Journalisme dévoyé ( Par Lamine Niang)

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Le droit à l’information suppose qu’une  information digne de ce nom soit disponible et il a comme contrepartie le devoir de lucidité critique des citoyens.

MANON BONER-GAILLARD

 

Crédibilité

Le dictionnaire Le Nouveau Petit Robert donne la définition suivante de la crédibilité : «Ce qui fait qu’une personne, une chose mérite d’être crue.» Appliquée à une personne, on peut postuler que la crédibilité se construit dans le temps et s’illustre à travers une posture singulière entrainant l’unanimité du jugement positif des autres personnes sur la base de critères objectifs.

Lorsque l’objectivité du journaliste, censée informer juste et vraie, se mesure à l’aune des relations harmonieuses ou conflictuelles qu’il entretient avec les personnes citées dans ses écrits ou dans ses analyses médiatiques, alors il y a lieu de ne point accorder une grande crédibilité sur ce qu’on lit ou entend.

Lorsque la ligne éditoriale d’un journal et le ton de voix d’un journaliste sont conditionnés par les pressions reçues ou par les privilèges négociés auprès   d’un pouvoir en place, alors il y a également lieu de douter considérablement de la véracité des informations reçues. Celles-ci peuvent être tronquées et biaisés dans le simple but de plaire ou de nuire.

Lorsqu’un journaliste de profession clame haut et fort ses accointances avec des hommes de pouvoir et qu’il en arrive même à s’exhiber fièrement avec eux, alors la courtisanerie prend inévitablement la place de la critique objective et distanciée. Car la vérité s’accommode mal des relations d’affaires et d’intérêts.

Dans un tel contexte, lorsqu’une information vous parvient, le contenu du message est digne d’intérêt, mais le rapporteur du message l’est encore plus. Si la crédibilité de ce dernier est entachée, ses informations livrées comme des «scoops» ou des «bombes» sont alors à prendre par des pincettes.

 

Méfiance

Voilà sept années maintenant que les Sénégalais observent le parti pris manifeste et l’orientation partisane de certains quotidiens majeurs du paysage médiatique sénégalais. Que   s’est-il réellement passé entre le règne d’Abdoulaye Wade et celui de Macky Sall pour que l’omerta sur certains sujets sensibles et le traitement tendancieux de l’information deviennent la règle dans les salles de nouvelles? Combien de scandales financiers (COUD, Poste, PRODAC, etc.) se sont retrouvés sur la table du procureur et qu’on a réussi à étouffer, avec la complicité de la presse, par des stratégies de diversion massive et d’occultation volontaire du réel?

Ils étaient pourtant légion sous Wade à se distinguer très positivement par le surnom de journalistes sérieux, neutres et objectifs? Leurs paroles faisaient écho et leurs analyses très attendues. Vous les reconnaitrez très facilement. Ils nous tympanisaient les oreilles et inondaient nos yeux.

Depuis 2019, par des chroniques aseptisées et des éditoriaux teintés de compromission, ils ferment volontairement et subtilement les yeux sur tout ce qui semble noircir le mandat du pouvoir en place. Les dérives autocratiques. La mal gouvernance systémique. La catastrophe économique.

Si la bienveillance à l’endroit de leur bienfaiteur a bien fonctionné pendant ces sept dernières années, l’autre versant de la stratégie propagandiste sera la diabolisation de l’opposition politique.

 

Propagande

À quelques semaines de l’élection présidentielle, voilà que Madiambal Diagne se réveille subitement de son mutisme partisan, alimenté par ses analyses orientées les lundis, pour nous sortir un semblant de lièvre de son chapeau et mettant en cause Ousmane Sonko, l’un des plus farouches opposants du régime de Macky Sall et son éventuel challenger en casde deuxième tour.

Le moment choisi dans le contexte préélectoral et les plateaux ciblés pour livrer son message ne sont pas anodins.

En effet, le parrainage, vendu à la base pour rationaliser la pléthore de partis politiques, s’est retrouvé finalement comme une stratégie savamment orchestrée d’ostracisme politique et de fausseté du jeu démocratique.

L’objectif de restreindre drastiquement les adversaires devant affronter le candidat Macky Sall ainsi atteint, la prochaine étape des artisans de la mascarade électorale sera de charcuter à nouveau dans le short list des candidats de l’opposition.

Karim Wade et Khalifa Sall boutés hors de la course par le truchement des subterfuges juridiques, il ne reste alors qu’Ousmane Sonko, crédité d’un bon score par toutes les firmes de sondage, pour finaliser le plan de crime parfait du passage forcé au premier tour.

Puisque les menaces et les intimidations seront mal perçues à quelques semaines de l’élection, il faut alors le retrouver sur son terrain de prédilection afin de lui nuire et anéantir toutes ses chances de passer au second tour : l’accuser des maux qu’il tente de soigner et qui tournent essentiellement autour de la probité morale et de la bonne gestion de nos ressources financières. Pour ce faire, il faut recourir d’abord aux services de journalistes célèbres, à la plume corruptible et à la voix faussement objective afin de donner l’impression d’objectivité sur les allégations qui seront fabriquées.

De Madiambal Diagne à Cheikh Yerim Seck, en passant par Oumou Wane et tous les autres journalistes en embuscade dans l’attente du bon moment pour tirer, ces chasseurs de prime sont en mission commandée pour soutenir leur chef dans ses diaboliques manœuvres. Leur neutralité n’est que de façade. Que leur mine finement soignée pour mieux vendre leurs salades ne vous impressionnent guère!

D’un journaliste, de surcroit patron de presse, qui ose publiquement défier un politicien dans des termes menaçants «bakk na njaak», on ne devrait rien attendre de moins qu’un règlement de comptes médiatique basé sur le traitement tendancieux et préfabriqué de l’information.

 

Lamine Niang

15 Commentaires

  1. Où est ce que madiambal diagne a trouvé ses milliards pour construire un building de 12 étages aux almadies…………certes dans sa langue mielleuse envers le pouvoir et celle véninmeuse envers l’opposition………et voillà le sénégal du menteur macky sall.

  2. Brillant article. De maniere intelligente, cet article depoussiere subtilement la lancinante question autour d’une certaine deontologie.

    La belle ironie est que cet article est publie le meme jour et dans la meme sequence que celui du meticuleux compatriote Ndiaga Diouf qui justement posait une question aussi pertinente que « Journalisme, c’est devenu quoi ce boulot au Senegal? ».
    Venant d’un membre valable de cette corporation d’elite, on peut aisement mesurer l’urgence qu’il y a a remettre de l’ordre.
    Notre reve et souhait demeure de voir les meilleurs d’entre nous, chacun dans son domaine de competence et ses talents intrinseques, aider a faire avancer les sujets utiles tout en organisant la mise en quarantaine de tous les « intrus ».

    Il y a trop de poubelles qui empechent la bonne circulation des idees propres!

    Lire Lamine Niang est un plaisir, pour etre bref! Bravo compatriote. Le talent ne s’improvise pas.

  3. L’équidistance ,sauf en science pure, est un idéal ,elle n’existe pas,tout comme l’objectivité.
    La presse sénégalaise a hérité d’une tradition d’anarcho-journalisme,anti-Etat.Le mal ne peuvant venir que des gouvernants, Sa démarche est similaire à celle de l’ivrogne qui s’obstine à chercher sa clef sous le lambadaire sous pretexte que c’est le seul endroit éclairé de la rue.
    Hitler s’est faufilé entre le laxisme et la complaisance de la société allemande pour s’emparer du pouvoir.
    Tous ceux ont des points de vue autres que ceux défendus par les tenants de l’anarcho- journalistes ont le droit de s’exprimer s’ils en ont le courage,
    le terrorisme intellectuel ambiant pouvant les en dissuader.

  4. Madiambal et Cheikh Yirim sont les seuls journalistes ou patron de presse qui n ont aucun chiffre d affaire significatif dérivant de leurs activités professionnelles et qui vivent dans le luxe

  5. Excellente contribution Mr Niang! J’aurai souhaité que ce message soit “inoculé “ dans la tête de bon nombre de nos concitoyens qui malheureusement sont des adeptes des rumeurs et du laxisme

  6. Épargne-nous ton baratin insipide Lamine Niang, mais aussi de ton indignation tres sélective ! Aucun mot sur les « journalistes de l’opposition » qui défendent du matin au soir les Idy, Sonko, Karim ! Tu diras que tu n’étais pas au courant mais qui se ressemblent…
    Concernant ton candidat bien aimé Sonko Fusilleur, c’est une diversion que vous de Pasteef essayez de créér pour détourner les Sénégalais du scandale ATLAS-MERCALEX révélé justement par Madiambal Diagne, documents, dates et chiffres à l’appui qui mouillent gravement Sonko Fusilleur jusqu’au cou ! Cette affaire Tullow Oil ne nous intéresse pas ! La vraie affaire sur laquelle le peuple attend toujours des explications claires et nettes de Sonko Fusilleur Mr 12%, c’est sa quote-part sur les 94 milliards. Tout le reste c’est de la diversion comme tu le fais L. Niang ! Et n’envoyez pas cette fois de seconds couteaux bêtes et enfantins…

  7. Merci cher Lamine de cette brillante analyse.La vérité est que Sonko est en train de faire face à un régime aux abois,un régime de corruption qui n’a comme arme que la manipulation et les manœuvres sachant qu’il n’a aucune réponse aux vrais problèmes des Sénégalais;un régime qui a érigé le mensonge,le reniement et les contre -valeurs en mode de gouvernance;un régime à la tête duquel se trouve un homme pour qui la fin justifie tous les moyens même les plus immoraux, un homme pour qui niakka am 2e mandat dè saxa ka gueun.On Comprend alors que la situation est très favorable aux chasseurs de primes qui n’ont ni vertu ni foi, qui n’ont même pas d’âme à vendre au diable parce qu’ils sont le diable lui meme.Madiambal Diagne et Cheikh Yerim seck ont montré aux Sénégalais depuis très longtemps ce dont ils sont capables.Senegaleyi nawlo wounou l’énergie sax

  8. Il est difficile de trouver une organe de presse crédible au Sénégal on recrute les patrons de presse parceque son bilan est mauvais faut faire du tintamarre.

  9. Faut pas mélanger les choses! Un chroniqueur, surtout celui d’opinion, n’est pas tenu d’etre objectif. Il donne une opinion subjective des faits tout en tentant d’être rigoureux, voire convaincant. Le qualificatif « objectif » a quitté les salles de rédaction depuis très longtemps.
    Et Pape Alé Niang et ses pairs qui ne manquent aucun moment pour encenser Sonko, dans quelle catégorie le rangeriez-vous? Je suis avec Sonko, mais veillons à ce que la défense de ce dernier ne constitue des œillères à notre analyse. Je me fous de Cheikh Yérim, autant que de Madiambal, mais gardons-nous de leur faire des jugements de valeur et la morale pour plaire à Sonko.

  10. Faut pas mélanger les choses! Un chroniqueur, surtout celui d’opinion, n’est pas tenu d’etre objectif. Il donne une opinion subjective des faits tout en tentant d’être rigoureux, voire convaincant. Le qualificatif « objectif » a quitté les salles de rédaction depuis très longtemps.
    Et Pape Alé Niang et ses pairs qui ne manquent aucun moment pour encenser Sonko ou lui dérouler lr tapis, dans quelle catégorie le rangeriez-vous? Je suis avec Sonko, mais veillons à ce que la défense de ce dernier ne constitue des œillères à notre analyse. Je me fous de Cheikh Yérim, autant que de Madiambal, mais gardons-nous de leur faire des jugements de valeur et la morale pour plaire.

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