L’arène politique sénégalaise, par l’absence d’un arbitrage impartial incontestable, se transforme en un véritable « Lambi Golo » Par Madiaye Gaye

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L’arène politique sénégalaise, par l’absence d’un arbitrage impartial incontestable, se transforme en un véritable « Lambi Golo »

      Aucun Sénégalais honnête et de bonne foi, n’ose affirmer objectivement que le jeu politique dans notre pays, sous Abdoulaye Wade, se déroule correctement selon les règles démocratiques et dans le  respect des lois et règlements de la République. Il en est de même que pour le respect des devoirs et droits des citoyens.

La Fête de l’Aid-El-kébir a servi de tribune aux Imams, pour prêcher la paix et la non-violence. Et, certaines personnalités civiles et coutumières ont appelé aussi à la paix et à la non-violence dans notre pays, en direction de l’échéance prochaine de l’élection présidentielle de 2012. Dans le principe, c’est louable et, c’est même une bonne chose en soi. Mais cela est  superficiel dans la forme,  et inefficace dans la méthode, pour un pouvoir qui use de violence pour se maintenir en place.

Auparavant, on devrait avant toute chose, situer au préalable les responsabilités et le rôle des uns et des autres dans la situation grosse de danger qui prévaut dans le pays, à la veille de l’élection de 2012. Afin de pouvoir dire à chacun, de manière nette et claire, selon leurs prérogatives respectives, leur part de responsabilité dans ce qui se passe, ou qui adviendrait demain dans notre pays. Ainsi, au-delà des partis politiques qui concourent au suffrage universel des électeurs, -qui en dernier ressort, sont les seuls souverains, habilités à choisir démocratiquement et sans entrave, le jour du vote, ceux qui devraient diriger demain notre pays- ; il y a avant ce jour décisif, une période préélectorale en amont, sur laquelle un arbitrage impartial doit veiller en permanence pour l’application stricte et rigoureuse des lois et règlements relatifs au processus et code électoral, dans une parfaite neutralité entre les parties concurrentes. Il est établi et bien entendu que, dans la République, on ne reconnait pas de privilèges mais seulement des droits mérités et des devoirs attachés à la citoyenneté.

A cet effet, l’Administration générale, le Commandement territorial, les collectivités locales, les forces armées, la Gendarmerie, la Police, les Magistrats, les Juges constitutionnels et tous ceux qui assument des fonctions tirées de l’Etat, donc de la République doivent être à équidistance entre les citoyens et aussi les concurrents au suffrage universel. Malheureusement, tel n’est pas le cas à l’état actuel dans notre pays. C’est justement pourquoi, Il faudrait à ceux qui font ces appels dans le sens d’apaiser la tension explosible, qu’ils  aient beaucoup de courage pour dire à haute et intelligible voix à qui de droit, ce qui ne va pas dans le pays et non de l’effleurer, si nous voulons y remédier radicalement. Par cette voie, nous chassons dans le même temps  le démon de la violence. Nous sommes tous censés savoir et également conscients que la violence nait souvent à la suite de trop d’injustice longtemps contenue sans réparation, qui finit par déborder son vase.

L’égalité des chances, est un principe universel qui fonde de la république et met tous les citoyens sur le même pied. Elle interdit formellement, aux tenants du pouvoir qui concourent à des élections, de s’attribuer des privilèges du fait de leur position, qui les favoriseraient par rapport aux autres concurrents hors ou sans le pouvoir. Et c’est là, où devrait intervenir le rôle important des arbitres, et leur impartialité hors de tout soupçon, pour remettre les pendules à l’heure et veiller à ce que la loi ne soit violée par personne, fut-il le président de la République qui n’est pas plus qu’un citoyen candidat comme tous les autres. Alors, la violation des règles les plus élémentaires dans le processus électoral présentement, par les tenants du pouvoir, n’est plus un secret pour personne, elle se fait au vu et au su, de ceux qui doivent ou sont appelés à arbitrer, veiller, prévenir et juger les conflits, c’est même d’une flagrance qui crève les yeux. En fermant les yeux sur tous ces manquements en amont, ils mettent de fait, le cavalier et le cheval au même pied, ce qui est un déni. Appeler ensuite à la paix et à la non-violence en faisant fi totalement  de toutes ces violations impunies de la loi, c’est faire preuve de parti pris manifeste sans le dire. Comme le dit bien l’adage de chez nous : «Si la vérité ne sort pas de la bouche, c’est alors le mensonge qui en sort »

Si les règles de transparence, d’équité, d’égalité, de démocratie, de liberté, etc., ne sont pas observées par toutes les parties prenantes, cela voudrait dire : soit qu’il n’y a pas d’arbitres et de juges impartiaux du tout, et c’est alors la loi du plus fort –celle de la jungle- soit ils sont partisans d’un camp –celui du pouvoir- pour des raisons contraires à l’éthique, à la loi et à leur statut de neutralité.

Le maintien de l’ordre et de la sécurité publique revient parfaitement à l’Etat, qui est un appareil doté de tous les pouvoirs, au service de la République, donc de tous les citoyens sans exclusive et non, loin s’en faut, au service des seuls hommes du pouvoir en place. Dire autre chose que cela, c’est vouloir tenter d’incriminer le criminel et sa victime, en les condamnant tous, sur un pied d’égalité par la même peine. C’est actuellement ce qui semble se dessiner dans les déclarations et appels qui fusent de partout. Il est reconnu que l’Etat a le monopole de la violence légalisée, mais c’est bien entendu en vue de l’utiliser contre les malfaiteurs et bandits de grand chemin et non contre ses adversaires politiques ou des citoyens qui protestent et dénoncent des dérives du gouvernement et autres injustices. A l’heure où nous parlons, cette force publique dans sa totalité est quasiment au service exclusif du parti au pouvoir et de son camp, pour mâter ses adversaires politiques et tous ceux qui sont opposés à sa mal gouvernance faite d’une gestion catastrophique. Ceci est rendu possible, grâce à la complicité sans équivoque et non désintéressée, de  ceux-là qui sont chargés de veiller justement sur l’application de la loi et à l’arbitrage des conflits, pour éviter leur explosion.

Les discours de certains marabouts, dirigeants religieux et personnalités coutumières ou traditionnelles censés intervenir pour soi-disant, prévenir le danger  qui plane sur notre pays, sont en déphasage total avec la réalité qui prévaut dans le pays, par leur caractère flou –mi-figue mi-raisin-, ils ne traduisent nullement le sentiment des populations meurtries et le calvaire qu’elles vivent depuis l’alternance. Ainsi, au lieu de dire la vérité au pouvoir de Me Wade, en lui dictant de respecter la Loi fondamentale de la République et les libertés des citoyens, ils cherchent  plutôt à ménager le chou et la chèvre, ce qui participe de manière claire, à plus de confusion, par un langage artistique qui met tout le monde dans le même panier. Non loin de dire, que  tout le monde est responsable.

Si l’on veut réellement prévenir la violence et les troubles éventuels, pendant les futures consultations électorales,  il faudrait dire au pouvoir et à Me Wade que : Les Forces armées, la Gendarmerie, la Police, le Commandement territorial, les Collectivités locales, la CENA, les Magistrats, les Juges constitutionnels, etc., font partie intégrantes des institutions républicaines et constituent une composante de l’arbitrage du jeu politique. A ce titre, ils doivent demeurer  neutres face aux parties en compétitions, c’est cela leur rôle et l’attitude républicaine  et digne qui réponde à leur rang de fonctionnaires de l’Etat. Ils doivent être au service exclusif de la République tout entière et non à celui d’individus dont les intérêts sont  en porte-à-faux avec ceux du peuple sénégalais. Voilà comment nous pourrions avoir des élections apaisées qui se dérouleront dans la tranquillité et la transparence, par le respect strict  du jeu démocratique et de la loi en général, de tous les acteurs, sans exclusive. Et non quand le pouvoir arme jusqu’aux dents des nervis, des lutteurs en mal de combat juteux, incorpore des calots bleus dans les forces de polices, crée des milices privées, etc., au vu et su de tous, dont les autorités compétentes chargées de la sécurité publique. Parmi tous ces appels à la paix, rares ont été, ceux qui ont dénoncé dans le même temps, cet état de fait ou pratiques hors-la-loi. Il y a là, de l’hypocrisie évidente qui cache la vérité aux Sénégalais sur l’homme Abdoulaye Wade, pour des privilèges bassement matériels. En vérité, Me Wade et son pouvoir, n’ont fait rien d’autre, que de violer la loi, depuis leur installation  au pouvoir et de manière flagrante et indécente, comme le montre son refus de respecter la Constitution en voulant briguer un 3e mandat que la Constitution lui interdise formellement. Il en est de même du serment, cette formule lapidaire  qui est prononcée ou récitée à la prise de fonction comme président de la République : «  je jure de respecter et  de faire respecter la loi, d’observer et de faire observer la loi ………..» qui est devenue vide de sens parce que violée aussitôt après l’avoir prononcée. Par ailleurs le slogan : « force restera à la loi » s’entend d’abord, que ceux qui le disent  et chargés de le faire observer et  de l’appliquer, commencent par le respecter eux-mêmes. Et en aucune façon, le pouvoir ne devrait pas s’en servir comme bouclier, pour provoquer les citoyens qui n’épousent pas ses vues et ses adversaires politiques.

 

« Chacun son métier, Les vaches seront bien gardées. »

de Jean-Pierre Florian

 

 

Mandiaye Gaye

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