Khane Diouf, Saltigué de Diadiakh (FATICK): « Pour 2012, la clé de la paix est entre les mains des jeunes ! »

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 Elle défie les hommes lors des séances de divinations. Khane Diouf, la Saltigué de Diadiakh est l’une des figures emblématiques des « khoyes » (séances de divinations) à Fatick. Ses sorties lors des khoyes sont souvent très attendues par les populations. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la Saltigué du Sine revient sur les secrets de son art et prévient les jeunes contre la violence avant et pendant les élections. Pour elle, la clé de la stabilité sociale du Sénégal est entre les mains des jeunes.

 

Quel regard portez-vous sur la situation sociale du pays ? Le Sénégal n’est pas à l’abri de troubles. Des malheurs risquent encore de s’abattre sur le pays. Les gens doivent surveiller l’axe Dakar-Touba. J’ai vu de nombreux véhicules se diriger vers Touba pour y acheminer le corps d’une personnalité. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais les populations doivent faire des offrandes pour éviter ces malheurs.

Quelle sorte d’offrande doivent-ils faire ? Les gens doivent accepter de faire les sacrifices que les Saltigués recommandent. Ils attendent que des évènements malheureux se produisent pour agir. En 2002, j’avais prévenu le peuple entier sur une catastrophe qui devait arriver. J’avais demandé aux autorités d’immoler un bœuf noir en Casamance, à proximité de la mer. Rien n’a été fait. Quelques mois après, ma prédiction a eu lieu avec la catastrophe du Diola. Les Sénégalais doivent accepter de faire les prières qu’on leur recommande pour éviter des malheureux.

Des Sénégalais s’inquiètent de la situation du pays à l’approche des élections. Que leur conseillez-vous ? Je demande aux jeunes d’être prudents. La clé de la paix sociale est entre les mains des jeunes. Ils doivent se méfier de la violence d’ici les élections. Chaque jeune doit travailler pour la paix sinon, nous risquons d’avoir des lendemains très difficiles. J’ai peur qu’il ait violence dans ce pays pendant les élections. Le pouvoir doit aussi les écouter pour répondre positivement à leurs doléances. Les gens doivent prendre leurs précautions et prier. Que les jeunes œuvrent pour la paix. S’il y a violence, aucun Sénégalais ne sera épargné.

Qui est parti pour remporter l’élection présidentielle ? Pour le moment, je ne parle pas ça. Il faut d’abord que les gens réussissent à installer la paix dans la paix. Le pays a besoin de sacrifices et de prières pour être en paix.

Sur quoi fondez-vous vos prédictions ? J’ai hérité mon statut de saltigué. Je suis capable de lire le futur et faire des recommandations pour préserver la paix dans les villages. Ma puissance, je l’ai héritée de mes parents. Je suis originaire de Patar. J’ai mes parents à Ndiob et à Boff (Ndlr deux anciens village de la région de Fatick). Ces localités ont une puissance mystique considérable. Ils sont nés dans ça. J’ai rejoint Diadiakh après mon mariage.

Quand est ce que avez-vous commencé à participer aux khoyes ? Je suis saltigué à l’âge très jeune. J’ai hérité mes connaissances de mon père et de ma mère. Un Saltigué est celui qui lit quelque chose qui doit se produire. La puissance est héritée des grands-parents. Auparavant, dans les villages, les gens devenaient des saltigués parce que leurs parents l’étaient. Je n’ai pas usurpé mon statut. Mes parents étaient des saltigués. J’ai suivi leurs traces. Tout ce que mon grand père présidait se produisait.

Est-il difficile d’être femme Saltigué ? Non, ce n’est pas difficile. Je suis Saltigué, parce que j’ai tous les atouts pour l’être

Quels sont ces atouts ? Je sais prédire des choses qui doivent se passer au cours de l’année. Je ne fais jamais une fausse prédiction. J’ai la détermination pour affronter ce métier qui est dangereux.

Pourquoi est-ce un métier dangereux ? Tu es combattu par tout le monde. Les saltigués se combattent. Il faut être armé mystiquement et mentalement pour survivre. Je n’ai peur de rien. J’ai une mission à accomplir. Comme je n’ai pas usurpé mon statut, je n’ai peur de rien. Je ne crains que Dieu. J’affronte les hommes comme je veux. Je ne les crains pas. Au contraire, rares sont les hommes qui osent me défier.

Qu’est ce qui fait ta popularité ? Je suis populaire, parce que quand je prédis quelque chose, ça se produit. Dans le Sine, quand un saltigué fait une révélation de taille qui se produit après, il est connu et est adoré pour tout le monde. Les gens savent aussi que je suis courageuse. Et je n’ai peur de rien. Je ne crains que Dieu. J’ai hérité mon pouvoir mystique et je prie Dieu de me donner encore la force pour perpétuer l’héritage de mes parents. Je ne vois pas les évènements à venir au cours d’un rêve. Ma puissance me permet de voir les évènements à venir sans attendre la nuit. Tous mes anciens parents étaient des saltigués. Je participais à beaucoup de Khoyes dans le Sine. Je n’ai pas peur de me déplacer dans une autre localité.

Croyez-vous à la sorcellerie ? Oui, il arrive que les gens m’appellent pour secourir une personne atteinte par des sorciers. Quand je viens, je suis capable de dire qui est à l’origine de la maladie de la personne. Je prie pour guérir la personne. J’ai fait cela pendant plus de 20 ans. J’ai eu plusieurs succès. Ceux qui ne croient pas à la sorcellerie n’ont pas été victime d’une attaque d’un sorcier. La sorcellerie existe bel et bien. Nous avons vu des sorciers avouer leur forfait.

Propos recueillis par Samba NDIAYE

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