.

« Un embargo américain sur les exportations de pétrole iranien est assimilable à un blocus et, de fait, serait une mesure de guerre », explique François Géré*, directeur de l’Institut français d’analyse stratégique (Ifas). « Néanmoins, ajoute le chercheur, la phase actuelle d’escalade entre les deux pays demeure en grande partie verbale et pourrait, au pire, prendre la dimension d’une confrontation militaire limitée, comme lors de la guerre des tankers. » En 1984, en pleine guerre Iran-Irak, les deux pays tentent de s’empêcher mutuellement d’exporter du pétrole en s’attaquant à leurs navires. En réponse, les États-Unis, qui soutiennent à l’époque Saddam Hussein, décident d’escorter les navires koweïtiens transportant du brut irakien. Mais les Iraniens ne mettront jamais à exécution leur menace de fermer le détroit d’Ormuz en représailles. Le conflit endommagera 546 pétroliers et fera plus de 430 victimes.

« Escarmouches navales »

Pour François Géré, ce possible conflit ne dépassera pas le stade d' »escarmouches sérieuses à caractère naval » ne touchant pas le territoire iranien, aucun des deux camps n’ayant intérêt à s’engager dans une guerre. En effet, un blocage du détroit d’Ormuz pourrait provoquer une flambée des prix du brut, mais pénaliserait également les exportations iraniennes en gênant les tankers iraniens. Une guerre limitée pourrait en revanche s’avérer bénéfique pour les deux camps. Côté iranien, présenter de nouveau le « grand Satan » comme l’agresseur pour remobiliser une population échaudée par le pouvoir sans partage des mollahs, mais qui reste nationaliste. Côté américain, afficher face à la République islamique la fermeté d’Obama afin de séduire les républicains ainsi qu’une fraction importante des démocrates, soutiens indéfectibles d’Israël.

Mais à la différence de la guerre des tankers, cette nouvelle crise s’additionne à une autre – celle du nucléaire iranien – encore plus sensible pour l’ensemble de la communauté internationale. Épinglé en novembre par l’Agence internationale de l’énergie atomique, et sous la menace permanente d’une attaque israélienne sur ses installations, l’Iran a annoncé en grande pompe dimanche avoir fait un pas supplémentaire dans son programme nucléaire avec la fabrication de ses premières barres de combustible pour ses réacteurs. Ainsi, selon Washington et Tel-Aviv, il ne faudrait plus à Téhéran qu’une petite année pour enrichir de l’uranium à 90 %, seuil autorisant l’accès à la qualité militaire.

Guerre de la rhétorique

Pour l’heure, afin d’inciter l’Iran à abandonner son programme nucléaire, le président américain Barack Obama a promulgué, samedi, une loi de financement du Pentagone gelant les avoirs de toute institution financière étrangère qui commercerait avec la Banque centrale iranienne dans le secteur du pétrole. Conséquence immédiate, la monnaie iranienne, le rial, a enregistré lundi une nouvelle baisse d’environ 6 %. Dès lors, si le programme nucléaire iranien est bel et bien à but strictement civil, comme Téhéran le répète à tue-tête depuis dix ans, pourquoi provoquer la communauté internationale en joignant déclarations-chocs sur ses avancées militaires et progrès nucléaires ? Pour François Géré, l’annonce iranienne, qui n’est « pas extraordinairement nouvelle », s’inscrit dans la « rhétorique classique » de Téhéran, qui multiplie depuis six ans les découvertes sensationnelles en la matière. Pourtant, note le chercheur français, les missiles testés sont incapables de contenir une charge nucléaire, quelle qu’elle soit.

Ne faisant pas le poids face à l’armada militaire américaine, la République islamique souhaiterait montrer aux Américains que, en cas de confrontation, elle pourrait prendre d’autres mesures de représailles. En invoquant la clause de la menace militaire extérieure, Téhéran pourrait en effet décider de sortir du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Aucun cadre légal ne l’empêcherait alors d’enrichir de l’uranium de 90 % dans un but strictement militaire.

avec lepoint.fr

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