« Je joue en NBA. Je suis noir. Et je suis homosexuel »

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Joueur de NBA, Jason Collins est le premier sportif américain en activité à faire son coming out. Le magazine « Sports Illustrated » lui consacre sa une.

Jason Collins avec les New Jersey Nets en juin 2003. Don Emmert/AFP

C’est un coming-out malheureusement historique. Jason Collins, pivot jouant en NBA depuis 2001 — il a atteint deux fois la finale –, est le premier athlète à assumer ouvertement son homosexualité dans un sport majeur aux Etats-Unis.

L’événement est suffisamment important pour que « Sports Illustrated », le grand magazine de sport américain, en fasse sa une sous le titre : « The Gay Athlete ». C’est à travers un long verbatim que Jason Collins, joueur des Washington Wizards, révèle son homosexualité. Extraits :

« Je suis un pivot de 34 ans jouant en NBA. Je suis noir. Et je suis homosexuel.

Je n’avais pas prévu d’être le premier athlète ouvertement homosexuel jouant dans un sport collectif majeur aux Etats-Unis. Mais puisque c’est le cas, je suis ravi d’en discuter. J’aurais aimé ne pas être le gamin qui lève sa main en classe et dit : « Je suis différent. »

J’aimerais que tout le monde l’ait déjà fait. Ce n’est pas le cas, et c’est pour ça que je lève la main. […]

« Je croyais devoir vivre d’une certaine façon »

Pourquoi maintenant ? Eh bien, j’ai commencé à y penser en 2011 pendant le « lock-out » NBA. Je suis un homme de routines. Quand la saison régulière s’achève, je me consacre à la préparation de la saison suivante. […]

Quand j’étais jeune, je sortais avec des filles. J’ai même été fiancé. Je croyais devoir vivre d’une certaine façon. Je croyais que je devais me marier avec une femme et avoir des enfants avec elle. Je n’arrêtais pas de me dire que le ciel était rouge alors que je savais qu’il était bleu.

J’ai réalisé que je devais sortir du placard quand Joe Kennedy, un camarade de classe à Stanford désormais élu du Massachusetts, m’a dit qu’il venait de participer à la « gay pride » de Boston en 2012. Je suis rarement jaloux, mais entendre ce que Joe avait fait m’a fait envie.

J’étais fier qu’il ait participé mais en colère de voir que je ne pouvais même pas accompagner mon ami hétéro, en tant qu’homo encore au placard. Si on m’avait posé la question, j’aurais dû répondre à côté. Quelle honte de devoir mentir à une fête de la fierté… Je veux bien agir et ne plus me cacher. Je veux défiler pour la tolérance, l’acceptation et la compréhension. Je veux me lever et dire : « Moi aussi ». […]

« Je vais à l’encontre du stéréotype gay : je suis un joueur agressif »

Je n’ai peur d’aucun adversaire. J’adore jouer contre les meilleurs. Bien que Shaquille O’Neal soit au Hall of Fame, je ne me suis jamais défilé au moment de tout faire pour l’empêcher de jouer (Note pour le Shaq : quand je simule, ça n’a rien à voir avec mon homosexualité).

J’ai mon protège-dents et mes poignets bandés. Allez-y, frappez-moi — je me relèverai. J’ai horreur de dire ça, je n’en suis pas fier, mais une fois j’ai fait une faute tellement violente que le joueur a dû quitter le terrain sur une civière.

Je vais à l’encontre du stéréotype gay, c’est pourquoi je pense que beaucoup de joueurs seront choqués : ce type-là est gay ? Mais j’ai toujours été un joueur agressif, même au lycée.

Est-ce que je suis à ce point physique pour prouver que ce n’est pas parce qu’on est homo qu’on est mou ? Qui sait ? C’est aux psys de le dire. Ma motivation, comme mes performances, ne se voient pas dans la feuille de match, et franchement je me fous des stats. Gagner, c’est tout ce qui compte. Je veux être jugé comme un joueur d’équipe.

La loyauté à mon équipe est la vraie raison pour laquelle je n’ai pas fait mon coming-out plus tôt. Quand j’ai signé un contrat de « free agent » avec Boston en juillet dernier, je me suis engagé envers les Celtics et je ne voulais pas que ma vie privée me distraye.

Quand j’ai été transféré aux Wizards, la signification politique du coming out est devenue claire. J’étais prêt à parler à la presse, mais je voulais attendre la fin de la saison.

« Je prouverai que les joueurs homosexuels ne sont pas différents »

On m’a demandé comment les autres joueurs réagiraient à mon annonce. Je n’en ai aucune idée. Je suis pragmatique. J’espère le mieux possible, mais je me prépare au pire. La plus grande inquiétude [en NBA] semble être que les joueurs homosexuels se conduiraient de manière peu professionnelle dans les vestiaires.

Croyez-moi, j’ai pris un paquet de douches en douze saisons. Mon comportement n’était pas un problème auparavant et ça ne va pas le devenir. Je ne changerai pas d’attitude. Je continuerai de respecter la devise « Ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire ». Je suis un modèle de discrétion.

Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai jamais révélé mon homosexualité à quiconque en NBA. J’ignore ce que les autres joueurs disent de moi. […] En ce qui concerne la réaction des supporters, peu importe s’ils me sifflent. On m’a déjà hué. Parfois, j’ai même eu envie de me huer moi-même. Mais bien des mauvaises pensées peuvent se guérir dans la victoire.

Je suis un vétéran et j’ai gagné le droit d’être écouté. Je montrerai la voie par l’exemple et je prouverai que les joueurs homosexuels ne sont pas différents des joueurs hétérosexuels. Je ne suis pas le plus expansif des joueurs, mais je dirai quand quelque chose ne va pas. Et j’essaierai de faire rire tout le monde. »

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