Je ne suis pas Charlie par Pathe Gueye

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«Il est aisé d’allumer un incendie, mais non d’éteindre celui-ci»
Proverbe allemand ; Proverbes et dictons allemands (1822)

D’entrée de jeu, je déclare sans aucune hésitation que je ne suis pas CHARLIE pour la bonne et simple raison que mon cœur vibre depuis de longues années pour RESPECT. Je me sens également lésé pour ne pas m’identifier à ce journal de provocation qui se dit IRRESPONSSABLE et surtout historiquement ancrer dans des polémiques par rapport à sa ligne éditoriale et son fonctionnement interne. Verser dans l’injure pour des logiques marchandes afin de régler des difficultés financièrement pour un Journal en crise, ne se justifie pas. Qu’on me comprenne bien! Je joins et ce, par principe, ma voix à celles de la gang des attristés de ce «chaos français». Je condamne vigoureusement la violence sous toutes ses formes, les morts de femmes et d’hommes de tous bords regrettables, ainsi que la passion psychotique socialement acceptable dans laquelle se confond le monde entier depuis le «massacre de CHARLIE» et autres. Personne n’a le droit de tirer un malin plaisir ou une brindille de satisfaction de la perte si horrible de vies humaines!

Or, ces pensées à l’endroit des familles des victimes ne doivent en aucune façon nous empêcher de nous arracher du désastre pour y avoir un regard critique. Autrement dit le sentiment de compassion doit forcément être suivi d’un questionnement soutenu portant essentiellement sur la cause principielle de ce carnage. Il faut se le dire sans détour! La provocation a défié les limites du possible. Le caractère sacré de l’être humain a été bafoué et violé. Des drapeaux sont en berne partout. L’hypocrisie, même inconsciente, est entrain de faire des amis et de faire pleurer même ceux qui n’en ont pas envie. Un grand malaise pollue l’atmosphère avec le déplacement inopportun à Paris de dirigeants de pays, certains aux mains lourdement tâchées de sang. Le discours politique, jaillissant sous le coup de la trouille et de l’incompréhension, est empreint d’orgueil et de fierté nationaux. La communication constructive entre les citoyens fait défaut. Le France toute entière coqueline ses peines avec des foules immenses qui décorent partout les rues. Les casernes militaires sont vidées. Et là, il faut se demander si vraiment l’humour en vaut la chandelle. A-t-on bien cerné, dans une société aussi multiculturelle que la France si paradoxale dans ses prises de position officielle par rapport aux nombreux coups portés à l’étendue de la fameuse liberté d’expression , la place et la fonction de l’humour pour en arriver à cette terreur si médiatisée? Bien que les bourreaux et les victimes ne soient plus de ce monde, il est nécessaire de situer les responsabilités et prendre des actes idoines pour éviter la reproduction du drame, restent une urgence qui interpelle toute personne éprise de paix et d’harmonie sociale. Par contre, la tournure que prennent les événements me tourmente et me conforte dans mon idée que la France est emportée par l’émotion pour ne pas comprendre le sens et la portée de la foudre qui s’est abattue sur elle. Dire autrement, en lieu et place d’un débat de fond sur les vraies raisons, on assiste malheureusement à la manifestation d’un sentiment de fierté à la française qui s’exprime ainsi : « on va résister», «on ne va pas négocier avec des terroristes», «on défendra la liberté d’expression et la démocratie», « la France est un peuple fort et uni», «on va défendre nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité», « les terroristes n’ont pas attaqué la France mais toute l’Europe», etc. Y-a quoi à faire plaisir ou à donner satisfaction aux «terroristes» ou aux «fanatiques islamistes» en interdisant fermement des caricatures stupides et intitules de prophètes par un organe de presse?

Je reprends ici les propos soutenus dans un de mes précédents textes. J’accorde avec RESPECT le plein droit à qui veut la liberté de croire ou de ne pas croire, d’avoir ou non sa propre opinion sur n’importe quel sujet. Je suis conscient de vivre dans une société sécularisée, désenchantée où l’athée, anticléricale et à tendance libertaire y trouve aisément sa place. Ce sont, entre autres, des droits et des libertés conférés à l’individu que ma conscience ainsi que mon éducation ne sauraient remettre en question. Or, cette liberté de s’exprimer qui appartient à tous (croyants comme non-croyants) ne devrait pas être assimilée à la liberté sélective d’insulter ou de dire délibérément n’importe quoi sur la croyance des autres a fortiori en France, eu égard aux valeurs communes auxquelles elle s’agrippe. Le bon sens nous impose naturellement, de dépasser pour toujours «ce mythe stérile qu’est la liberté absolue» pour se ressaisir en se laissant guider par RESPECT. Car, comme le souligne Sir John Herschel : «Le RESPECT de soi est la pierre angulaire de toutes les vertus». Le RESPECT est une valeur plus profonde que la simple politesse, car il est débarrassé de toute hypocrisie. Dans le fond c’est ce qui a toujours manqué!

Pourtant, l’ISLAM tête de fil des religions abrahamiques satirisées en Occident, est une religion de paix et de miséricorde. Elle porte et véhicule des valeurs morales, politiques et sociales que sont, entre autres: la foi, la sagesse, la sérénité, l’humilité, le pardon, le respect de soi, de ses parents et de son prochain, l’honnêteté, la dignité, la piété, la générosité, la justice, la patience, la tolérance, la charité, la solidarité. Par conséquent, il ne saurait y avoir aucune autre prétention de suprématie, de sectarisme, de racisme ou de tuerie gratuite en Islam. À cet effet, le Coran nous rappelle : « Ô hommes! Nous vous avons créées d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand Connaisseur» (Coran, 49,13).

Son prophète,  Muhammad(PSL), lumière sublime de bonté et de miséricorde, a mené une existence édifiante, profonde et lumineuse, conforme à ce verset du Coran «Nous ne t’avons envoyé Ô Muhammed que comme une miséricorde pour les mondes » (Coran, 21,107). Durant toute sa vie, il n’a jamais cessé d’enseigner la vérité, le savoir et la justice qui restent les trois piliers fondamentaux qui ont donné un cachet intemporel à sa mission. Il demeurait proche de ses semblables, intensément spirituel et profondément humain. Comme tel, il représente la quintessence de l’existence pour chaque musulmane et musulman. Car, il est connu de tous que «la vie de Muhammad (psl) exige donc davantage que notre seule faculté de mémoire… elle nous oblige à convoquer notre intelligence, notre cœur, notre conscience, notre amour. Au reflet de notre compréhension, elle dit quelque chose sur l’état de notre spiritualité, sur le chemin qui nous mène à l’Unique. Oublier le Prophète, le Messager, c’est éloigner son cœur et sa conscience du Très-Doux, du Très-Miséricordieux. Il n’est pas un intermédiaire … Il est un guide, un exemple pour mieux vivre et comprendre la profonde exigence de l’immédiateté. Un homme, « un être humain », qui nous enseigne à cheminer vers le Créateur des mondes et de l’humanité».

Paradoxalement et à juste titre son caractère rayonnant a été magnifié par de grands ennemis, des savants occidentaux et des personnalités historiques. J’en relève quelques en guise d’exemples.

D’abord, parlant du prophète Muhammad, le célèbre dramaturge et critique irlandais, George Bernard Shaw, soutenait : «Je voulais mieux connaître la vie de celui qui, aujourd’hui détient indiscutablement les cœurs de millions d’êtres humains ; je suis, désormais, plus que jamais convaincu que ce n’était pas l’épée qui créait une place pour l’Islam dans le cœur de ceux qui cherchaient une direction à leur vie. C’était cette grande humilité, cet altruisme du Prophète, l’égard scrupuleux envers ses engagements, sa dévotion intense à ses amis et adeptes, son intrépidité, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission. Ces faits, et non l’épée, lui amenèrent tant de succès et lui permirent de surmonter les problèmes (…). Je le crois que si un homme comme lui devait assumer la dictature du monde moderne, il réussirait à trouver des solutions aux problèmes tout en apportant la paix et le bien-être tant désirés. L’Europe commence à être séduite par les principes de Muhammad. Dans le siècle à venir, elle pourrait aller jusqu’à la reconnaissance de l’utilité de ces principes pour régler ses problèmes».

Ensuite, quant à Alphonse de Lamartine, poète et homme politique français, il le décrit mieux que quiconque. Ébloui par l’étendue des réalisations et par les méthodes et les stratégies utilisées, il se demandait: « si la noblesse des intentions, la petitesse des moyens et la grandeur des résultats sont les trois critères du génie humain, qui oserait comparer n’importe quel grand homme de l’histoire moderne à Muhammad?».

Enfin, on entendait également Mahatma Gandhi avancer sur le Prophète de l’Islam ces propos : « Je deviens plus convaincu que jamais que ce n’était pas par l’épée que l’Islam s’est fait sa place à l’époque. C’était la profonde simplicité, l’auto-effacement prononcé du Prophète, la scrupuleuse application des engagements, son intense dévotion envers ses amis et fidèles, ainsi que son intrépidité, son courage et sa confiance absolue en Dieu et en sa mission. C’est grâce à tout cela, et non à cause de l’épée, que tous les obstacles ont pu être surmontés».

En fin de compte, voici le Prophète qui est caricaturé, offensé, à tort et à travers, par le Journal Charlie Hebdo sous le couvert d’un abus délibéré d’une liberté d’expression et une liberté de la presse totalement incomprises. Pour autant, «un vieux assis voit plus loin qu’un jeune debout»  Il appert que l’ancien président Jacques Chirac avait lancé en 2006 un appel aux journaux (France soir et Charlie Hebdo)  ayant repris les caricatures à faire preuve de «plus de responsabilité et de respect envers les sentiments religieux». Et si on l’avait écouté…!                                                                                                      

                                                                         Pathé Guèye

                                                                                 Montréal, le 12 janvier 2015

 

7 Commentaires

  1. Dieudonné a écrit sur son mur Facebook: « Je suis Charlie Coulibaly ». Il est arrêté et mis en garde à vue.

    Un autre, à Strasbourg, a écrit sur son mur Facebook: « Bons baisers de Syrie. Bye bye Charlie ». Il a été arrêté et mis en garde à vue. Liberté d’expression, ils disent. Mais liberté d’expression pour qui ? Dieudonné a caricaturé les morts de Charlie. C’est tout. Mais il y a une dictature qui ne s’avoue pas comme telle qui sévit en France.

    Reprenons l’histoire. Avant de s’appeler Charlie Hebdo, le journal s’appelait Hara Kiri. Hara Kiri a été fermé par le pouvoir français pour avoir caricaturé la mort de Charles de Gaulle. La première partie du nom même « Charlie » fait reférence à Charles de Gaulle dont la caricature de la mort leur a valu la fermeture, selon l’un des tués de l’attentat, à savoir Wolinsky. Pour leur défense, après avoir caricaturé Charles de Gaulle, les journalistes de Hara Kiri d’alors, Charlie Hebdo d’aujourd’hui, ont expliqué que par cette caricature ils ont voulu choquer pour attirer l’attention sur un drame (plus de 100 morts lors d’un bal) que les médias oublient alors que toute la France s’était mobilisée lors de la mort de Charles. Grande mobilisation sur un mort, silence totale sur plus de 100 morts. C’était leur explication.

    Prenons la même logique et appliquons la à ce qu’a écrit Dieudonné et ceux qui sont diabolisés.

    La vérité coule de source. Il y a la liberté d’expression tant qu’il s’agit de blasphémer et diaboliser la foi des musulmans. Mais pas de liberté d’expression s’il s’agit de toucher à ce qui est sacré pour les juifs et le pouvoir français.

  2. je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie

    vraiment toubab yi ay domérame lagnou lignou beugeu gueum lo mo amoul liberté, liberté ,liberté ba takh niouy caricaturé notre prophète l’homme qui est au dessus de tout le monde c’est inadmissible. je suis aussi dessus pour nos imbéciles de chefs d’États qui sont à Paris pour les soutenir. ils sont vraiment des incapables, des salauds. les musulmans aussi me déçoivent bcp, personne ne dénonce cette attitude. Si c’était un marabout ils seraient mm prêts a y laisser leur vie si c’est le prophète personne ne réagit. je suis vraiment content de cette attaque je remercie du fond du cœur les auteurs. les victimes, qu’ils aillent en enfer, qu’ils demeurent là bas pour l’éternité. l’islam ci kaw ca kanam kou bagne diné l’islam sa tounou ndaye sa bo yéwo, les ennemis de l’islam yalla na yalla wathié mbouguel ci sen kaw l’islam

  3. l’islam en avant kouy nonou l’islam yalla na nga dé dème safara deuk fa pour toujours, sa bounou yaye ak sa papa. un grand mercie pour les auteurs. les victimes k dieu le tout puissant miséricordieux les accueille dans son enfer éternel et que la terre leur soit lourde, de mm k tous les toubabs

    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie
    je ne suis pas Charlie

  4. je ne suis pas charlie
    je ne serais jamais charlie
    quand le vice veut se substituer à la vertu, le message ne peut etre qu’hypocrite. au nom de quelle liberté se donne t-on le droit d’offenser la foi des autres. Honte à l’occident, prise en flagrant délit de contradiction. heureusement, les auteurs des attaques, sont français, ils sont nés en france, y ont grandis, ils y sont morts. le mal, si mal il y a, est à chercher en france, dans la société française, dans la politique française; et nulle part ailleurs. L’indifférence de l’occident face aux milliers de morts au Nigéria et en palestine (ne dire le moindre)n’a d’égal que ses vociférations assourdissantes face à la mort de 13 français (+04 juifs).Il me revient de vous rappeler l’adage qui dit que: « les memes causes produisent les memes effets » et qu' »il n’y a jamais d’effets sans causes ». Un français averti en vaut …plusieurs! A beau entendeur salut!

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