Khadim DIOP, ministre de la restructuration et de l’aménagement des zones d’inondation : « Le gouvernement travaille à une bonne prévention des inondations avant les prochaines pluies »

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Lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, le ministre de la Restructuration et de l’Aménagement des zones d’inondation, Khadim Diop, a présenté un document d’orientation stratégique de son département. Que renferme ce document ? Quelle est la stratégie de lutte du gouvernement contre les inondations, à quelques mois de l’hivernage ? Dans cet entretien, le ministre dont, la mission englobe un volet prévention des inondations, restructuration et relogement des sinistrés, donne des réponses.

Les populations déplorent le fait que l’Etat attend toujours que les pluies soient là pour agir. Est-ce que tout a été mis en œuvre pour que ce qui s’est passé ne se reproduise plus ?
«Les Sénégalais peuvent apprécier ce que nous avons fait depuis notre arrivée. Le ministère a été créé le 30 octobre 2012. On devait être à 9 mois de l’hivernage. A l’heure où je vous parle, presque tous les projets qui ont été identifiés et élaborés ont fait l’objet d’appel d’offres. Les dossiers sont en cours de traitement et les projets seront incessamment lancés. Par contre, j’insiste pour dire que tout ne peut pas être fait avant l’hivernage. Ce n’est pas possible. Cinq mois sous séparent des premières pluies. Pour Dakar, c’est pour juillet ou août. Les Sénégalais doivent comprendre que, depuis la fin de l’hivernage dernier, et après le Conseil présidentiel, le gouvernement travaille dans l’optique d’une bonne prévention des inondations avant les prochaines pluies.»

Les inondations ne concernent pas seulement Dakar. Comment votre ministère compte-t-il gérer la situation dans les régions ?
«Il y a un programme pour les régions. A Saint-Louis, par exemple, nous sommes en train de voir avec Onu-Habitat, en partenariat avec le maire de la ville, les possibilités qui existent sur place. Le même procédé est en cours à Kaolack, Joal, Thiès, etc. pour voir les logements nécessaires à construire. Je rappelle simplement que les inondations n’appellent pas toujours un besoin de relogement. Il y a des zones où il suffit juste de faire un travail de drainage des eaux, la construction d’ouvrages, de bassins pour contrecarrer le problème. Notre programme est global. Dans sa phase d’urgence (moyen et long terme), toutes les régions sont logées à la même enseigne. En revanche, nous allons prioriser les actions à mener en fonction de l’acuité avec laquelle les problèmes se présenteront.»

Dans le communiqué du  Conseil des ministres de jeudi dernier,  le chef de l’Etat vous a félicité pour le travail accompli. Dites-nous ce que vous avez fait et qui vous ont valu les félicitations ?
«Le président de la République s’exprimait à la suite de la présentation du document d’orientation stratégique du ministère. C’est un document préparé avec l’ensemble de nos équipes techniques. Il dégage nos missions et définit une orientation stratégique dans le court, moyen et long terme. Comme tout le monde le sait, la création du ministère découle de la volonté du président de la République d’opérer une rupture par rapport à ce qui a été fait jusqu’ici. De bonnes choses ont été faites, mais la situation reste en l’état, le problème des inondations reste crucial. Le président Macky Sall a décidé de lancer un programme décennal (2012-2022) de gestion des inondations dont la phase d’urgence 2012-2013 a été adoptée lors du Conseil présidentiel du 19 septembre 2012. Je rappelle que le ministère a été créé à la suite de ce Conseil. Un ministère qui n’est pas un acte de plus, mais un moyen d’assurer la coordination des différentes actions menées pour venir à bout des inondations. La mission englobe donc un volet prévention, restructuration et relogement.»

Comment ce document a-t-il  été élaboré ?
«En réalité, ce document est un état des lieux global de la situation des inondations au Sénégal. Ce préalable nous a permis de voir qu’à la base, il y a un problème d’urbanisation mal maîtrisée qui a donné les résultats que nous avons aujourd’hui, avec un nombre important d’habitats spontanés dans nos villes. 25% sur l’ensemble du pays et 40% à Dakar. Les solutions préconisées jusqu’ici n’ont pas réglé le problème. Nous avons, beaucoup de zones inondées, d’autres où le pompage se fait 12 mois sur 12. Il est clair, dans l’esprit du président Macky Sall, qu’il faut prendre à bras le corps le problème en mettant en place des ouvrages durables. Il tient particulièrement à ce que tout ce qui sera fait désormais soit efficace. Les actions doivent donc être opérationnelles en termes de coût et dans les délais. C’est partant de cette volonté politique clairement affirmée que le ministère a élaboré ce document d’orientation qui s’attaque aux urgences, mais qui, véritablement, vise le long terme. Les objectifs stratégiques du plan décennal tournent autour de trois axes : une meilleure connaissance des zones d’inondation, le relogement des sinistrés et une restructuration en vue d’une requalification des zones identifiées et de leur aménagement.»

Vous venez de présenter un ambitieux programme pour les inondations. Mais, en attendant, comment la gestion de la phase d’urgence se fera t-elle sur le terrain ?
«Dans la phase d’urgence, il y a des points critiques qu’il faut identifier et sur lesquels il faut agir. Un recensement est en cours dans la banlieue. Nos équipes sont sur le terrain et nous pensons que ce recensement sera terminé avant la fin de ce mois de février. Il faudra, par la suite, reloger les personnes situées dans ces zones dites critiques. Pour cela, le président s’est engagé à construire 2000 logements. Les procédures sont en cours. Nous procédons actuellement à la sélection des entreprises pour que cette promesse du chef de l’Etat soit tenue avant l’hivernage. Quant à la restructuration qui doit se faire sur la base d’études bien menées, elle est inscrite dans le moyen et le long terme. Le président a toujours insisté sur le caractère urgent de la situation. Il rappelle que c’est un engagement que nous devons tenir. Et nous sentons son soutien à tout instant. J’inscris les félicitations dont vous venez de faire cas dans une logique de nous encourager à aller encore plus vite. Mon équipe et moi donnons le maximum de force pour réaliser cette promesse du chef de l’Etat.»

Lors de votre passage à l’Assemblée nationale, vous avez évoqué la construction, en 2013, de 891 logements. Ce programme a-t-il démarré ?
«Je précise qu’il ne s’agit pas de logements prévus. C’est un reliquat du programme de logement du plan « Jaxaay ». Il devait avoir sur ce site 3000 logements. A notre arrivée au pouvoir, précisément 2104 logements ont fini d’être construits. Et à la date d’hier, (Ndlr : jeudi, l’entretien s’est déroulé vendredi) 57 nouveaux logements ont été réceptionnés. A l’heure actuelle, des appels d’offres ont été lancés et les procédures sont en cours pour l’attribution de 272 logements à construire. Je signale qu’il y a des logements en construction. Il existe quelques difficultés avec les entrepreneurs qui avaient gagné le marché. Mon équipe est en train de chercher les raisons de ces difficultés. Je dois même dire que ce sont des lenteurs notées dans la construction des logements. Sur ce point, nous attendons aussi le rapport de l’Inspection générale d’Etat qui a travaillé dans le projet de construction de logements sociaux et de lutte contre les bidonvilles, projet à la base de « Jaxaay », pour le traiter. Je rappelle simplement que nous avons soumis la liste des entreprises avec lesquelles nous sommes en contentieux pour non respect du rythme d’exécution des travaux. Nous échangeons régulièrement avec la Dcmp (Direction centrale des marchés publics : ndlr). Je rassure que tout se fera dans les règles de l’art. Et si nous devons arriver à des résiliations de contrat, on le fera sans hésiter. A ce moment, nous attribuerons le reliquat de ces logements à construire à des entreprises qui montrent de réelles capacités et un engagement ferme à les réaliser dans les délais.»

Où en êtes-vous avec l’audit du plan Jaxaay  ?
«Les termes ont leur sens. Effectivement, une inspection de ce plan est en cours. L’Ige est sur le terrain. La mission avance convenablement. Nous pensons que, très bientôt, nous aurons le rapport qui sera transmis à qui de droit. Les décisions qui s’imposent seront prises en ce moment là.»

Le plan d’urgence 2012-2013 concerne 2000 logements dont 1000 à Dakar et 1000 dans les régions. Avez-vous identifié les sites devant abriter ces maisons ?
«L’une de mes premières actions à la tête de ce ministère était d’organiser une tournée dans la banlieue dakaroise et dans les régions. J’ai visité les sites initialement retenus pour reloger les sinistrés. On est d’accord que les sites doivent obéir à certaines normes. Il y a un volet technique avec le Cadastre et les Impôts et Domaines. Mais, nous nous sommes rendu compte que  viabiliser les sites et construire demande énormément de temps. Et on risque de ne pas tenir la promesse du chef de l’Etat dans les délais. C’est ainsi que sur instruction du président Sall, nous avons entamé une procédure pour chercher les promoteurs qui disposent des assiettes foncières viabilisées ou viabilisables dans le très court terme. Fort heureusement, à la suite du lancement d’une manifestation d’intérêt, il y a eu des promoteurs qui nous ont présenté des assiettes nous permettant de construire les 2000 logements.»

Le régime précédent, pour restructurer les habitats spontanés, avait mis en place la Fondation Droit à la ville. Quelle place occupera cette Fondation dans votre dispositif ?
«C’est une question à la fois pertinente et intéressante. La Fondation Droit à la ville est une structure qui dépend du ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. Mais, comme je l’ai dit, le rôle de notre ministère est de coordonner le programme global de gestion des inondations. Cela implique une mission de mise en synergie et de cohérence des politiques. Il y a des tâches qui rentrent dans le cadre de la lutte contre les inondations, mais dont les instruments se trouvent dans un autre département ministériel. Je donne l’exemple de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) logé au ministère de l’Hydraulique. Nous allons signer une convention de maître d’œuvre avec cette structure pour exécuter certains travaux. L’Onas exécute une tâche qui rentre dans le cadre de la lutte contre les inondations, qui est notre mission. Donc, la mise en synergie des actions est fondamentale. Et pour reparler de la Fondation Droit à la ville, nous allons voir, dans le cadre de la restructuration, comment mutualiser nos actions. Elle est identifiée comme étant la structure la plus apte à réaliser des activités dans le cadre de la restructuration. Comme nous l’avons fait avec le ministère de l’Hydraulique, à travers l’Onas, nous entamerons des discussions avec le ministère de l’Urbanisme, de sorte que la Fondation nous aide dans notre tâche. Je note aussi que ce ministère a une mission globale de restructuration.»

Des fonds avaient été mobilisés pour venir en aide aux populations sinistrées des inondations. Cet argent a-t-il atterri dans votre ministère ?
«Non ! Notre département travaille avec un budget de la République du Sénégal, voté à l’Assemblée nationale. Il est clair que l’ampleur du phénomène demande beaucoup de moyens. Et c’est pourquoi, nous sommes aussi à la recherche de financements. Cet argent dont vous faites allusion concerne plutôt le Plan Orsec qui dépend du ministère de l’Intérieur. Je tiens à rassurer que les moyens mis à notre disposition seront utilisés de manière rationnelle pour améliorer sensiblement les zones d’inondation avant l’hivernage prochain.»

Propos recueillis par Abdoulaye DIALLO – Photos : Sarakh DIOP

lesoleil.sn

2 Commentaires

  1. Nos encouragements à Mr LE Ministre
    Nous habitants des parcelles Aissanies de keur Massar avons ete inondone l’annee derniere a cause des travaux effectues sur l’aurotoute. Il nous faut juste des canalisations raccorde a ceux de l’autoroute pour nous eviter de maniere definitive les inondations de l’annee derniere.
    Le programme existe et La SNHLM devrait effectue ses travaux depuis.
    Mr Le ministere, ce canal permettra de barrer sur votre liste plus de 22 unites et les resources pourront etre oriente pour aider
    D’autre populations.

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