Journee Mondiale De Lutte Contre L’abus Et Le Trafic De Drogue : Quels Defis Pour L’afrique De L’ouest ?

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Dans un contexte sous régional marqué par une foultitude de crises, l’Afrique de l’ouest est en proie à la menace non négligeable de la criminalité organisée et le trafic de drogue, dont leur impact sur la paix et la sécurité sur cette partie du continent suscite de véritables préoccupations au sein des Nations Unies, de la CEDEAO et des organisme de lutte contre la drogue.
A l’occasion de la journée internationale contre l’abus et le trafic de drogue, une tentative d’analyse de l’exploitation, du trafic et de la consommation de la drogue permet de dresser un tableau sombre qui interpelle l’ensemble des pays de la sous-région.
En effet, le trafic de stupéfiants constitue une grave menace à la fois sur la sécurité en Afrique de l’ouest et l’Etat de droit.
Menace pour la paix et la sécurité :
Vaste continuum regroupant les Etats faisant partie des plus faibles du monde, selon les critères du CAD, l’Afrique de l’ouest est devenue depuis plus d’une décennie une des plaques tournantes de la drogue les plus importantes. Cela est favorisé principalement par la géographie et le sous-développement. Située à mi-chemin entre l’Amérique Latine (zone de production) et l’Europe (zone de consommation), l’Afrique de l’ouest est un choix privilégié des trafiquants de drogue. A cela il faut ajouter la porosité des frontières et la faiblesse des Etats à asseoir un contrôle technique effectif sur leur territoire. Face à cette situation, des voies de communications clandestines se développement échappant ainsi au contrôle des forces de sécurité aux moyen et capacité techniques limités. Dans ces conditions, l’ouest africain devient un terreau fertile pour les trafiquants de faire transiter en toute tranquillité, des stupéfiants en tout genre.
Par ailleurs, il est beaucoup plus à craindre le développement de groupes djihadistes et leur implication dans les trafics d’armes, de drogues et blanchiment d’argent devenues monnaie courante. Il est établi que des liens croissants se tissent entre les mouvances terroristes, les narcotrafiquants d’Amérique Latine et leur relais africains. Ce trafic est une source importante de financement pour ces groupes.
De plus, on note une tendance d’hybridation de ces groupes djihadistes tels que AQMI et Boko Haram qui, en sus d’imposer la sharia, entreprennent des activités de criminalité telles que le kidnapping, le trafic d’arme et le blanchiment. Cela donne de fortes possibilités d’enrichissement des groupes armés, et donc par ricochet, leur force de frappe, grâce à la vente de larges éventails de produits stupéfiants. Ainsi, le trafic de drogue devient de plus en plus croissant et entend faire de l’Afrique de l’ouest, si l’on y prend garde, la Colombie africaine où des actes de violence deviennent courants.
S’il est évident que la menace sur la paix et la sécurité du trafic de stupéfiants relève d’un secret de polichinelle, celle qu’elle fait peser sur la démocratie et l’Etat de droit est toute aussi inquiétante.
Le trafic de stupéfiant, une menace pour la démocratie et l’Etat de droit :
Il est noté que le trafic de drogues en Afrique de l’ouest n’est pas exclusivement l’objet de groupes terroristes et de narcotrafiquants. L’implication croissante de dirigeants étatiques et de personnalités très hauts placées dans les services de sécurité est notée. En effet, les narcotrafiquants investissent de sommes colossales pour s’offrir le contrôle de l’Etat et de ses dirigeants. Dans une étude réalisée par l’US Army War College Strategic Stadies Institutes, l’implication des élites politiques et sécuritaire n’est plus à démonter et constitue à coup sûr, une grave menace pour la démocratie et la gouvernance dans l’Afrique de l’Ouest. Selon toujours la même étude, cette implication tacite ou active, affecte l’Etat en tant qu’« entité indépendante qui doit veiller à l’Etat de droit ». Bien plus grave encore, un climat d’impunité s’instaure au sein de l’appareil judicaire miné par la corruption des narcotrafiquants, et sape par la même occasion l’Etat de droit et démocratique.
Les exemples où des leaders politiques ou élites militaires sont impliqués tacitement ou activement dans activités de trafic de drogue ne manquent pas et font le lot de l’actualité tous les jours. Au Sénégal, police nationale la police nationale aurait été mêlée dans plusieurs affaires de trafic de drogue. Ce fut le cas en Guinée où le fils de l’ancien président Conté, Ousmane Conté était réputé un grand trafiquant de stupéfiant et exerçait impunément, des liens étroits avec des narcotrafiquants internationaux. C’est aussi le même son de cloche que l’on retrouve en Guinée Bissau où la faiblesse de l’Etat, compte tenu des cycles de crises ayant minés le pays, donne une belle opportunité aux narcotrafiquants de corrompre certaines personnalités très haut placées. L’arrestation en avril 2013 du vice-amiral de la Marine de la Guinée Bissau José Américo Bubo Na Tchuto, par le l’agence américaine Drug Enforcement Administration est un exemple patent de l’implication de hauts gradés des services de sécurité dans le trafic de drogue.
Par ailleurs, les narcotrafiquants développement un réseau de corruption jusqu’au sommet le plus haut de la sphère politique et judiciaire et exercent une main mise sur l’activité politique dans certains Etats. Ainsi, les interactions entre le monde politique, de la drogue et judiciaire engendrent de fâcheuses conséquences et portent un coup fatal à la démocratie, à la gouvernance et l’Etat de droit. En ce sens, Antonio Maria Costa, l’ancien Directeur exécutif de l’ONUDC déclare : « Les cartels de la drogue, en Afrique de l’Ouest, achètent plus que des biens immobiliers, des banques et des entreprises ; ils achètent des élections, des candidats et des partis. En un mot, ils achètent le pouvoir ».
Dès lors, le trafic de drogue et l’implication des officiers étatiques et des services de sécurité constituent une réelle menace susceptible d’affecter et la gouvernance et la démocratie. Ainsi, une lutte plus accrue et efficace devient une nécessité absolue pour éviter que la sous-région devienne une Colombie africaine où insécurité, pauvreté et trafic de drogue font le courant de l’actualité. Pour ce faire, l’application des dispositifs de veille et de lutte de la CEDEAO et du Conseil de Sécurité des Nations à travers l’UNUDC constitue une étape significative dans la perspective de lutte.
De plus, le renforcement des capacités et moyens techniques des forces de défenses et de sécurité permettrait un contrôle effectif et efficace des frontières terrestres, aériennes et maritimes très prisées par les narcotrafiquants.
En définitive, la lutte contre la pauvreté et le sous-développement constitue l’étape première dans la dynamique de lutte et de prévention du trafic et de la consommation de drogue en Afrique de l’Ouest.

Mamadou GUEYE
Etudiant en droit à la FSJP/UCAD/Membre de la Jeune Chambre Internationale OLM Dakar-Alliance
Email : [email protected]
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